Allongée sur mes draps froids, je contemplais le plafond en rêvassant. Le Choix et les propos de Laïa envahissaient mes pensées. Le roi avait mis en jeu dans un concours la couronne de son fils unique. Tout le monde pouvait tenter de participer à cette sélection à la fin de laquelle le peuple élirait le futur dirigeant d'Ehiropa. C'était l'occasion d'avoir accès à une formation tout en ayant une compensation financière pour les familles. Et ce concours seraient suivi par l'ensemble du pays donc les candidats seront l'objets de recherches intensives de la part des journalistes qui ne cesseront de décortiquer chaque mot, chaque vidéo, chaque indice qui sera mis à leur disposition par le roi. Je soupirais.
Je me demandais s'il y aurait des représentants de chaque caste. Les castes étaient en réalité des groupes d'individus définis par leur hérédité. Elles portaient toutes le nom d'une couleur allant du blanc (la famille royale) au gris anthracite (nous). Les castes avec les couleurs les plus claires étaient les castes supérieurs. Il y avait d'abord, la caste blanche puis suivait la caste d'ivoire. C'était en réalité les aristocrates et très souvent les actrices, chanteuses... provenaient de cette caste privilégiée. Venait ensuite la caste d'argent, les bourgeois, les chefs d'entreprise, commerçants et médecins. La caste gris plomb était quant à elle constitué des instituteurs et photographes. Puis, suivaient la caste gris fer qui comprenait les agriculteurs et les couturiers. Enfin, il y avait le groupe gris dont les musiciens et les aide-ménagers faisaient partis et nous, les gris anthracite. Tout les habitants du royaume avait pris pour habitude de désigner les gens, souvent, par la couleur de leur caste. Il n'était donc pas rare d'entendre dans la rue quelqu'un s'écrier "tien, petite grise, va porter ça chez monsieur ****!". Il était également impossible de se tromper sur la caste de quelqu'un car chacun de nous avait pour obligation de porter, en dehors de chez lui, un foulard de la couleur de sa caste. Cette pensée me traversant l'esprit, je portais instinctivement la main à mon cou où se trouvait le signe distinctif de couleur sombre.
Il était certain qu'à ce Choix il y aurait de nombreux blancs et ivoires ainsi que des argents. Peut-être y aurait-il aussi quelques plombs et fers. Mais ça me semblait presque incroyable de voir des gris et des gris anthracite poser leur candidature. Sauf Laïa ! Elle, elle croyait que c'était possible, que c'était sa chance. NOTRE chance. Moi, je ne savais pas trop ce que je devais en penser. D'un côté, je commençais à être d'accord avec elle. Qu'avais-je à perdre ? Mais de l'autre... Il était certain que je n'avais pas ma place au château, ni-même parmi les ivoires. Honnêtement, vous me voyez, moi, mineur depuis plusieurs années, assise au milieu de ses filles soignées en cachant honteusement mes ongles rendus noirs par le travail derrière mon dos ? Moi pas !
Je soulevais les draps et finis pas me glisser dans mon lit. Puis, je me tournais dans tous les sens à la recherche d'une position confortable. Cette histoire me travaillait et mon esprit peina longuement avant de trouver enfin le calme propice au repos.
Je dévorais rapidement mon pain avec une finie couche de confiture de framboise dessus. Ma mère s'activait autour de nous afin que le casse-croûte de mon père et le mien soient prêts à temps. Elle courait emballer les œufs, le pain ... Soudain, elle fut prise d'une quinte de toux qui la plia en deux. Papa et moi bondîmes vers elle. De la main, elle nous fit signe de ne pas approcher. Je me stoppais net. Papa se précipita vers elle et elle tenta de le repousser vainement. Finalement, la toux rêche de ma mère cessa de résonner autour de nous. Je restais bras ballants à la regarder. Ce n'était pas la première fois que je l'entendais tousser. Mais depuis quelques temps sa toux empirait.... Mon père chuchota quelques mots à son oreille. Elle semblait d'accord avec ce qu'il dit car elle lui répondit d'un simple hochement de la tête. Les yeux d'un noir profond de ma mère se posèrent sur moi. Elle m'adressa un pâle sourire qui se voulait réconfortant. Je lui souris aussi alors que loin d'être réconfortée, je sentais les larmes me monter aux yeux.
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Souffle la liberté
FanficMoi, je vais tenter de devenir reine. Moi, fille inconnue du royaume d'Ehiropa je vais participer au Choix. Le peuple, pour la première fois, va élire son futur souverain. Tout le monde peut participer... dont l'adolescente de la caste des Gris Anth...