15 - Théo

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Comme il était déjà vingt-trois heures, je décidai de me coucher sans passer par le salon pour dire bonne nuit. Demain, nous serions lundi et les cours commenceraient. Ça m'inquiétait.

Mme Ponti avait prévu un emploi du temps qu'elle avait accroché sur la porte de ma chambre. Dessus était indiqué les horaires où nous devions avoir cours et les événements importants, comme l'anniversaire de Camille le 14 aout. Bien sûr, m'avait-elle dit, je devais me sentir d'écrire tout ce qui pourrait me passer par la tête.

Demain, la séance de rattrapage scolaire se tiendrait de huit à dix. Je jurais. Pourquoi si tôt ?

Je m'endormis assez rapidement et fut réveillée le lendemain matin par Frazer qui dansait dans ma chambre en criant des mots incompréhensibles et en tapant dans une casserole.

- Qu'est-ce que tu fous ? soupirai-je en détachant bien les syllabes.

- Je te réveille, sourit-il.

- Ça, j'avais cru comprendre, pestai-je, sarcastique. Je répète ma question : Qu'est-ce que tu fous ?

Il était torse nu avec des traits de peinture de partout sur son ventre.

- Je fais la danse du réveil. Tu ne connais pas ?

- Figure-toi que non.

- C'est bien dommage. Il faut que je t'initie.

Et il se remit à danser et à taper de façon tonitruante cette pauvre casserole tout en criant des : cocoricou et des : dodorinou pas du tout en cadence. Je ne pus m'empêcher de rire face à ce spectacle pour le moins... Comique.

- Quelle heure est-il ?

- Cinq heures du matin, répondit-il tout fière.

- J'espère que c'est encore une de tes autres blagues, maugréai-je, le défiant du regard.

- Pas du tout.

Il m'indiqua mon réveil. C'était bien cinq heures. Même mon téléphone le confirmait.

- Mais t'es malade ! m'écriai-je. Et tu vas réveiller tout le monde !

Il haussa les épaules.

- Mon père a mis le paquet sur l'insonorisation. Ça fait dix ans que je viens ici, voire peut-être plus. Je peux te jurer qu'ils n'entendent rien.

- Quand bien même, pourquoi tu me réveilles à cinq heures ? demandai-je. Et pourquoi tu as des peintures de guerres sur le torse ?

Il me fit un large sourire.

- Tu apprécies ? J'ai mis une heure à les faire ! Et je t'ai levé à cinq heures parce qu'on est le cinq juin aujourd'hui !

- Tu dois te ficher de moi ? C'est ça ton excuse ?

- Eh bien oui... Disons que c'était un bon prétexte pour voir ta tête quand je te lèverai à cinq heures du matin...

- Ma vengeance sera terrible, tu verras, le menaçais-je.

Il rit et marmonna qu'il n'attendait que ça. Je me roulai en boule sous les couvertures. J'avais encore sommeil.

- Non allez je rigole. C'est juste que le vol de Julien arrive à six heures trente à l'aéroport ! J'ai tellement hâte de le voir ! Habille-toi, on prend le taxi dans cinq minutes !

N'était-il pas un peu fou, ce garçon ?

Je m'habillai tout de même en grognant, curieuse de voir qui était Julien mais surtout ce fameux Théo. Je l'imaginais petit et chétif, avec des cheveux bruns marronnasses. Peut-être me trompai-je.

90 jours ensembleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant