18. La discussion

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Jeudi

Il soupira. Aujourd'hui, il voyait Abriel. Mais pour le moment, il était dans son lit, avec Chiheb. Son ami avait dormi avec lui, encore une fois. S'il faisait le compte, il avait passé plus de nuit ici que chez lui. Il sourit en y pensant. Lui et Chiheb étaient vraiment devenus proches, et il était apprécié de ses parents. Il se remettait doucement de sa rupture, Chiheb l'aidait à avoir de bonne pensée, et à trouver du positif dans les choses. Ce qui semblait marcher. Chiheb était dans la salle de bain, alors il attendait son tour, patient. Il se rendait compte que leur relation changeait. Elle devenait plus intime, dans le sens où Chiheb était très tactile avec lui. Parfois il lui embrassait la joue, parfois il lui faisait des câlins. Ça le mettait mal à l'aise. Il n'aimait pas la proximité, mais n'osait pas remballer Chiheb, il était tellement attaché... et puis, peut-être que cela lui permettrait il de s'habituer petit à petit à ce genre de fonctionnement. Ça ne pourrait être que positif pour lui. Il cherchait à s'en convaincre.

Chiheb sortit de la salle de bain, prêt à aller en cours. Comme à chaque fois, il partait, et lui restait seul. Ses parents étaient déjà partis au travail, il serait donc seul à la maison. Il essayait de voir le bon côté des choses : s'il restait seul, il n'avait rien d'autre à faire que de travailler. Ses notes étaient bonnes grâce à ça. Mais ça lui pesait de plus en plus, surtout maintenant qu'il était témoin de chacun des départs de Chiheb. Il aurait voulu être comme tous les autres adolescents, aller au lycée, avoir sa bande d'ami, mais non, il était faible. Avoir une vraie vie.  Il ferma les yeux pour s'extraire à ses pensées intrusives.

— Abdel ? Ça va ?

Il rouvrit les yeux sur Chiheb, tentant un sourire.

— Oui, oui, t'en fais pas.
— Ok, ok. On se voit après les cours ?
— Je voulais aller faire du skate.
— Parfait, je peux venir avec toi !

Il hocha la tête, ayant hâte que Chiheb et Haziel se rencontre. Et en même temps, il appréhendait. Et s'ils ne s'appréciaient pas ? Et si Haziel était jaloux ? Et s'ils se disputaient ? Il s'empressa de faire taire son esprit. Haziel et Chiheb étaient adorables, il n'y avait aucune raison que ça se passe mal. Chiheb lui embrassa la joue et partit, le laissant seul. Mais ce n'était pas grave, il ne le serait pas longtemps. Cette après-midi, il rencontrait Abriel, puis il irait au skate parc. Un bon programme. Mais pour l'heure, il avait envie de continuer l'un de ses poèmes.

Mon vieil ami
Je veux être l'air que tu respires
Un rempart contre les vents froids
Je veux être celui qui te fasse vivre
Grâce à ma brise ta larme séchera
Les journées de gèles seront bannies
Et si ton cœur pleure des larmes de joie
Dans mon regard renaîtra ton envie.

Sur les coups de midi, il se fit à manger des courgettes sautées, après avoir travaillé son espagnol et son enseignement scientifique. Il avala son repas avec hâte, comme si la rapidité allait plus vite faire passer le temps. Il avait rendez-vous à quatorze heures chez Abriel, ce qui lui laissait tout le temps de se préparer. Il prit une douche, se rebrossa les dents et coiffa ses cheveux en les ébouriffant. C'était en restant les mains accrochées fermement au lavabo qu'il se rendit compte qu'il était stressé. Après tout, la dernière fois ne s'était pas passé comme prévu, peut-être que ça allait faire la même. Il n'espérait pas, mais c'était une possibilité à envisager. Et cette fois, il se promis de parler de Chiheb à Abriel, comme il lui avait demandé.

Vers treize heures trente, il prit son skate et sortit. Il roula dans les rues lyonnaises, sur les trottoirs animés ou les pistes cyclables. Il arriva bien vite chez Abriel, et sonna à l'interphone. On lui ouvrit en quelques secondes. Il monta les escaliers, la porte était déjà ouverte et Abriel l'accueillie avec un sourire, le même que d'habitude. Il se décala pour le laisser entrer et Abdel retira ses chaussures.

PHOBIA TO EUPHORIAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant