1- Tu veux jouer?

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Trop long. Le temps était décidément beaucoup trop long. Cela ne faisait que dix minutes que nous étions rentrés en cours d'histoire et pourtant j'avais l'impression que ça faisait une éternité. Ce n'était pas que je détestais particulièrement cette matière mais le programme n'était franchement pas intéressant, comme si ces ministres avaient voulu assommer tous les élèves de seconde... Peut-être était-ce le but.

Je jetai un coup d'œil vers ma meilleure amie. Elle prenait des notes, captivée. Julie avait toujours été passionnée par le passé des morts depuis que je la connaissais. Au début, j'avais trouvé ça un peu morbide et franchement étrange, puis je m'étais vite habituée. Après tout, chacun ses passions.

Cela dit, ce si fort intérêt pour l'histoire posait quand même quelques problèmes. Elle tenait absolument à se mettre devant, ce qui n'était pas mon cas, alors je me retrouvai reléguée au fond à côté de Frazer.

J'aimais bien Frazer. A vrai dire, je l'aimais beaucoup. Il était plutôt beau avec ses petites fossettes quand il souriait et ses cheveux bruns. Le hic, c'est que je n'étais pas le seul à le dire, et qu'il ne s'intéressait pas vraiment à moi. En fait, pas du tout même. On était à côté dans ce cours, je lui donnai mes feuilles de révisions, et c'était tout. J'étais trop timide et lui trop... tout. Trop bien, sûrement.

Je le regardai à la dérobé. Il faisait tourner son stylo entre ses doigts, complétement désintéressé de ce qui se passait devant lui. Soudain, il tourna la tête vers moi et planta ses yeux verts dans les miens. Je rougis ; j'avais dû le regarder trop longtemps. Il me fixa quelques secondes, me sourit, et pencha sa tête de l'autre côté de la table. Il fouilla quelques secondes et extirpa un objet avant de se retourner vers moi, l'air victorieux. Il tenait dans la main droite deux dés. Des dés ?

- Lucie ? Souffla-t-il, tu t'ennuies ?

- Quelle question, gloussai-je.

- Moi aussi, soupira-t-il. C'est vraiment trop nul. Dis-moi, tu veux faire un jeu ?

Je le regardai, perplexe.

- Quel genre de jeu ?

Il pointa les dés du doigt.

- Lance les deux. Si tu obtiens deux, tu me dois une barre chocolatée. Si tu obtiens trois ou quatre, c'est moi qui te doit une confiserie. Si tu fais cinq, tu fais toute seule le prochain exposé d'histoire. Si tu as six, sept ou huit, c'est moi qui le fait. Au passage, j'espère que tu ne feras pas ces trois derniers chiffres, car je ne pourrai rien promettre au niveau de la note...

Je ris. Il était givré.

- Si tu fais neuf, tu m'offres une place de cinéma. Si tu fais dix ou onze...

- C'est bon, j'ai compris ! C'est toi qui me l'offre !

- Bravo ! sourit-il.

Je l'observai plus attentivement. Il semblait totalement sérieux. Mais pourquoi voulait-il jouer avec moi, maintenant ?

- Alors, tu marches ? demanda-t-il.

- Et si je fais douze ?

Il me regarda, sourit et me fit un clin d'œil.

- Ah, si tu fais douze...


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