••~••
Son téléphone vibra dans sa poche, alors il descendit de son skate pour décrocher. Abderhamane.
— Salut fils, c'est bien aujourd'hui que tu vas prendre les photos ?
— Oui.
— Abriel De Poirotier m'a prévenu. Je ne suis toujours pas sûr que ce soit une bonne idée, mais je te laisse y aller. Mais pas un mot à ta mère, d'accord ?
— Promis.
— Ok, j'ai du travail. Tu fais attention et tu n'avales rien de ce qu'ils te donnent. Au moindre problème, tu m'appelles.
— Abder', ça va aller.
— J'espère bien ! Bon je dois te laisser, prends soin de toi et révise bien !Il raccrocha et soupira. Il n'était plus sûr de vouloir prendre ces photos, finalement. Mais il s'était engagé, et ne pouvait pas reculer. Il ne voulait pas faire subir ses humeurs aux autres, c'était trop injuste. Reporter ses problèmes sur autrui était l'une des pires choses qu'on pouvait faire à ses yeux, il n'avait pas envie d'être ce genre de personne. Il ne voulait pas être un connard fini, ce serait vraiment la goutte de trop. Parce que, que pouvait-il reprocher aux autres s'il était une mauvaise personne ? Rien, voilà. Toutes les injustices qu'il avait subies seraient réduites à néant par ce simple fait, il ne le supporterait pas.
Ce fut dégoulinant de sueur d'avoir fait du skate toute la journée qu'il arriva devant l'immeuble d'Abriel et Will. C'était un beau quartier, tranquille, peut-être pas autant que le sien mais tout de même. En même temps, ça le surprenait. Si Abriel était un mannequin célèbre à l'international et que Will avait percé, ils devaient avoir bien plus de moyens que ça. Peut-être n'étaient pas du genre ostentatoire, et qu'ils souhaitaient juste vivre une vie simple bien qu'aisée. Un peu comme ses parents finalement. Ils avaient les moyens de prendre un appartement plus cher, mais ce contenait de celui-ci et préféraient envoyer de l'argent au bled. Il trouvait cela admirable.
Il sonna à leurs noms de famille, et la porte s'ouvrit, le laissant monter jusqu'au quatrième étage. Ce fut Abriel qui lui ouvrit avec un sourire, apparemment content de le voir. Sans un mot, il le laissa entrer et découvrir un appartement en duplex, plutôt grand et ancien. Les murs n'étaient pas droits, mais ça ajoutait du charme au logement. La décoration était épurée mais classe, des tableaux, des meubles clairs, une cuisine moderne. Il pénétra les lieux avec des paillettes dans les yeux, content de découvrir un nouvel endroit. Ce ne fut qu'après cette exploration qu'Abriel consentit à lui parler :
— Comment tu vas ?
— Ça va. Et toi ?
— Je suis très heureux que tu aies accepté.Il n'avait relancé la question que par pure politesse, puisqu'après tout, les gens répondaient souvent la même chose : un simple « ça va » dépourvût de sens. Mais Abriel n'était pas comme ça, il était honnête, et ça lui fit du bien. Enfin quelqu'un qui parlait clairement. C'était beau à voir, tellement rare... cela relança un peu son humeur amoindrie.
— Suis-moi, on a une pièce pour les photos.
Il hocha la tête et monta à l'étage avec lui, faisant craquer les escaliers de bois. Il toucha du doigt les murs blanc, suivant Abriel jusqu'à une pièce tout aussi blanche, remplie de matériel photo, d'éclairage et d'autres choses dont il ignorait l'utilité. Will était là, assis sur un fauteuil marron, sur son ordinateur. Il releva à peine la tête vers eux, avant de replonger ses yeux sur l'écran. Bon... il comprit qu'il n'avait pas à attendre beaucoup d'hospitalité de sa part, mais cela suffit à le mettre très mal à l'aise. Être ignoré de la sorte était très perturbant, d'autant que c'était en fait pour lui qu'il était présent, dans cet appartement. C'était pour lui qu'il se déplaçait, pour ses photos, qu'il n'avait même pas tant envie de prendre. Il faisait un effort, voilà tout. Et cet effort n'était pas récompensé. Il soupira, sentait que ses nerfs allaient lâcher. Abriel tenta de le rassurer en posant une main sur ses épaules et en commençant ses explications :
VOUS LISEZ
PHOBIA TO EUPHORIA
RomanceAbdel n'allait pas bien, il était hanté. Il était seul, appréhendait la vie difficilement et ne parvenait pas à se défaire de ses angoisses. Mais sa vie était sur le point de basculer au fil des rencontres qu'il fit, pour le meilleur et pour le pire.