15. La culpabilité

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Vendredi

Il se réveilla doucement, l'esprit dans le vague. Il avait mal partout, et ce fut de ce constat qu'il comprit où il était. Cette fois, il n'avait pas eu droit au lit, mais au matelas gonflable. Normal après tout. Il avait eu beaucoup de mal à s'endormir, regardant Chiheb dans son sommeil. Seulement, il aurait préféré ne pas se réveiller. Il sentant une chaleur diffuse sur son dos dénudé, sans doute les doux rayons du soleil qui passaient par la vitre de la fenêtre. Chiheb ne fermait jamais ses volets. Il l'avait oublié, mais maintenant, il s'en souvenait, et le maudissait pour avoir laissé la lumière le réveiller. Il ouvrit ses yeux, et ne vit que ses cheveux en pagaille devant son visage. Prenant une grande inspiration, il ramena ses mains vers sa tête pour se frotter les yeux.

Enfin réveillé, il s'étira le dos, faisant craquer sa colonne vertébrale. Il s'assied dans son lit de fortune. Se repassant une énième fois les événements de la veille. Il ferma un instant les yeux, avant de se lever. Ne sachant que faire, il alla s'assoir sur le rebord du matelas de Chiheb, l'observant dormir. Il retira une boucle qui tombait devant ses yeux, ce qui le fit remuer. Il se sentait mieux en le regardant comme s'il était à sa place. Abdel se surprit même à avoir envie de lui. De se glisser dans son lit, de venir goûter sa peau, de voir son visage empli de désire... bien qu'ils aient déjà couché ensemble plus jeune, il avait l'impression d'avoir tout bâcler. Il voulait faire les choses bien maintenant.

Alors quand Chiheb se réveilla, il approcha son visage du siens, un sourire charmeur aux lèvres. Son futur amant avant encore les yeux gonflés de sommeil, qu'il finit par poser sur lui.

— Qu'est-ce que tu fabriques ?
— Moi ? Rien du doute !

Abdel posa sa main sur sa joue, avant de coller leur lèvre ensemble. Il ne bougea pas, tentant de savoir si Chiheb allait le rejeter ou non, mais non, il ne le repoussa pas. Alors il bougea ses lèvres contre les siennes, une caresse douce et sensuelle. Se sentant durcir au contact de sa langue, Abdel changea de position et se mit à califourchon sur lui. Mais cette fois, Chiheb mit ses mains contre ses épaules et le poussa gentiment. Ne comprenant pas, Abdel passa sa main dans ses cheveux, les rejetant en arrière.

— Quoi ? Qu'est-ce que j'ai fait ?
— Rien, rien mais...

Chiheb avait poser ses mains sur ses hanches, et se savoir tenu de la sorte l'excitait, en plus de le rassurer. Comme si de cette façon, il ne pourrait pas s'effondrer. Mais Abdel commençait à s'agacer de son bégaiement.

— Mais quoi ?
— Je ne vais pas coucher avec toi. Surtout sans sentiment, ce n'est pas mon genre. Et puis... arrête de coucher avec n'importe qui quand tu vas mal, ce n'est pas comme ça que tu vas régler tes problèmes.

Piqué au vif, il s'énerva, ne comprenant pas ce que Chiheb lui disait. Il n'avait pas à lui dire ça !

— Je couche avec qui je veux, quand je veux.
— Je ne dis pas le contraire ! Tu peux aller baiser avec des mecs que tu viens de rencontrer, mais moi je te connais. Je sais que là, tu veux juste coucher pour coucher, pour te changer les idées.

Il serra la mâchoire, ne sentant pas cette discussion. Toujours assis sur son bassin, cette pose rendait les choses ridicules.

— Mais de quoi tu te mêles en fait ? Tu crois me connaître ? On ne s'est pas vu pendant quatre ans ! On s'est rencontré enfant, on s'est perdu de vue, on s'est fréquenté à nouveau quelques mois, et tu crois que ça te suffit pour savoir qui je suis ? Tu crois que parce que tu es rentré dans cette putain de chambre au bon moment ça te permet de dire ce que je dois faire ou non ?
— Mais ça n'a rien à voir ! Je dis juste que je te connais bien, tu ne peux pas le nier.

PHOBIA TO EUPHORIAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant