25.

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Je me tenais debout devant la porte du bureau de Sa Majesté. Close et sévère, elle me toisait de sa hauteur. Je m'appuyais de tout mon long sur le mur et soupirais. Finir ici était la suite logique... C'est comme si j'avais toujours su que tout se terminerait ici... Je soupirais encore en fixant mon regard sur mes bottes crasseuses. Je tapais doucement mes pointes de chaussures les unes contre les autres, créant un rythme marquant chaque seconde. C'était angoissant... 

- Le roi vous attend, m'annonça-t-on alors. 

Je relevais la tête. Quelle ironie ! Il n'attendait pas  ! Cela faisait deux heures que je patientais devant sa porte alors non, il était clair qu'il ne m'attendait pas ! Je pris mon courage à deux mains, et la boule au ventre, certaine de me faire virer, je pénétrais dans la pièce. Le bureau d'ébène trônait au centre et le roi me tournait le dos, regardant par la fenêtre, les mains jointes. 

- Asseyez-vous, ordonna-t-il d'une voix forte, sans même se retourner. 

J'exécutais une révérence comme le prince me l'avait appris plus tôt et m'assis sur la chaise, droite sur mon siège. Je déglutis difficilement alors qu'il se tournait vers moi. Il prononça mon nom, sévèrement, et me toisa. Je baissais les yeux sur mes genoux... Ne me virez pas, suppliait tout mon être... Je devais rester pour apprendre ! Un éclat de rire gras et sonore me fit redresser le menton. Le roi s'esclaffait devant moi, comme après une bonne blague. 

- Vous ne comprenez pas la plaisanterie, remarqua-t-il devant mon air ahuri. 

Cela le fit rire davantage. Était-ce une bonne chose de le voir rire ainsi ? J'aimais le croire, à cet instant. Je me forçais à lui sourire. Peut-être que si je m'accordais à acquiescer ses dire, il ne me virerait pas ? 

- Vous êtes plus que je ne l'ais jamais espéré, déclara-t-il en posant une main sur son ventre. 

Il riait encore. 

- Oh oui, tellement plus, ricana-t-il. 

J'étais perdue. Pourquoi ne m'expliquait-il pas ? Je n'osais plus bouger, tétanisée par ce rire. Il me faisait me sentir si minuscule, si... médiocre devant cette majesté ! Je me repliais instinctivement sur moi-même. Non, cela ne devait rien avoir de bon, finalement... 

- Savez-vous pourquoi je vous ais choisi, me demanda-t-il. 

- Pour remplacer Laïa, non, demandais-je. 

Ses sourcils se froncèrent. 

- Votre Majesté, ajoutais-je précipitamment. Votre Majesté ! 

Il s'assit face à moi et frotta sa barbe doucement. 

- Vous, cette Laïa, ou n'importe qu'elle autre gamine Anthracite, cela n'avait aucune espèce d'importance. Mais je n'avais que deux choix. Alors j'ai pris vos photos et j'ai joué aux fléchettes avec. Laïa a gagné. Je l'ai choisi. Après l'accident, j'ai pris celle qu'il restait. C'est simple. 

Je restais sans voix... Il avait joué aux fléchettes ? Ma vie avait été... Jouait aux fléchettes ?! Je battis des paupières pour chasser mes larmes. C'était simple pour lui. Hop, une fléchette et c'était choisi ! Je pinçais les lèvres alors que mon cœur battait fort désormais. Je serrais les poings sur les accoudoirs. 

- Mon but en vous choisissant c'était de montrer à l'ensemble de la population que le roi donnait une chance à tout le monde... Mais que les castes n'existent pas pour rien ! Une Anthracite ne peut être reine, et vous nous l'avez bien montré ! Vous n'avez rien d'une princesse et encore moins d'une reine, ni même d'une jeune fille d'ailleurs ! Vous êtes tellement médiocre que en deux jours, vous avez presque créé deux accidents diplomatiques. Une chance pour vous que ce ne soit pas le cas, ou j'aurais été contraint de vous couper la tête. Mais vous avez été au delà de mes attentes en  vous discréditant toute seule. 

Souffle la libertéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant