14. La violence

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Mardi

Abdel sonna à la porte avec une certaine appréhension. Ce soir, c'était l'anniversaire de Chiheb. Il avait passé la journée à se creuser la tête pour lui trouver un cadeau, et avait rouler à vive allure en skate quand il avait enfin eu l'idée, juste avant que la boutique ne ferme. Mais il ne savait pas vraiment si le cadeau lui plairait, alors il angoissait. Après la scène de sa mère ce matin, ils n'avaient pas vraiment parlé, et Chiheb avait dû se rendre au lycée. C'était dommage, il aurait voulu passer la journée avec lui. Il aurait voulu être un adolescent normal capable d'aller en cours, capable de se faire des amis facilement. Il n'était pas comme les autres, il était bizarre. Et Chiheb avait invité un mec bizarre à son anniversaire, il ne comprenait pas pourquoi. À tous les coups, il allait lui foutre la honte devant tous ses amis. Non vraiment, il n'aurait même pas dû sonner et aurait mieux fait de rester chez lui pour que Chiheb puisse rester tranquille pour son anniversaire.

Mais c'était déjà trop tard, et la porte s'ouvrît sur Hymen qui l'accueillit avec un grand sourire. Elle portait une robe longue et blanche, ce qui mettait en valeur sa peau caramel, ses sourcils avaient été redessinés, et un rouge à lèvres mat et brun reformait ses lèvres. Ce n'était plus la gentille petite fille qu'il avait connue, et sous le choc, il ne put qu'ouvrir la bouche pour lui dire :

— Tu es resplendissante.

Elle lâcha un petit rire qui s'envola dans les airs, ses yeux se plissant. Il rougit un peu, gêné, même s'il pensait chacun de ses mots. Elle le remercia de sa voix douce et se décala pour le laisser entrer. Il se déchaussa, et avant dans le salon où Chiheb et un autre garçon l'attendait. Il n'y avait qu'eux, personne d'autres. Sur le coup, il ne comprit pas vraiment, puisqu'à l'unique soirée qu'il avait faite, il y avait bien plus de monde. Et d'autant plus qu'il s'agissait là d'un anniversaire, ce n'était pas rien. Mais peut-être était-il en avance, ou tous les autres en retard, tout simplement. Il ne se posa pas plus de question et salua Chiheb qui s'était levé pour le prendre dans ses bras. La proximité le mot d'emblée mal à l'aise, lui qui n'avait pas ce genre de rapport avec Haziel. Il aurait bien eu besoin de lui ce soir, tiens. Ne serait-ce que pour éviter de se retrouver seul au milieu d'une foule qui se connaissait déjà. Il savait qu'il ne plaisait pas aux gens, il suffisait de voir la réaction de la fille de la dernière fois.

Chiheb se détacha de lui et tendit la main vers l'autre garçon, pour le présenter :

— Voici Samuel dont je t'ai déjà parlé !

Alors c'était donc lui le fameux copain toxique de Chiheb. Abdel lui lança un regard pas très sympathique, qui lui fut rendu. Il ne l'aimait déjà pas, avec son look de kéké. Ses cheveux étaient coupés courts, avec un dégradé au millimètre près. Son pantalon était porté trop bas, ce qui laissait voir l'élastique de son caleçon. Non vraiment, il ne l'aimait pas. Déjà parce qu'il ne lui inspirait pas confiance, mais surtout parce qu'il se comportait mal avec Chiheb. Il n'allait certainement pas s'entendre avec lui. Son vieil ami se rendit compte de la tension entre eux deux, et sembla, un instant à peine, triste d'assister à ça. Sentant que Chiheb avait besoin qu'il change de sujet, il demanda :

— Il y aura combien de personnes ce soir ?

Ce n'était pas déconnant comme question, elle se posait. Il voulait avoir le temps de se préparer mentalement à cette soirée. Chiheb se gratta le crâne, mal à l'aise, avant d'avouer :

— Bah... on est au complet.

Cette fois, il ne comprit vraiment pas. Chiheb, avec le tempérament solaire qu'il avait, devait à avoir une tonne d'amis. Et pourtant il avait choisi de n'inviter que lui et Samuel. Il ne comprenait pas, c'était pourtant son anniversaire... si Abdel avait été à sa place, il aurait voulu que tout le monde soit présent pour lui, histoire de profiter de son entourage et non de la solitude. Chiheb n'avait pas fait ce choix, et il ne comprenait pas. Il fit taire ses interrogations pour tendre le petit cadeau bien emballé, dont son ami s'empara avec délicatesse.

PHOBIA TO EUPHORIAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant