3. La première soirée

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Lui et Léo s'était rendu à la soirée sur les coups de vingt heures. De ce qu'il avait compris, elle allait se dérouler chez Najate, ses parents lui ayant gentiment laissé l'appartement pour cette nuit. Haziel lui avait dit que tant que leur fille se comportait bien et avait de bonnes notes, ils étaient prêts à tout lui offrir. Il avait reconnu ses propres parents dans cette description. Même si, il en était persuadé, jamais ses parents ne lui laisseraient l'appartement pour une soirée. C'était la boule au ventre de stress qu'il laissa Léo appuyer sur l'interphone, il était shooté d'appréhension. Ses mains tremblaient d'anxiété, son front commençait à luire de sueurs froides, et sa mâchoire se contractait. Visiblement conscient de l'état d'angoisse dans lequel se trouvait son frère, Léo lui prit la main, et la porte s'ouvrît. Ils montèrent les vieux escaliers jusqu'au deuxième étage, et Abdel fut rassuré de voir Haziel lui ouvrir.

— Abdel ! T'es venu ! J'y crois pas, ça va être magistral comme soirée ! Tu dois être Léo toi ?
— Oui, c'est moi. Et toi Haziel ?
— Exact !

Ils se serrèrent la main et les présentations faites, Haziel les laissa entrer. L'appartement était plutôt grand, un peu comme le sien, avec des meubles en bois foncé, un grand tapis oriental et une décoration de goût. Une odeur d'encens flottait dans l'air. Il se sentait bien dans ce lieu, il se sentait comme chez lui. Plusieurs personnes qu'il ne connaissait pas étaient déjà présentes, et une jeune fille s'approcha d'eux.

— Haziel, tu me présentes ?
— Oui, alors voici Abdel et Léo, ils sont demi-frères. Vous deux, je vous présente Najate.

Ils lui firent tour à tour la bise, et Abdel était heureux de la rencontrer. Elle était comme il l'avait imaginée. Des yeux foncés, des cheveux noirs qui bouclaient dans son dos, un nez nubien et des sourcils bien dessinés. Elle était resplendissante dans son jean moulant et son crop top blanc, mais surtout, elle avait l'air gentil. C'était le plus important, qu'Haziel ne craigne rien avec elle. Et du premier abord, il sentait qu'il pouvait lui faire confiance. Alors un sourire aimable s'afficha sur son visage pour la regarder, sourire qu'elle lui rendit. Ils allèrent directement s'assoir sur le canapé, Abdel regardant discrètement quelques adolescents parler entre eux. Une musique pop était diffusée en bruit de fond, rendait l'atmosphère légère et agréable. Alors c'était ça les soirées adolescentes ? Ça avait l'air plutôt fun, il appréciait l'ambiance calme et chaleureuse.

Avec Léo, Haziel et Najate, il discuta et blagua durant une bonne heure. Abdel n'avait jamais autant rit, et en effet, comme il s'y attendait, il oubliait tout le reste. Ses traumatismes, sa vie morne, sa peur de l'avenir... tout ça disparaissait. Il y avait juste les blagues d'Haziel qui provoquait son hilarité, même si elles étaient de mauvais goût. Léo se contentait de sourire en coin, car après tout, il avait huit ans de plus qu'eux, ça créait des écarts. Abdel était content d'avoir son meilleur ami et son grand frère auprès de lui pour cette découverte, et même Najate qui avait toujours le dernier mot pour amuser la galerie. Bien que plusieurs autres personnes soient arrivées, ils restaient entre eux, appréciant la compagnie de chacun, et ne s'éclipsant que pour dire bonjour.

Cette bonne ambiance dura jusqu'à ce qu'un adolescent vienne les voir. Il voulait qu'ils participent à un jeu d'alcool, le « je n'ai jamais ». Il sentit son cœur s'accélérer. Depuis le début de la soirée, il n'avait pas touché une goutte d'alcool, c'était le moment. Il allait enfin découvrir l'ivresse et ses bienfaits. Impatient, il se leva pour rejoindre les adolescents qui avaient formés un cercle, assis au sol. Léo pris place à sa droite, comme un protecteur, et Haziel à sa gauche. Curieux, il demanda à son frère :

— Tu as déjà fait ce jeu ?
— Bien sûr.
— C'est quoi les règles ?
— En gros, chacun à son tour, ils vont annoncer quelque chose qu'ils n'ont jamais fait. Si toi tu l'as déjà fait, tu bois.
— C'est plutôt simple en fait.
— Ouais.

PHOBIA TO EUPHORIAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant