3. Les soirées agitées

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Mardi

Son grand malheur dans sa vie, c'était les horaires de boîtes de nuit. Il adorait y aller, changeant souvent d'endroit, pour pouvoir danser toute la nuit. Il arrivait parfois à récolter quelques lignes, quelques cachets, et ça, ça c'était cool. Mais ça n'ouvrait pas en début de semaine, alors il se retrouvait au bar. Abriel pensait qu'il avait une ribambelle d'amis pour sortir aussi souvent. Mais en réalité, il n'en avait pas vraiment. Ça arrivait qu'il soit invité à des soirées. Par des connaissances qu'il avait rencontrées au bar où en boîte. Mais en dehors de ça, il n'avait personne. Alors il se retrouvait seul au bar.

Il en était à son deuxième mojito. L'avantage avec ce bar, c'était les dosages. Les cocktails étaient forts, c'était rentable. Pas comme ceux dans tous ces bars où on ne sent même pas l'alcool. Il regardait la fausse végétation s'accrocher aux murs, et l'éclairage chaud qui donnait toute une atmosphère à ce bar. Mais il n'était pas à l'intérieur. Il était tranquillement en train de fumer une clope. Si ses parents savaient qu'il fumait, ils le démonteraient en petits morceaux. Mais ils n'étaient plus là pour ça. Alors qu'ils aillent se faire foutre et qu'il puisse fumer sans penser à eux. A chaque fois, il prenant de longue taffe, regardant en louchant la pointe se consumer petit à petit et changer de couleur. C'était un spectacle fascinant.

Perdu dans ses contemplations, il sursauta quand quelqu'un s'assit en face de lui à sa table. Il le détailla aussitôt sous toutes ses coutures. Parce que si cet homme venait s'assoir avec lui, c'était bien qu'il était intéressé. Ses yeux passèrent de ses cheveux châtains mis long, à ses yeux marrons orangés, en passant par ses petites rides au coin des yeux, ses lèvres fines et sa mâchoire carrée. Il était beau gosse, Abdel devait l'admettre. Même s'il avait quoi ? Quarante ans ? Dans ces eaux-là. Ce n'était pas rare que des hommes ou des femmes deux fois plus âgées que lui s'intéressent à son cas, et il n'y voyait pas de problème. Après tout, ils étaient les plus expérimentés, alors ça n'avait que des avantages.

— Tu es le garçon de la pub de shampoing ?

Évidemment. Il arrivait que les passants le reconnaissent, il ne savait pas trop pourquoi. Personne ne faisait attention aux pubs. Mais en effet, il y a de ça quelques mois, il avait posé pour une marque de cosmétique, et notamment pour un shampoing. Cet homme devait avoir une bonne mémoire des visages.

— Ouais, c'est moi.

Il laissa un sourire s'incruster sur ses lèvres, sachant parfaitement là où il allait. L'homme aussi lui sourit. D'ailleurs, il ne s'était toujours pas présenté.

— En vrai, tu fais plus jeune. Et plus fou aussi.

Il appuya ses propos en pointant du doigt l'état de cou d'Abdel. Pour être honnête, Mohammad n'était pas le seul responsable. Il y avait d'autres hommes qui étaient passés par là les jours d'avant. Certains étaient réguliers, d'autres non. Il ne voulait pas s'attacher, mais parfois, il arrivait qu'un homme lui tape dans l'œil, et qu'il désire le revoir. Ce n'était pas pour ça qu'il arrêtait d'aller voir ailleurs par contre. Il tenait à sa liberté, et quand il sentait que quelqu'un s'attachait trop, il coupait les ponts. Il était un électron libre, ou une salope, en fonction de qui le disait. Il assumait ces deux termes.

Le serveur passa pour prendre la commande du nouvel arrivant, qui se contenta d'une bière blonde et qui lui recommanda un autre mojito, alors même qu'il n'avait pas fini le sien. Abdel posa ses yeux clairs sur sa personne, le sondant.

— J'imagine que tu essayes de me draguer.
— Mince alors, je suis démasqué.

Son sourire s'agrandit et il se dépêcha de finir son verre pour s'attaquer au troisième.

PHOBIA TO EUPHORIAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant