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JeudiIl sonna à la porte, incertain de ce qu'il faisait. Il devait faire pitié, avec ses yeux rouges et gonflés, son pantalon taché au niveau des genoux et son air de zombie. Mais il n'avait pas le choix. Will ne cessait de l'appeler, et il s'en voulait de le laisser seul à l'hôpital. Mais il n'était tout bonnement pas capable d'aller à l'hôpital dans son état. Il s'en voulait, il mourrait de culpabilité. C'était de sa faute si désormais, Abriel était défiguré. Parce que oui, durant le trajet, il avait fait quelques recherches sur les brûlures à l'acide. Et ça n'avait pas été beau à voir. Abriel n'allait plus pouvoir travailler avec un visage déformé. Sans compter les dégâts psychologiques. Et tout ça, parce qu'il avait fait confiance à la mauvaise personne.
Il ravala à nouveau ses pleurs. Il en avait assez de pleurer, il avait l'impression de passer sa vie à faire ça, alors il toqua à la porte. Quelques secondes plus tard, Chiheb lui ouvrit, l'air surpris de le voir devant lui. Mais aussitôt, il le prit dans ses bras.
— Je suis désolé. C'est horrible ce qu'il s'est passé.
Alors comme ça il était au courant. En même temps, c'était logique. Chiheb était un fan, il devait être au courant des nouvelles assez vite. Et Abdel était sûr que les personnes qui avait assisté à la scène et qui avait reconnu Abriel s'étaient empressé de partager la nouvelle. C'était à vomir, mais au moins, il n'avait pas besoin de se justifier sur sa présence ici. Il rendit l'étreinte à Chiheb, qui le fit avancer pour fermer la porte. Son vieil ami quitta l'étreinte pour commencer à lui préparer un thé. Il fit bouillir l'eau, sorti un mug de son petit placard ainsi qu'un sachet de thé vert à la menthe. Une fois l'eau chaude, il versa le liquide dans la tasse et la lui tendit. Abdel le remercia et s'assit sur le lit pour tremper ses lèvres dans la tasse. Et ce tout petit geste lui fit un bien fou. Il avait l'impression de retrouver Hanan, qui lui faisait toujours un thé à la menthe quand il était malade ou pas bien. Cette odeur était sa madeleine.
— C'est terrible ce qu'il s'est passé, mais Abdel, pourquoi tu n'es pas à l'hôpital avec lui ?
Il haussa les épaules, avant de se lancer dans des explications vaseuses :
— Will était dans le camion, alors j'ai pas pu venir.
— Mais il y a encore des bus et des métros.
— Je... je ne me sens pas d'aller à l'hôpital...Chiheb vint s'assoir à côté de lui, l'écoutant. Il déglutit et tritura une petite peau sur son doigt, sentant les larmes revenir.
— C'est de ma faute s'il a été défiguré.
— Bien sûr que non ! Il y a plein de gens dangereux qui en ont après Abriel, tu te rappelles quand même qu'un taré est allé jusqu'à le kidnapper ! Ce n'est pas de ta faute.
— Tu comprends pas, c'est moi qui a permis à Fabien de l'atteindre.Cette fois, il n'empêcha plus ses larmes de couler. Elle dévalait son beau visage jusqu'à ses mains, alors que Chiheb ouvrit puis referma la bouche.
— Tu... tu veux dire que... tu connais l'homme qui lui a fait ça ?
— Ouais. Je couchais avec lui. Et... la première fois que je l'ai invité chez moi, il a agressé Abriel. Je n'ai même pas réussi à le protéger. Si Will n'était pas arrivé, ça aurait pu être bien pire qu'un baiser volé. La semaine dernière, je suis allé dans une boîte qu'il connaissait, avec une amie, en espérant le croiser. Et... j'ai embrassé cette amie devant lui pour le provoquer. Peut-être que si je n'avais pas fait ça, il n'aurait pas jeté de l'acide sur Abriel. Si je ne l'avais pas fait entrer chez nous, il n'aurait jamais su où il habitait. Quoique, il aurait pu me suivre... si je ne l'avais pas rencontré, et que je n'avais pas été assez stupide pour croire qu'on pouvait s'intéresser à moi, rien ne se serait jamais passé.Pleurant comme un enfant, il n'osait plus regarder Chiheb dans les yeux, maintenant que son vieil ami était au courant de l'abruti fini qu'il était. Il s'en voulait tellement. Jamais il n'aurait dû penser qu'on pouvait s'intéresser à lui pour autre chose que son cul. Ça avait toujours fonctionné comme ça, il couchait, et rien d'autre. Personne n'en avait rien à foutre de lui. Et la seule personne qui avait un semblant d'intérêt pour lui se trouvait à l'hôpital, par sa faute. Alors comment juger la personne qu'il était ? À part que comme le pire homme sur Terre. Chiheb, malgré l'horreur de ce qu'il avait dit, prit sa main dans la sienne et la serra.
— Tu n'es pas responsable de ça, Abdel. Personne n'aurait pu se douter de ce qu'il allait se passer. Ce n'est pas toi qui as lancé de l'acide sur son visage. Tu ne dois pas te flageoler comme ça ! Tu dois être là pour Abriel !
— Je ne peux pas ! Il va m'en vouloir à mort, je suis sûrement la dernière personne qu'il a envie de voir à cet instant. Il vient de perdre son visage, il souffre et il a perdu son job. C'est pas le moment pour que j'aille le voir.
— Je suis sûr qu'il ne t'en veut pas.Il ne se laissa pas convaincre par les paroles positives de Chiheb. Il en avait assez de parler de cette histoire, ça lui brisait le cœur. Un peu timide, il posa sa tête sur l'épaule de Chiheb. Son vieil ami était vraiment incroyable. Après tout ce qu'il lui avait fait, il arrivait toujours à être là pour lui. Peut-être qu'Abdel avait eu tort de le virer de sa vie. Non. Il avait eu raison. Parce que ça avait été impossible pour lui de continuer cette relation après ce qu'il avait vu. Mais aujourd'hui, est-ce qu'il avait toujours besoin de cette distance avec son passé ? Il pouvait juste l'accepter, et passer à autre chose. Oui, il voulait aller de l'avant. De toute façon, il avait besoin de Chiheb. Ne serait-ce que pour fuir ses responsabilités. Celui-ci passa sa main dans les longs cheveux d'Abdel, les caressant doucement. Oui, il se sentait bien avec Chiheb. Il mettait du baume sur son cœur blessé.
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PHOBIA TO EUPHORIA
RomanceAbdel n'allait pas bien, il était hanté. Il était seul, appréhendait la vie difficilement et ne parvenait pas à se défaire de ses angoisses. Mais sa vie était sur le point de basculer au fil des rencontres qu'il fit, pour le meilleur et pour le pire.