Lorsque la cloche annonçant la fin des cours retentit, j'entendis un hurlement général qui se propagea à travers tous le lycée, tel un virus du bonheur, si bien que mes amies et moi nous mîmes à crier à notre tour. C'était la fin d'une année scolaire riche en rencontre et en moment mais surtout le début d'un été prometteur pour la plupart d'entre nous. Rien de mieux que trois mois de vacances en plein soleil pour goûter au vrai plaisir de la vie.
Julie me serra dans ses bras et je fis de même. Elle allait me manquer durant toutes ces semaines. 90 jours loin d'elle. Loin de tout. Mais près de lui.
Je n'en avais parlé à personne, pas même à ma meilleure amie. Je ne savais pas trop comment lui annoncer. Peut-être le ferai-je ce soir, quand nous serions toutes les deux chez moi en train de regarder un film en tournant les pages d'un magasines relatant les faux pas de l'été et les bons plans.
Je jetai un coup d'œil à ma montrer. Dix-sept heures. Demain, à cette heure-ci, je serai dans l'avion pour la Croatie... C'était dément. Je n'arrivai toujours pas à y croire. C'était inquiétant aussi. Surtout que mise à part l'enveloppe, Frazer ne m'avait contacté d'aucune manière.
Je scrutai du regard la foule d'élève afin de le trouver. Il était là, son beau sourire toujours accroché à ses lèvres et rigolait avec Tatiana.
Eline dut suivre mon regard car elle demanda soudain :
- Alors, aucune nouvelle de l'inconnue que Frazer a invitée ?
- Tatiana, obviously, pesta Paula en coulant un regard dans leur direction.
- Je suis sûre que non, affirma Julie.
- Comment peux-tu en être si certaine ? ris-je
- Parce que Trevis est avec lui en sport et qu'ils en ont parlé tous les deux...
Je devins rouge tomate. Alors comme ça, ma meilleure amie savait depuis le début ?
- Mais il n'a pas voulu me donner de nom, se renfrogna-t-elle. Il parait juste que c'était... Inattendu.
Je me rendis compte que j'avais retenu ma respiration depuis tout ce temps et pu enfin souffler. Elle n'était au courant de rien, comme je l'avais prévu. Mais Trevis était au courant, parce que Frazer lui avait parlé. Il lui avait parlé de MOI. Rien qu'à cette pensée, mon cœur se mit à battre un peu plus fort. C'était débile, mais il me plaisait.
- C'est dommage qu'il ne se soit rien passé entre toi et Frazer, me dit Paula, l'air triste
- Oui c'est vrai, renchéris Eline, en plus c'est trop tard maintenant...
J'haussai les épaules. Trop tard pour reculer surtout...
J'attrapai mon sac, fermai pour la dernière fois mon casier et, accompagnée des autres, nous sortîmes de l'enceinte du lycée.
- Café du Lion ? Proposa Eline, tout sourire.
- J'approuve totalement ! s'écria Julie
- J'adhère, confirmai-je.
- En avant toute ! brailla Paula.
Le café du Lion était notre point de repère aux filles et moi. Situées à cinq minutes à pied du lycée, il n'était pas localisé dans la rue marchande et donc ne réunissait pas tous les gens « cools » du lycée. Aucun risque de tomber sur Tatiana ou Candice.
C'était notre endroit préféré et on l'avait découvert la première semaine de septembre, alors qu'on venait tout juste de se rencontrer. Par je ne sais trop quel moyen, on avait tout de suite qu'on serait les quatre inséparables, le quatuor, les quatre éléments, enfin bref. Dès qu'on avait quelque chose à se raconter, c'était ici, et il y avait une tradition à ne pas enfreindre : Pas de garçons mais pleins de boisson !
La cloche du café carillonna et nous entrâmes. La serveuse nous gratifia d'un petit hochement de tête, je lui rendis son sourire et nous allâmes nous installer à la table ronde située au fond à gauche de la boutique, près de la fenêtre. C'était le coin le plus cosy du café, et c'était surtout notre table. Pour notre cinquantième rendez-vous ici, on avait gravé nos quatre initiales sur un pied de la table. PLEJ.
Mais aujourd'hui, alors qu'on se dirigeait vers NOTRE table, je remarquai qu'il y avait déjà des gens assis sur les chaises. Ils avaient pris nos places. Pas possible. Nous nous approchâmes de plus près. C'était trois jeunes de notre âge.
Celui du milieu était drôlement beau. Insolemment beau. Il buvait sa boisson énergisante avec un dédain et une confiance en lui qui le rendait affolant. Ses doigts pianotaient sur la table tandis que ses cheveux blonds étaient ramenés en une mèche sur le côté gauche.
Aucune de nous quatre ne parla, comme si nous avions oublié pourquoi nous étions là. Les deux amis nous regardaient en esquissant un sourire. L'autre n'avait toujours pas levé les yeux.
- Eh, dis-je enfin, vous êtes à notre place.
- Votre place ? s'esclaffa le roux. C'est attitré maintenant ?
- Regarde le pied bouffon, y a nos initiales, rétorqua Paula.
Ils scrutèrent les quatre pieds avant de tomber sur ladite inscription.
- Super, commenta le brun.
- Bon, vous dégagez maintenant ? repris-je
- Femme à caractère je vois, se moqua le roux. Trouvez-vous une autre table, on est bien ici. Et ce café minable est vide, de toute façon.
On aurait très bien aller s'asseoir ailleurs, évidemment. Mais leur arrogance m'agaçait au plus haut point.
- Non. Vous bougez, dis-je fermement.
C'est à ce moment que le blond leva les yeux. Il les planta dans les miens et mon cœur rata un battement. Il avait quelque chose de déstabilisant. Il maintint le contact quelques secondes avant de se tourner vers ses potes.
- Ne faisons pas scandale, s'il vous plait.
Voix sexy, en plus.
- Il y a de la place pour nous tous. Elles n'ont qu'à s'asseoir avec nous.
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90 jours ensemble
Romansa""Lorsque Frazer m'a proposé de jouer, j'ai d'abord dit non. Comment pouvait-il croire que je l'accompagnerai en Croatie tout l'été, juste parce que les dés en avaient décidé ainsi? Puis oui. Parce que c'était fou, incroyable, irréel. Parce que ça...