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Nous nous ignorions depuis la veille. Les autres candidats semblaient se rendre compte qu'il se passait quelque chose mais ils ignoraient de quoi il retournait exactement. Je surprenais leurs commérages et leurs regards. Il devaient bien se douter de la raison de cet éloignement brutal ... L'épisode avec Alice n'était pas loin dans les esprits... 

Je soupirais profondément. Assise dans la salle d'étude où allait se dérouler le prochain cours de gestion, je repensais a tout cela en gribouillant distraitement les carreaux de mon cahier. C'est en le perdant que je me rendais compte de ce qu'il m'avait apporté ... Dés qu'il s'était intéressé un tant soit peu à ma personne, ma vie ici avait été chamboulée. On m'avait parlé, on m'avait souris, on m'avait appréciée lors de mon interview... Tout avait changé. Et dés qu'il avais disparut de mon horizon, tout avais cessé. Enfin, c'est ainsi que je le percevais. 

La chaise près de moi grinça et je reteins mon souffle. C'était lui... C'était son odeur, sa façon de bouger, sa respiration calme et posée... C'était lui ! Je me sentis paniquer. Il était a côté de moi ! Est-ce qu'il pensait lui aussi a ce couteau ? Parce que mes pensées étaient focalisées sur lui, sur l'image de sa lame sur sa gorge qui s'imposait devant mes yeux... J'étais mal. Complètement mal. 

Je déglutis difficilement et, tout en continuant mes dessins machinaux, tentais de me focaliser sur autre chose. Par chance, notre si aimé professeur fit son apparition, m'aidant alors dans cette lourde tâche. Je pris donc en note la leçon, sans jeter un regard a mon voisin, même si ce n'était pas l'envie qui me manquait. C'était simplement un regin de fierté. 

Une pression sur mon pied... De plus en plus forte... Je me mords la lèvre inférieure. Que faire ? Lui parler, l'ignorer ? La pression s'accentue encore ...D'accord !

- Que veux-tu, soufflais-je, mi exaspérée, mi ravie. 

Sans détourner les yeux du tableau, il répondit sur le même ton qu'il souhaitait me parler. 

- J'écoute le cours, assenais-je sans délicatesse aucune.

Je perçu du coin de l'oeil son sourire ironique si caractéristique de sa personne se dessiner lentement sur ses lèvres. 

-Allez, mumura-t-il, de toute façon vous n'y comprenez rien ! 

Quoi ?Tout mon être se révolta face a cette réalité énoncée ! Oui c'était encore un peu trop élevé pour le niveau auquel il m'avait fait evoluer mais ce n'était pas une raison pour se comporter comme un goujat ! Furieuse, je lui écrasais violemment le pied. 

- Si vous chercher a plaider votre cause, chuchotais-je avec énervement, laissez moi vous dire que vous vous y prenez très mal ! 

Il étouffa un grognement de douleur alors que je reportais mon attention sur le cours du jour qui n'avais absolument aucune signification pour moi. Il semblait avoir du mal à se remettre de mon acte furieusement violent et il gesticulait étrangement sur sa chaise ce qui était plutôt comique. Je tenais de réprimer mon petit sourire victorieux. 

- Il faut vraiment qu'on parle, grimaça-t-il en se massant le pied de manière saugrenue. 

Je fus étonnée qu'aucune remarque ne lui soit faite. Mais, c'était le prince après tout ! Je me penchais vers lui et lui chuchotais doucement : 

- Pour l'instant c'est moi qui gagne. 

Il sourit en se tournant vers moi et nous échangeâmes un sourire complice. Je me fis alors la réflexion que c'était vraiment étrange que s'écraser les pieds réglaient toujours tout entre nous. 

C'est ainsi que nous nous retrouvâmes assis dans la salle du piano, l'un près de l'autre. 

- Parlez-moi des mineurs, demanda-t-il brusquement. 

Je le fixais, incrédule. Pourquoi demandait-il cela ? Je m'attendais plutôt à... Je ne sais pas... Un discours sur la culpabilité et la mort ? 

- Vous m'accusez d'en avoir tué, expliqua-t-il avec un haussement d'épaules qui se voulait désinvolte mais qui fut tout le contraire. J'aimerais connaître ceux que je suis sensés avoir tués.

Je restais sans voix. Je n'avais pas pensé l'avoir touché autant. Ce prince, paraissant si hors de porté, avait un réalité un coeur tendre. Je lui pris la main. 

- euh.. 

Je déglutis. Peut-être attendait-il de moi que je dise que ce n'était pas le cas, qu'il n'était pas un meurtrier. Mais je pensais ce que j'avais dit. 

- Travis est le premier mineur avec qui j'ai travaillé. Mais il y a aussi mon père, ma mère, Marcus, Franckie, et Laïa, bien sûr ! En fait, la mine est tellement grande que je ne les connais pas tous, ce que je sais ....

Bizarrement les mots me venaient naturellement. Et il écoutait si bien, sans jugement, intéressé. Je lui décris ma vie, mes amis, ma famille, ce que j'aimais ... Et le coup de grisou aussi. Ma peur, la terreur, l'angoisse, la peine, la souffrance... Au bout d'un moment je me tus, ne savant plus quoi dire. 

- Et vous, la cours, c'est comment, finis-je par demander. 

Il sourit et me traîna a la bibliothèque où il prit un gros livre relié sur une étagère. Il y avait l'arbre généalogique des familles de la cours. Je les suivis du doigts avec émerveillement. Il me conta des anecdotes comme celle dans laquelle le chien de Mademoiselle de Marquerita avait mangé le pot de confiture et laissé partout sur les tapisseries des traces rouges semblable a du sang, les jeux avec les autres enfants, puis la nécessité d'être exemplaire... C'etait mon tour de l'écouter et je le faisais avec fascination. 

- J'aimerais bien y aller, lui confiais-je finalement. 

Il sourit. 

- J'espérais que vous alliez dire cela car nous partons dans deux jours pour la cours, le château royal et non une résidence secondaire comme celles-ci, où nous attendrons tous les aristocrates ! 

Surprise, j'en restais sans voix. Il éclata rire. Je souris aussi. J'avais envie de découvrir ce lieu de sa vie d'enfant, d'adolescent et de prince. Je souhaitais vivre ces moments de félicités qu'il m'avait compté. Ici, nois n'étions qu'entre candidat du Choix, là-bas ce serait totalement différént, plein d'aristocrates des castes les plus hautes. Et je me réjouissait de cette nouvelle même si elle m'effrayait aussi. 





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