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VendrediUne chose était sûre, Abdel n'allait pas arrêter de vivre à cause de Fabien. Il n'allait pas le laisser gagner jusqu'au bout. Certes, ce qu'il avait fait lui avait mis un sacré coup au moral. Au point de rester dans sa chambre à se morfondre. Il lui avait brisé le cœur de la pire des façons. Ça lui faisait mal, si mal, mais il était un habitué des douleurs psychiques et physiques. Alors il ne se laisserait pas abattre. Il était plus fort que ça. C'est pourquoi il se retrouvait avec Anissa, chez elle, en ce vendredi soir. Il avait absolument voulu sortir ce jour-là pour prouver qu'il pouvait vivre sans lui. Se réapproprier ce jour qui était en train de devenir significatif. Ce jour qu'il gardait pour Fabien.
Allongé sur le matelas à même le sol, la tête collée à la tête d'Anissa, il riait à ses blagues. Ils avaient déjà pris de l'ecstasy, en quantité, et profitaient de leur soirée ensemble. Les blagues d'Anissa étaient nulles, mais Abdel riait plus de son rire que de ses plaisanteries. Enfin, jusqu'à ce que la jeune femme reprenne son sérieux pour lui demander :
— Bon et sinon, tu accouches ?
— Hein ?
— Pourquoi t'es pas avec ton gars ce soir ? Y'a eu une embrouille ?Il soupira, déjà saoulé de cette conversation. Il allait devoir expliquer toute l'histoire, alors même qu'il détestait ça. La dernière fois qu'il avait exprimé un traumatisme -parce qu'il ne fallait pas se voiler la face, s'en était un- c'était avec Fabien, quand il lui avait parlé des raisons de sa phobie scolaire. On ne peut pas dire que ça lui avait réussi. Mais il faisait confiance à Anissa. Sauf qu'il faisait aussi confiance à Fabien. En quoi pouvait-il croire ? Il décida de prendre le risque d'être trahi, avant qu'elle ne prenne trop d'importance dans sa vie.
— Déjà c'était pas mon gars.
— T'as très bien compris. Alors pourquoi ?À nouveau, un soupire. Mais tout de même, il fit l'effort de se confier à Anissa, lui racontant tous dans les moindres détails. Leur première fois ensemble. Ses petites attentions. Leur rendez-vous. Tout ce qu'il avait vécu avec lui. Anissa l'écouta avec attention alors qu'il sentait que les larmes lui montaient aux yeux. Il déglutit, mal à l'aise. Il était en train de confier à nouveau sa confiance, et peut-être à la mauvaise personne. Après tout, il ne connaissait pas si bien que ça Anissa. Il voulait lui faire confiance, mais il avait peur. Et la drogue qu'il avait pris décuplait cette crainte de s'être encore faire avoir. Il respira un bout coup, se calma mais l'angoisse était toujours là.
— Cet homme est un vrai pervers. Tu n'as pas de chance d'être tombé sur lui. J'y crois pas qu'il est pu te manipuler comme ça ! Attention, je ne dis pas que c'est de ta faute, tu ne pouvais pas imaginer ça, c'est impossible. Mais y'a un truc que je ne comprends pas. Quand vous avez couchés ensemble, la première fois, ça t'a vraiment plu ? Parce qu'il a l'air hyper violent et contrôlant comme mec. T'es sûr que tu t'es pas fait agresser ?
Cet fois, ce fut un éclat de rire qui répondit à la jeune femme.
— Non y'a pas de risque.
Lui, se faire abuser ? Il l'avait déjà été, il savait faire la différence entre le sexe et le viol. Le viol, c'était quand on vous attrapait pour ne plus vous lâcher, qu'on ne vous laissait pas le choix. Fabien lui avait laissé le choix. Jamais il ne se referait avoir, il se l'était promis. Monsieur Couvier c'était déjà trop, il ne supporterait pas de se faire à nouveau agresser. Quand il voyait dans quel état ça l'avait mis, il ne voulait plus jamais en refaire l'expérience. Il avait passé tellement de temps, tellement d'heures ou de jours cloîtré dans sa chambre, prostré dans son lit, à ruminer et à déprimer. Il avait même songé à se faire du mal, à se tuer pour faire taire la douleur qu'il ressentait. Mais il ne voulait pas laisser Monsieur Couvier gagner. Il voulait qu'il sache qu'il vivait sa vie comme il l'entendait, sans lui. Qu'il n'avait plus sa place dans sa vie.
Anissa parut rassurée de sa déclaration, et se mit à rire sans raison. Elle prit sa main dans la sienne et lui dit :
— Tu sais, je suis vraiment contente qu'on se soit rencontré. T'as l'air vraiment chouette comme gars, je t'aime bien.
— T'inquiète, c'est réciproque. J't'aime bien toi.Elle rit, serrant sa main contre la sienne. C'est alors qu'une idée lumineuse traversa l'esprit d'Abdel.
— Ça te dit d'aller en boîte ?
— Pourquoi ? On est pas bien là ?
— J'ai envie d'aller dans la boîte où je suis allé avec Fabien. Avec un peu de chance, il y sera.
— T'es sûr de ton coup-là ?
— Oh que oui !Anissa parut dubitative, mais finit par accepter. Elle se releva et retira ses vêtements devant lui. Par gêne, il détourna le regard et rougit fortement, ne s'attendant pas à ça. Anissa semblait n'avoir aucune gêne, contrairement à lui. Mais en même temps, est-ce que ça l'étonnait ? Pas vraiment. Elle fouilla dans sa penderie, ressortant une robe rouge au dos nu qu'elle enfila sans soutien-gorge. Du coin de l'œil, il la vit faire et reposa son regard sur elle que quand le tissu se colla à sa peau, et qu'elle était vêtue. Elle alla ensuite dans la salle de bain pour se maquiller, et revint encore plus fraîche que d'habitude. Sous leurs éclats de rire irraisonnés, ils sortirent de l'appartement pour déambuler dans les rues de leur ville.
Ils arrivèrent devant la bonne boîte après plus d'une heure de marche et de blagues, payant leurs entrées et leurs consignes. Ils entrèrent dans cette salle familière pour Abdel, inconnue pour Anissa. Juste heureux d'être là, ils se mirent aussitôt à danser, se collant peut-être trop souvent. Leurs mains étaient loin d'être innocentes, ils continuaient ce petit jeu de séduction qu'il avait commencé la première fois qu'il s'était rencontré. Et puis d'un coup, Abdel aperçut Fabien posé dans un coin de la pièce, derrière Anissa. Il était déjà en train de le regarder. Un sourire mauvais s'afficha sur son visage, et il chuchota à l'oreille d'Anissa :
— Je peux t'embrasser ?
— Il est là c'est ça ?
— Ouais.Il n'en fallut pas plus pour qu'Anissa ne l'empoigne par les joues pour l'embrasser à pleine bouche, y mettant directement la langue. Elle ferma les yeux, mais lui les garda grands ouverts sur cet homme au loin. Il passa des mains possessives sur les hanches de la jeune femme, satisfait de voir la rage monter petit à petit chez Fabien. Cette fois il le savait. Il allait gagner ce combat contre les hommes.
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PHOBIA TO EUPHORIA
RomanceAbdel n'allait pas bien, il était hanté. Il était seul, appréhendait la vie difficilement et ne parvenait pas à se défaire de ses angoisses. Mais sa vie était sur le point de basculer au fil des rencontres qu'il fit, pour le meilleur et pour le pire.