Chapitre 47 : Le moulin

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La fraîcheur agréable du désert disparaît rapidement une fois le soleil levé. Les voyageurs continuent leur route entre les dernières dunes de sable, un foulard autour de la tête pour se protéger du climat aride. Chacun de leurs pas les rapproche incontestablement de la cité du Haut Royaume, ils ne sont plus qu'à quelques lieues des grandes portes. C'est un soulagement pour les marchands d'arriver à la capitale sans mésaventure. Moins ils utilisent leurs armes pour se défendre contre les brigands, mieux ils se portent.
A califourchon sur son cheval, Theod suit la carriole des voyageurs, le visage pâle. Il s'est réveillé aux premières lueurs du jour avec un affreux mal de crâne. Ses étranges visions derrière la cascade du Haut Palais semblaient réelles. Impossible pour lui de se rappeler de sa discussion avec Merina la veille. Le voyage à travers le désert l'a épuisé, il espère se reposer un moment en arrivant dans la vieille ville. Son retour tant attendu à la capitale se fera aujourd'hui. Cette partie du voyage va bientôt prendre fin, le jeune héritier espère trouver les réponses à ses questions. Cependant, son état l'empêche d'être enthousiaste.
L'orpheline est à ses côtés, scellée sur son destrier. Elle regarde avec un air amusé le jeune enfant du convoi callé entre ses jambes. Celui-ci entortille ses doigts dans la crinière du cheval. Theod penserait voir la grande sœur du garçon s'il ne la connaissait pas. Le sourire aux lèvres et les épaules détendues, les yeux de Merina pétillent d'une énergie débordante. Sa mince carrure exprime à nouveau cet esprit sympathique et attendrissant digne de son âge. Il est impossible d'imaginer les atrocités qu'elle est capable de commettre. La voir se comporter normalement fait signe que tout va pour le mieux.

La carriole s'arrête. Les voilà arrivés à la lisière qui sépare le sable du désert avec les grands champs dorés du Haut Royaume. Theod tire une grimace. Il découvre pour la première fois les falaises de la cité de ce point de vue. Avant que toute cette histoire ne commence, l'héritier n'était jamais descendu du Haut Palais. Fragilisé par sa maladie osseuse, le roi ne voulait pas le voir dans les ruelles de la vieille ville. Il restait enfermé dans ses appartements, condamné à découvrir le monde à travers ses fenêtres. Le temps est venu pour lui d'explorer la cité qu'il était destiné à gouverner.
Une petit édifice s'élève à l'entrée du champ. L'un des marchands donne un coup d'étrier à sa monture et s'approche du bâtiment. Il s'agit d'un ancien poste d'avant-garde. Celui-ci a probablement été abandonné au fil des ans, considéré comme inutile pendant l'ère de paix. Les paysans se sont appropriés la structure pour la transformer en cet étrange moulin fortifié. Les ailes métalliques ont plus de caractère que celui du village du Moulin Grincheux. La capitale a un véritable pas d'avance sur le reste du royaume concernant la qualité des rénovations. Cependant, le Haut Royaume est apparemment loin d'égaler l'architecture moderne de Pârces et de Vif-Azur.
Le voyageur au pied du moulin arrache une affiche collée contre les pavés en pierre. Il revient sur ses pas au galop, arme à la main, et présente sa trouvaille au marchand qui avait accueilli l'héritier et l'orpheline la veille. Le visage de Merina perd sa gaieté et retrouve une expression de méfiance. Ses mains glissent naturellement à sa ceinture, prête à agir. Theod ne comprend pas sa réaction. Aucun danger ne menace le convoi. Pourtant, le marchand siffle le signal d'alerte entre ses doigts, l'affiche tendue dans sa main. Tous le monde reconnaît le portrait de William Kettbell dessiné sur l'avis de recherche. Les voyageurs dégainent aussitôt leurs armes et se jettent sur l'héritier. A cet instant précis, Theod perd toutes notions de la situation, complétement abasourdi.
— A terre ! ordonne Merina.
La chasseuse de prime expulse l'hériter de sa scelle avec un brutal coup de pied avant que les voyageurs ne mettent la main sur lui. Theod tombe sur le dos. Sa chute lui coupe le souffle, sa vue devient trouble. Son cerveau fonctionne à toute allure, mais ses sens l'abandonnent. La lutte sanguinaire qu'il pressentait entre Merina et les marchands s'est déclenchée en un rien de temps.

LA DERNIÈRE NUIT DES ROIS - Les terres du Vieux RoyaumeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant