25. Les erreurs

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Samedi

Marchant dans les rues de Lyon, Abdel déprimait. Depuis le début de la semaine, il dormait chez Abriel. Ce n'était pas un problème en soit, mais il ne répondait plus à ses parents. Il n'y arrivait plus, il avait besoin d'air. Sauf que ce soir, il y avait la fameuse soirée, et il serait obligé de revoir Chiheb. Pas qu'il était en colère contre lui, il avait simplement honte de son comportement. Tout allait être différent maintenant. Il voulait retourner chez Abriel, et fuir autant que possible.

Il arriva devant l'immeuble indiqué sur son téléphone. Il prit le temps de souffler un bon coup, avant de sonner au nom qu'Haziel lui avait donné. Sans qu'aucune voix ne lui réponde, la porte s'ouvrît, et il put monter jusqu'au premier étage. Un post it indiquait la bonne porte, et il put entrer. Aussitôt, une odeur de cannabis lui sauta au visage. Ça empestait, c'était affreux. Il repéra d'un coup d'œil Haziel, et se dépêcha de s'immiscer au milieu de la masse de monde. Ce n'était pas comme sa première soirée, il y avait bien plus de monde, et ça l'intimidait. Il se fraya un chemin tant bien que mal, jusqu'à atteindre son ami et Najate. Ils étaient en train de s'embrasser, il s'en voulait de briser cet instant intime entre eux. Quand ils le virent, ils se levèrent aussitôt pour venir à sa rencontre.

— Hey mec, je suis trop content que tu sois venu ! Tu vas voir, ça va être le feu !

Il checka Haziel et fit la bise à Najate, sans prendre le temps de lui répondre. Il était bien trop angoissé par l'arrivée de Chiheb, qu'il ne voyait toujours pas. Il discuta un moment avec Haziel et Najate, détournant le sujet à chaque fois qu'il devait dire ce qu'il avait fait cette semaine. Et puis, une main se posa sur son épaule, le faisant sursauter. Il se retourna vers Chiheb, qui le regardait avec un sourire gêné. Il ne sût quoi dire, et resta quelques secondes à le fixer sans rien faire. Puis, pris de panique, il s'éclipsa, sans un mot, et alla se chercher un peu d'alcool. Peut-être qu'avec, il saurait faire face à Chiheb. Il avait de gros doutes, mais il restait un espoir. Il se dirigea vers la cuisine, où un mec était en train de se servir un verre.

— Oula ! Toi t'as besoin d'un petit remontant.
— T'as pas idée...

Il prit une bouteille, de la tequila apparemment, et lui en servit pur dans un verre pas du tout taillé pour des shots. Il s'empara du verre et le vida d'une traite, même si ça lui brûlait la gorge, même si ça lui montait à la tête.

— Un autre.
— Dis, tu vas pas faire de connerie, hein ?
— Hum, c'est pas dans mes plans.

Il finit son deuxième verre, titubant un peu en arrière. Il avait déjà la tête qui tournait, mais ça lui faisait du bien de sentir ses pensées embrouillées. Un problème se posait : il sentait le regard de Chiheb sur lui, mais il n'avait toujours pas le courage d'aller le voir. Pas après ce qu'il lui avait fait, la façon dont il s'était conduit. C'était minable comme comportement, mais il ne pouvait faire autrement. Alors encore une fois, il fuit, s'enfonçant dans un des couloirs. Il comprit que l'appartement était en mezzanine, et monta à l'étage, cherchant quelque chose, il ne savait pas trop quoi. Il ouvrit une première porte : une salle de bain. Il ouvrit une deuxième porte : un couple en train de s'embrasser. Une troisième : une pièce remplie de jeune plus âgé que lui. Il entra, étonnement peu intimidé, regardant d'un mauvais œil Monsieur Couvier se tenir dans un coin de la pièce. Qu'il aille au diable. Quelque chose le frappa : une jeune femme était en train de snifer une ligne de poudre blanche sur une table. Il n'était pas idiot et savait parfaitement ce qu'elle faisait. De sa paille, elle inspirait la ligne petit à petit. Il était comme hypnotisé par ce spectacle, fasciné. Quand elle se rendit compte qu'elle était observée, elle releva la tête vers lui :

— Eh, le petit à la porte, tu veux tester ?

Plusieurs regards se tournèrent vers lui, mais il les ignora, entrant pleinement dans la pièce pour s'emparer de la paille qu'elle lui tendait. Avec une carte bancaire, elle réforma une autre ligne, et lui laissa la place de s'installer. Son cœur battait la chamade en voyant ce qu'il allait faire, mais il n'en avait rien à faire. Il voulait juste apaiser la douleur, ne serait-ce que quelques secondes. Alors il s'accroupît face à la table basse, se mit en position, et inspira. Aussitôt, une sensation désagréable le prit dans le nez, et il se retira. Il avait réussi à inspirer toute la ligne, et s'en sentit fier. Il se laissa tomber en arrière, ne sentant rien de particulier. Puis, au bout d'une ou deux minutes, il commença à voir les effets. Il se sentait particulièrement bien, comme tout puissant. Il aurait pu envoyer paître le monde entier que ça ne l'aurait pas dérangé. Une force qu'il ne soupçonnait même pas chez lui s'empara de son corps et il se releva, tendant un gros doigt d'honneur à Monsieur Couvier.

PHOBIA TO EUPHORIAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant