Prologue

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Il faisait incessamment les cents pas dans le bureau richement décoré de teintures pourpres et or. Le parquet ciré crissait sous ses pas furibonds.

- Ce sera ainsi, puisque je l'ai décidé, tonna le roi en tapant violemment sur le bureau d'ébène.

Ewen fit volte-face avec fureur pour faire face à la mine courroucée de son père. Comment pouvait-il concevoir cela ? SON trône donné en pâture à de simples citoyens empli du désir d'avoir le pouvoir. Il souffla un bon coup avant de prendre la parole avec la déférence convenu par le protocole.

- Père, commença-t-il d'une voix rendue altérée par la colère, Je me prépare depuis ma naissance à vous succéder sur le trône d'Ehiropa ! Le trône me revient par la naissance et...

Le poing furieux du roi s'abattit une nouvelle fois avec force sur le bois onéreux alors que l'homme grondait que cela suffisait. Cette discussion familiale aurait dû durer moins d'une dizaine de minutes et voilà que ça faisait un quart d'heure bien passé qu'ils étaient là ! Et dire que son fils avait osé interrompre une réunion du Conseil pour discuter une de ses décisions ! C'était inacceptable !

- La discussion est close !

Le jeune prince tenta de protester mais la porte se referma sur son père, drapé dans son honneur royal. Ewen tapa violemment du plat de la main sur la porte. Un juron s'échappa en un sifflement d'entre les lèvres du jeune homme. Comment son père pouvait-il lui faire ça ? Sans même le concerter, il avait osé lancer un « appel à candidature » ! Un grognement de frustration retentit dans le bureau du roi. Il imaginait déjà tous ces charognards prêts à tout pour lui ravir ce qui lui revenait par le sang. Il ne les laisserait pas faire ! Pas question que SON trône revienne à un autre que lui.

Le prince se redressa et se composa un visage impassible avant de quitter le bureau à son tour. Il se dirigea droit vers les appartements de la reine. Il ne prit pas la peine de se faire annoncer et ouvrit en un claquement la double porte du boudoir de sa mère. Une jeune femme d'une quarantaine d'année sursauta brusquement. Ses cheveux blonds tombaient en une cascade parfaitement orchestré sur ses épaules. Elle sourit en voyant s'approcher son fils bien aimé.

- Ewen, sourit-elle en se levant pour l'embrasser.

Il se laissa faire en soupirant. Sa posture droite et sa mâchoire serrée par la colère alertèrent finalement la reine. Elle soupira et invita son fils à s'asseoir. Il n'en fit rien et la toisa furieusement. La jeune femme s'installa de nouveau dans son fauteuil. Elle s'apprêtait à parler lorsqu'il la coupa brutalement.

- Pourquoi tu ne l'en as pas empêché, rugit-il.

La mère lança un regard sévère à son fils l'avertissant ainsi qu'il avait tout intérêt à user d'un autre ton avec elle. Le message passant à merveille, Ewen pinça les lèvres, sa colère de nouveau accrue.

La reine déposa délicatement sa tête dans la paume de sa main gantée. Un soupir de lassitude s'échappa de son être entier. Elle passait sa vie à régler les incessants conflits opposant père et fils. Et toujours, l'un lui reprochait de ne pas être impartial en lui préférant l'autre... Elle finit par tapoter le siège près d'elle et à contre cœur, son fils vint s'y asseoir. Il arborait son air renfrogné des mauvais jours. Elle posa une main réconfortante sur son épaule.

- C'était nécessaire, tu sais, commença-t-elle.

- Nécessaire, grogna-t-il. Alors tu penses que je ne suis pas capable de régner !

Elle soupira.

- Ce n'était pas nécessaire pour toi, expliqua-t-elle, mais pour d'autre. Et puis, dis-toi que c'est simplement un retardement de couronnement.

Elle se leva et se glissa derrière lui pour le serrer contre elle. Elle lui chuchota alors :

- Après tout, qui est mieux placé pour être roi que le prince en titre.

Elle sourit. Ewen, bien que toujours énervé, se surprit à sourire aussi. Après tout, c'était vrai ! Personne n'était mieux placé que lui pour prendre la suite de son père. Il était le roi légitime et ce serait un moyen de le prouver à toutes ses personnes avides de pouvoir ! Il se releva et remercia sa mère pour ses conseils avisés. Puis d'un pas de conquérant, il quitta la pièce.



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