28 - Depart

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Je ne dormis pas de la nuit, malgré mes quelques trois vaines tentatives de trouver le sommeil. Impossible de m'endormir en sachant que je me réveillerai trois heures plus tard. Comme Frazer était dans le même cas que moi, nous étions montés dans sa chambre et avions regardé des films en mangeant des sortes de gâteaux diététiques étranges.

La première vidéo que nous avions mise avait été plutôt sympa, un vrai thriller qui nous avait tenu en haleine du début à la fin. La deuxième par contre avait été.. Comment dire ? Un vrai navet, un désastre, une catastrophe. Les acteurs jouaient mal, le scénario cliché était mal ficelé et l'humour carrément incompréhensible ce qui rendait pour Frazer et moi le film irrésistiblement drôle.

- Non mais regarde cette jupe ! S'exclama-t-il à un moment donné, elle ressemble à un pâtisson !

J'explosai de rire en cherchant la comparaison entre son vêtement et ce légume. Comme la jupe était orange à froufrou, j'en déduisis qu'il était mal renseigné et que je devrais songer à lui faire un cours sur les légumes.

- Je pense que tu confonds, ris-je. Tu voulais dire potimarron.

Il me regarda avec un sourire.

- C'est pareil non ?

- Rien à voir

J'attrapai mon téléphone et lui montrai ce que c'était un pâtisson et une courge. Il regarda vaguement les images et me lança un coussin dessus.

- C'est une heure du matin, et les deux finissent en on. Excuse-moi de confondre ! s'esclaffa-t-il.

- Ce n'est pas pardonnable !

Le reste du film avait donné à des suites à des débats à peu près similaires, parfois sur une couleur, parfois sur une forme, ou sur un mot. Ce n'était jamais vraiment intelligent mais particulièrement drôle. Lorsque l'alarme sonna, nous précisant qu'il était trois heures, nous étions en plein débat sur la taille idéale d'une crêpe. Nous nous levâmes d'un bond, récupérâmes nos valises, et descendîmes.

Dehors, il faisait totalement nuit et légèrement froid. On n' entendait le bruit des vagues qui se jetaient continuellement sur le rocher et le silence de la nuit. Julien et Théo était déjà là, leur valise près d'eux.

- Comment se rend on à l'aéroport ? Demanda Théo.

- Il y a des navettes la nuit, pour les gens comme nous, expliqua Frazer. Mais elles ne se prennent pas à l'arrêt de bus normal. Il va falloir marcher un peu.

Le un peu s'était transformé en longtemps. Au bout d'une demi-heure à tirer nos valises, les bras lourds et les yeux fatigués, nous distinguions à peine la rue de l'arrêt de bus. Heureusement, je savais que c'était un mal pour un bien, puisque le voyage que nous allions faire s'annonçait parfait.

La navette arriva à quatre heures. Le chauffeur nous aida à monter nos valises dans les soutes et but son café. Il était sympa et j'avais de la peine pour lui qui conduisait toute les nuits cinq à sept touristes qui prenaient leur avion à pas d'heure.

Je m'assis contre la fenêtre, ôtai mes chaussures et posai mes pieds sur le siège à côté de moi. Le ballottement et le ronronnement me firent sombrer dans un soleil léger qui, malheureusement pour moi, fut plutôt éphémère. A cinq heures, nous étions arrivés à l'aéroport.

Les lumières artificielles installées de partout dans le terminal donnaient mal à la tête et je n'avais qu'une envie, courir me réfugier sur un siège de la salle d'attente pour dormir. Mon vœu ne fut pas exaucé, il fallut piétiner une demi-heure en attendant d'enregistrer les bagages, puis passer la douane où un policier peu réveillé me demanda de sortir tous le contenu de mon sac. Nous fûmes pile à l'heure pour l'embarquement. Cette fois, j'étais à côté de Julien, tandis que Théo et Frazer étaient respectivement à l'autre bout de l'avion, place 5A et 5B. ça promettait d'être explosif.

90 jours ensembleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant