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VendrediAbdel soupira. Il s'ennuyait, attendant que Léo finisse de travailler. Ils avaient prévu de se voir cette après-midi. Comme Abdel avait les clefs, il pouvait sortir quand il voulait, et devait se rendre dans l'appartement qu'il partageait avec Willem. Mais en attendant, il n'avait rien à faire. Il aurait dû acheter un bouquin à Anissa, ou au moins en chercher un autre chez lui. Mais non. Et paradoxalement, il n'avait rien envie de faire. Il restait allongé sur le lit tranquillement, les yeux vissés sur le plafond. Il avait faim, mais là encore, toute motivation l'avait quittée. Il se résolut tout de même à se forcer, et se prépara des spaghettis, laissant l'eau bouillir en retournant sur son lit, ne se levant que pour aller mettre les pâtes dans l'eau et les égoutter, avant de venir manger allongé.
Vers les coups de treize heures, il se mit en route, prenant son temps pour prendre le métro. Tout en se tenant à une barre, il vit du coin de l'œil des adolescentes le regarder en rigolant, tout en prenant des photos. Encore des gamines qui l'avaient reconnu et qui voulaient frimer devant les autres. Il ne leur accorda pas plus d'attention et tourna la tête de l'autre côté, mais là encore, une femme le fixait. Quand leurs regards se croisèrent, elle lui sourit, et Abdel sut aussitôt qu'elle le voulait dans son lit. Dommage pour elle, il était désormais en couple, et gay de surcroît. Elle n'avait aucune chance. Il passa le reste du trajet à fixer les murs du tunnel, voulant éviter le contact visuel le plus possible. Il finit par sortir de là et prit une grande bouffée d'air, n'ayant pas apprécié d'être épié de la sorte. Il sortit par la bouche et prit la direction de chez Léo et Willem.
En arrivant, il sauta au cou de son frère, puis fit la bise à son compagnon. Il avait droit à un accueil chaleureux, comme d'habitude. Léo passa son bras dans son dos et le guida jusqu'au salon, alors que Willem allait leur préparer du café. Abdel adorait le café de Willem, il était toujours délicieux, et il le serait d'autant plus qu'il n'avait plus l'occasion d'en boire. Léo le fit s'assoir sur le canapé et s'exclama :
— Alors ! Comment vas-tu depuis la semaine dernière !
Abdel sourit, heureux d'être enfin face à une personne enjouée. C'était ce dont il avait besoin en ce moment : laisser la vie se faire. Il lui parla alors de tout ce qu'il s'était passé, des urgences, de Chiheb, du couple, de ses doutes, des mots Anissa et d'Abriel. Tout dans les moindres détails. Léo l'écouta attentivement, fixant la télé éteinte, et Willem revint à eux avec trois tasses fumantes. Abdel avait l'impression de ne faire plus que ça, parler, mais c'était le seul moyen qu'il avait trouvé pour y voir plus clair dans cette suite d'événements. Quand il eut fini ses explications, Léo lui demanda :
— Et comment ça se passe avec lui, depuis ?
— Disons que... c'est comme d'habitude en fait. On dormait déjà ensemble avant, juste maintenant il me fait plus de câlins, il me dit qu'il m'aime, il est plus tactile, mais ça ne change pas énormément les choses. On était déjà très proches avant ça, alors...
— Donc en fait, tu te comportais déjà comme si tu étais en couple avec lui avant. Alors pourquoi tu stresses ? Tu l'as dit toi-même, ça n'a rien changé.Abdel resta figé, ne comprenant plus ce qui posait problème. Si ce n'était pas dans les actes qu'il voyait une problématique, c'était ailleurs. Il resta bête, ne sachant pas trop quoi dire. Il était à nouveau perdu, c'était idiot. Il était venu ici en pensant qu'il y verrait plus clair, la bonne blague. Il allait ressortir de là encore plus perdu qu'avant. Il bougonna, déçu de la tournure de la situation, même si ce n'était pas la faute de Léo. D'ailleurs, celui-ci se mit à rire et lui donna un coup dans l'épaule.
— Fais pas cette tête ! Ça arrive à tout le monde de tomber amoureux. Enfin presque tout le monde.
Willem posa sa main sur son épaule, pour lui dire :
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PHOBIA TO EUPHORIA
RomanceAbdel n'allait pas bien, il était hanté. Il était seul, appréhendait la vie difficilement et ne parvenait pas à se défaire de ses angoisses. Mais sa vie était sur le point de basculer au fil des rencontres qu'il fit, pour le meilleur et pour le pire.