30 - Bonjurno!

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Le lendemain matin, je me réveillai d'un bond, après une nuit de sommeil formidable, à l'image que de la soirée que nous avions passé la veille. Après avoir visité l'église, nous nous étions baladés puis nous étions allés sur la jetée où nous avions discuté jusqu'à tard le soir.

Quand j'arrivai sur la terrasse, les garçons étaient déjà levés, attablés au petit déjeuner.

- Déjà levé ? m'enquis-je. Il n'est que huit heures.

Frazer et Théo jetèrent un coup d'œil en direction de Julien.

- Il nous a réveillé à six heures et demi parce qu'il voulait qu'on aille courir avec lui.

- Ah, dis-je, surprise. Et vous y êtes allés ?

- Frazer et Julien oui, expliqua Théo. Moi, je suis resté avec toi et j'ai commandé le petit déjeuner.

- Quelle délicate attention, ironisa Frazer.

Toujours aussi impressionnant qu'hier, le buffet regorgeait de gâteaux appétissants dont on ne fit évidemment qu'une bouchée. Puis, comme le soleil commençait à monter dans le ciel, nous décidâmes de partir en direction de notre prochaine visite, la Villa Del Principe. C'était moi qui avait insisté auprès des garçons pour qu'on y aille, émerveillée par les photos que j'avais vu sur internet. En plus, tous les guides la conseillaient comme LE bâtiment historique à voir, cette villa regorgeant à la fois de richesses artistiques et historiques.

Les jardins furent à la hauteur de mes attentes. Du côté mer de la façade s'étendait un jardin à l'anglaise de style romantique tandis que des parvis et des fontaines se dressaient sur les autres côtés. Pendant que nous vagabondions dans les allées colorées, Théo traînait des pieds.

- Qu'est-ce que tu as ? Demandai-je, un peu énervée qu'il fasse la tête dans un endroit pareil.

- Rien, dit-il froidement. Je n'aime pas les jardins, c'est tout.

- D'accord.

Il se radoucit et m'attira contre lui.

- Mais pour toi, j'achèterai le parc de Versailles, les jardins de Babylone. Tout ce que tu voudrais.

- Oh, c'est mignon, souris-je en me glissant dans ses bras.

Frazer toussa légèrement.

- Si on veut avoir fini avant la nuit, on ferait mieux de s'activer, marmonna-t-il.

- Tu n'as pas tort, soulignai-je en me défaisant de l'étreinte de Théo.

Le tour des jardins terminés, nous rentrâmes à l'intérieur du palais. Si, à l'extérieur, le calme était à peu près présent, à l'intérieur c'était tout autre chose. Des troupeaux de touristes se pressaient contre des fresques ou des toiles réputées, se tirant presque les cheveux pour obtenir la meilleure photo, celle où il n'y aurait que huit têtes cachant l'œuvre d'art et non dix.

Nous nous dirigeâmes directement vers les appartements du roi et, tandis que nous passions de pièces en pièces, je m'imaginai ce que ça pouvait faire de vivre ici. Avait-il eu une vie heureuse ? Ou tout ce faste et cette démesure était-il venu le hanter et le tourmenter, ne lui donnant plus qu'un sentiment d'être disloqué entre pouvoir et richesse ?

Quant à la villa en général, à quoi servait-elle ? N'était-elle pas détournée de sa fonction générale, une maison conviviale pour tenir au chaud une famille, au profit d'un bâtiment reflétant luxe et pouvoir ? Les vastes couloirs emplis de peintures murales extraordinaires dans tous les sens du terme me rappelaient plus un musée qu'un foyer. Le prince se sentait-il chez lui dans cette maison tout à fait étrangère ?

90 jours ensembleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant