31. Les adieux

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Jeudi

Il était encore épuisé quand une main secoua son épaule. Il avait très mal dormi, ayant été réveillé par Monsieur Couvier au beau milieu de la nuit. Il sentit que quelqu'un lui secouait l'épaule, et qu'une voix lui parlait. Alors il ouvrit les yeux, et remarqua aussitôt Abriel seulement vêtu d'un bas de pyjama, mais surtout deux policiers derrière lui.

— Sérieusement...

Ça lui avait échappé. Mais en même temps, ses parents avaient mêlé la police à cette histoire. Il aurait préféré qu'ils viennent lui parler, plutôt. Il prit son téléphone et son porte-monnaie, et se releva. Il se frotta les yeux, prenant tout son temps. Par chance, il était déjà habillé. Ça aurait été gênant sinon. Il suivit les policiers en dehors, alors qu'un troisième était en train de parler avec Will. Il pensa un bref instant au problème qu'il leur avait causé, mais se retrouva bien vite dans la voiture de police. Arrivé au poste, il patienta un moment, voyant Will et Abriel arriver, mais aussi ses parents. Son père semblait hors de lui, et ça lui fit aussitôt peur. Dès qu'Abderhamane vit Abriel, il se jeta sur lui pour l'agripper par le teeshirt qu'il avait revêtu. Abdel se leva aussitôt pour intervenir, mais les policiers qui accompagnaient les deux hommes furent plus rapide que lui, et les séparèrent. Abriel n'avait pas l'air étonné ni intimidé. Comme s'il avait l'habitude, en fait.

— Tu t'approches encore une fois de mon fils et je m'occupe de toi, t'as compris ?

Abderhamane venait de crier ça à Abriel, que les policiers escortaient dans une autre pièce. Abdel ne s'attendait pas à ça. Il n'avait jamais vu son père comme quelqu'un de violent, et c'était uniquement de sa faute. Il se mit à pleurer en constatant les dégâts qu'il venait de causer. Une policière vint le voir, et lui dit d'une voix douce de l'accompagner. Assis à côté de sa mère dans un bureau, il expliqua les raisons de sa fugue, qu'il eut du mal à donner. Ce n'était qu'une impulsion, il avait fait ce choix sur un coup de tête. Il n'était ni négligé, ni maltraité. La policière fut malgré tout compréhensive, et lui ne réussit pas à s'arrêter de pleurer, suppliant de ne pas causer de problèmes à Abriel. Hanan garda le silence, pleurant elle aussi à chaudes larmes. Au bout des quelques heures, ils purent tous les trois sortirent.

Dans la voiture, ses deux parents gardèrent le silence. Abdel pleurait toujours. Il se sentait tellement coupable qu'encore une fois, il avait envie de disparaître. C'était ses parents qui avaient raison, il fallait qu'il se reprenne. Il n'était plus lui-même. Mais comment faire ? Il l'ignorait. Il prit tout de même la parole, plaidant sa cause :

— S'il vous plaît, ce n'est vraiment pas la faute d'Abriel et Will si je suis parti, c'est juste moi, je ne veux pas qu'ils aient de problème.

Abderhamane prit une grande inspiration avant de répondre :

— Écoute, on a compris que tes amis étaient importants pour toi, alors on ne t'interdira plus de sortir. Mais on ne veut plus que tu recommences ce genre de comportement, c'est compris ?
— Oui...
— En attendant, je ne veux plus que tu fréquentes cet Abriel. C'est hors de question. Je me suis bien fait comprendre ?
— Oui, c'est promis.

Ça lui faisait mal de devoir quitter Abriel, mais il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même. C'était lui qui avait causé cette situation. Et puis, il pouvait déjà être content de ne pas être plus punis. Néanmoins, il n'arrêta pas de pleurer. Il pensa à tous les moments qu'il avait passé avec Will et Abriel et son cœur lui fit mal. Il ne voulait pas les quitter, mais il n'avait pas le choix. Abriel était le seul qui était au courant de ce qu'il lui arrivait.

— Autre chose, Chiheb t'attend à la maison, lui aussi était très inquiet. Il a même dormi à la maison.

Il se tourna vers sa mère qui venait de parler, hochant la tête même si elle ne pouvait pas le voir comme elle conduisait. Au moins, Chiheb serait là pour le ramasser en miette. Parce que oui, il était en mille morceaux. Depuis plusieurs jours, son cœur s'effritait comme une fleur fanée, on lui avait donné le coup de grâce. Ou plutôt, il s'était donné le coup de grâce. Il soupira, regardant par la fenêtre. Les gens avaient l'air si normaux, comme s'ils n'avaient pas d'autres problèmes que de savoir ce qu'ils allaient manger ce soir. Ça avait l'air tellement bien d'être eux. Il se rendit compte qu'il avait besoin de se changer les idées.

PHOBIA TO EUPHORIAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant