26.

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Une odeur de chocolat chaud me chatouilla les narines et je me réveillais progressivement. Une jeune femme rousse se tenait au pied de mon lit et patientait de mauvaise grâce. C'était la rouquine de mon premier jour. Je fis celle qui n'avait pas remarqué son évidente mauvaise humeur. 

- C'est pour moi, lui demandais-je, l'eau à la bouche. 

Elle hocha simplement la tête en levant les yeux au ciel. Je me redressais dans mon lit et elle installa le plateau sur mes genoux. Je la remerciais alors qu'elle quittait précipitamment la chambre. Je fermais les yeux, humant avec délice les douces effluves du chocolat. Je revoyais maman dans la cuisine, le bol de laid bouillant dans mon bol... Mais jamais une trace de cacao en poudre ! Je plongeais mon doigts dans le liquide si attrayant et le portais à ma bouche, le suçotant avec délice. Je fermais les yeux... Hummm... Je souris de toutes mes dents et plongeais ma cuillère dans le mélange et le ridais délicatement à chaque passage de l'ustensile d'acier. Les tartines de pain tendrement dorées me donnait l'eau à la bouche... Et la confiture de framboise ! Un délice ! 

Ce ne fut qu'une fois mon petit-déjeuné avalé que je remarquais la note, glissée sur le côté.  Je la dépliais, curieuse. 

Voilà de quoi vous remonter le moral, j'espère. Régalez-vous et soyez prête à l'heure. Son Altesse Royale, le prince Ewen d'Ehiropa 

Je souris. C'était une douce attention. Je sautais donc du lit pour me préparer. Pas question d'être en retard ! Je courus dans tous les sens pour trouver tout ce qui était nécessaire à ma tenue et pour la première fois, je pris le temps de me coiffer d'une manière un peu plus élaborée. Je réalisais des tresses que je nouais en un chignon lâche mais élégant. Des mèches sombres tombaient toujours autour de mon visage et l'encadraient joliment. C'était pas mal ! Je descendis ensuite les escaliers et gagnais la salle de cours. Je m'installais à ma place habituelle, seule dans un recoin et contemplais les alentours par la fenêtre. J'aurais tellement aimée courir dans l'herbe en cet instant, plutôt que de me trouver dans cette pièce. 

Ce fut une violente pression sur mon pied, me faisant crier de surprise qui me sortit de ma rêverie. Le prince m'adressa un petit sourire ironique. Je pinçais les lèvres et le fusillais du regard. 

- C'est moins drôle dans ce sens, rit-il en un chuchotis qu'il me glissa à l'oreille. 

Je le fixais, surprise. Il m'avait sciemment écrasé les pieds ?! Pourtant, au lieu d'être fâchée, je souris. Il voulait sa revanche ? 

- Au contraire, murmurais-je. C'est plus drôle si vous participez. 

Il haussa les sourcils et un drôle de sourire apparut sur ses lèvres charnues. Je les fixais. 

- Très bien, continua-t-il sur le même ton. Alors, la partie est lancée. 1-0 pour moi. 

- Pour vous, m'offusquais-je à haute voix, ce qui m'attira le regard courroucé de notre précepteur. 

Je baissais la tête sur mon cahier. C'est encore moi qui allait avoir des ennuis... 

- Pour vous, repris-je plus bas. C'est une plaisanterie ! Et toutes les fois où je vous ais écrasé les pieds ! C'est 50-1, pour moi ! 

Alors qu'il écrivit, je le vis rire silencieusement. 

- La partie n'était pas officiellement lancée, objecta-t-il. Mais maintenant qu'elle l'est, ne comptez plus sur moi pour vous laisser gagner ! 

- Me laisser gagner, répétais-je outrée. Vous ne ripostiez pas mais personne ne vous en a jamais empêché ! 

Il sourit puis se rapprocha de moi pour susurrer à mon oreille que cette fois, il ne s'en priverait pas. Je me figeais, anxieuse mais excitée à l'idée de ce petit jeu illicite qui allait me distraire de mes ennuis et mes souffrances. 

Souffle la libertéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant