32. La prise de risque

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Mercredi

Abdel se réveilla brusquement en entendant le réveil de Chiheb sonner. Il était toujours dans ses bras, et pour être honnête, il n'avait pas envie de les quitter. La veille, il s'était endormi contre lui, après avoir pleuré longtemps. Il ne devait pas être plus de dix-neuf heures pourtant, et en ouvrant les yeux, il constata que Chiheb n'avait pas bougé d'un pouce. Il avait dû s'endormir après avoir veillé sur lui. D'ailleurs, Chiheb non plus ne semblait pas vouloir quitter l'étreinte. Le seul geste qu'il fit fut d'étendre son bras pour éteindre son téléphone. Pourtant il avait cours. Abdel n'allait pas se plaindre non plus puisqu'il pouvait rester contre lui. Mais tout de même...

— Abdel...

Alors c'était ça. Il ne bougeait pas parce qu'il devait lui parler. Mais Abdel ne se sentait pas d'avoir une discussion collé contre lui, nu comme au premier jour. Alors il se détacha sans un mot, et chercha son caleçon avant de l'enfiler. Il se sentait plus à l'aise ainsi. Chiheb, quant à lui, s'enroula dans la couverture, le regard baissé et triturant ses doigts :

— Il faut qu'on parle de hier.
— Pourquoi ? On a juste baisé, c'est pas un drame.
— J'ai pas dis ça.
— Alors c'est quoi le problème ?

Abdel ne pigeait pas ce qu'il voulait. De quoi voulait-il parler ? De la longueur de sa queue ? Quelle blague, il n'y avait rien à dire de plus.

— J'ai plusieurs choses dont je dois te parler. Déjà... est-ce que tu regrettes ?

Abdel fronça les sourcils.

— Pourquoi je regretterais ?
— Bah... tu as quand même pleuré juste après.

Il soupira, ne sachant pas trop quoi dire. Il s'en voulait de s'être montrer si faible. Il détestait pleurer, mais en ce moment, il n'arrêtait pas de le faire. C'était pitoyable.

— Oublie ça, ok ?
— Non j'oublie pas !
— Écoute, j'ai craqué, ça arrive à tout le monde. Y'a rien à dire de plus.
— Si ! Parce que je suis perdu moi, je ne sais plus quoi penser. Tu essayes de coucher avec moi, puis quand j'accepte, tu pleures. Alors qu'est-ce que je dois penser.
— Mais rien !

Abdel commençait à s'agacer, et ce, pour une simple et bonne raison.

— Écoute, je ne sais pas pourquoi j'ai pleuré, ok ? J'en ai aucune foutre idée, alors je ne peux pas te répondre !
— Ok...

Chiheb sembla déçu de ne pas avoir de réponse claire, mais se reprit assez vite :

— Et sinon... tu te souviens quand j'ai dis que je ne couchais pas sans sentiment ?
— Euh... oui ?
— Je n'aurais pas dû coucher avec toi sans être sûr de tes sentiments.

Abdel se prit l'équivalent d'un choc dans l'estomac, ce qui lui coupa le souffle. Il resta silencieux, ne supportant pas ce qu'il venait d'entendre. Alors comme ça Chiheb regrettait ? Pourtant c'était lui qui avait initié, pas Abdel. Il se sentait trahi, parce que lui avait adoré cet instant d'intimité. Il ne répondit rien, alors Chiheb continua :

— Je veux dire... c'est pas mon genre d'avoir des plans culs, et toi, t'en a pleins ! J'ai toujours été fidèle, mais il n'y a rien entre nous, alors toi tu n'as pas à l'être... je ne sais pas si je suis clair. En tout cas, ce qui est fait est fait, alors faut pas regretter. Mais ça ne se reproduira plus, tant que je ne serais pas sûr de ce que tu ressens.

Abdel n'arrivait plus à respirer correctement, comme s'il ne savait plus comment faire. Son cerveau tournait à cent à l'heure, il n'arrivait pas à trouver de solution au problème. Il avait beau repasser ce qu'il lui avait dit en boucle, il ne comprenait pas. Enfin si, il comprenait que c'était lui le problème. Que ça ne marchait pas à cause de lui.

PHOBIA TO EUPHORIAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant