17. Le flirte

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Vendredi

Dès qu'Abdel aperçut Anissa attendre devant la boîte gay, il lui sauta au cou. Bien entendu, ce n'était pas celle où il était allé avec Fabien. Même penser à son nom lui écorchait la gorge, alors il n'imaginait même pas ce que ce serait que de le voir. Il culpabilisait de faire la fête alors qu'Abriel était à l'hôpital, mais il avait désespérément besoin de se changer les idées. Par tous les moyens possibles. Et quand Anissa prit sa main pour glisser un petit cachet dedans, il savait que cette soirée allait bien se terminer. Il se décrocha d'elle pour lui sourire, et avala discrètement l'ecstasy qu'elle venait de lui donner. Il fit ensuite les présentations au reste du groupe, et Anissa serra la main de chacun des hommes. Elle lui avait confié un jour où elle était défoncée qu'elle n'aimait pas faire la bise, parce que les hommes s'y sentaient obligés, juste parce qu'elle était une femme. Et Abdel n'avait pu qu'approuver.

Ils furent acceptés dans la boîte, et déposèrent leurs vestes à la consigne. Mine de rien, ils étaient déjà en novembre, et l'hiver n'allait plus tarder. Dès qu'ils pénétrèrent dans la pièce, la chaleur leur collèrent au visage, et Abdel était à sa place. Il prit la main d'Anissa, l'entraînant dans une danse maladroite à laquelle elle répondit avec facilité. Elle était déjà bien défoncée, ça devait aider. Ils allèrent tous les deux se servir un verre au bar, prenant des shoots. La salle n'était pas bien remplie, et il répara rapidement Léo et Willem danser tous les deux comme deux enfants, un peu plus loin. Mais il ne vit pas Chiheb. Il n'eut pas le temps de voir Chiheb qu'Anissa l'attira de nouveau sur la piste de danse, essayant même de la porter sans vraiment y arriver. Le regard de la jeune femme fut attiré plus loin, et elle se pencha à son oreille pour lui demander :

— Tu as vu la fille là-bas ? Qu'est-ce qu'elle est canon ! Tu la connais ?

Il tourna la tête dans la direction indiquée, et tomba sur personne d'autre qu'Hymen qui discutait avec Chiheb. Stimulée par la drogue, une joie sincère s'empara de son cœur et il abandonna Anissa pour aller voir la fameuse femme. Elle tourna son regard foncé vers lui quand il arriva, et se leva pour le prendre dans ses bras.

— Abdel ! Je suis super contente de te voir ! Ça fait longtemps !

Il sourit et lui dit la bise, lui aussi très heureux de la retrouver. Derrière, Chiheb s'éclipsa vers les toilettes, et il pensa à le remercier plus tard d'avoir ramené sa sœur. Quelle idée de génie ! Elle était belle dans sa robe bleue, et son maquillage noir. Ses longs cheveux avaient été lissés, et tombaient joliment sur son épaule gauche. Ça lui faisait vingt-deux ans maintenant, et ces années en plus lui allaient bien. Pas étonnant qu'Anissa ait jeté son dévolu sur elle. En parlant d'elle, elle arriva derrière lui, étrangement timide. Elle serra la main d'Hymen, ce qui l'amusa, et Abdel se dit qu'il la reverrait plus tard pour leur laisser la place de faire connaissance :

— Bon, je vous laisse, je retourne danser !

Il fit un clin d'œil pas du tout discret à Anissa avant de retourner au beau milieu de la piste de danse. Il remarqua un jeune homme dans la vingtaine qui le regardait, mais n'y prêta pas plus attention que ça. Il n'avait pas la tête à s'envoyer en l'air avec un inconnu ce soir. Alors il se remit à danser, observant de loin Anissa et Hymen discuter. C'est alors que des mains se posèrent sur ses épaules, le faisant sursauter. Et qu'une voix lui chuchota à l'oreille :

— Tu ne m'as pas oublié j'espère ?

Ces mots, on le lui avait déjà dit. Avec des sueurs froides, il se retourna pour pousser Fabien loin de lui, le cœur battant si fort qu'il crut qu'il allait s'arrêter. Mais ce n'était pas Fabien, c'était Chiheb. Malheureusement, le mal était déjà fait, et les jambes tremblantes, il se laissa tomber au sol. Il étouffait, et était mort de peur. Que Fabien revienne. Qu'il leur fasse à nouveau du mal. Il ferma les yeux, s'allongeant sur le dos, tentant de se calmer. Il entendait encore ses pas résonner sur bitume, s'approchant dangereusement d'Abriel. Il revoyait Abriel tomber par terre, entendait ses cris de douleur. N'en pouvant plus, il colla ses mains contre ses oreilles, mais les cris restèrent. Il sentit ses joues s'humidifier, et de l'agitation autour de lui. Mais il resta allongé au sol, le cœur s'affolant.

PHOBIA TO EUPHORIAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant