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Finalement, Ewen et moi sortîmes de la chambre. Lorsque ma mère me vit, elle laissa tomber tout le linge propre et se précipita vers moi. Elle m'enlaça en m'embrassant. 

- Tu nous a fait si peur, chuchota-t-elle au bord des larmes. 

Papa passa la tête dans l'encadrement de la porte. Lorsqu'il me vit, il ouvrit de grands yeux et se précipita vers moi. 

- Fifi, ma chérie ! Ma chérie ! 

Je tressaillis en entendant ce surnom usuel. 

- Magnificence. S'il-te-plaît papa, ajoutais-je devant son air surpris. 

Il hocha simplement la tête avant de me prendre dans ses bras. Puis, brusquement, il me saisit par la taille et me fit tournoyer. Je ris sans pouvoir me retenir. 

- J'ai retrouvé mon bébé, exultait mon père, les larmes aux yeux. 

Il souriait et courut à la porte en criant. 

- Damien, Alice, venez voir ! Venez vite ! Venez ! Fi... Magnificence est debout ! Magnificence est là ! Venez ! Venez !

Je perçus des cris et des bruits de pas. Damien se stoppa dans l'entrée. Il me regarda fixement, la bouche ouverte, les joues rouges et les yeux écarquillés. Je le contemplais également. Il avait grandi... Brusquement, il se précipita vers moi et me serra contre lui. 

- Fifi ! Fifi ! 

Il me saisit les mains et se mit à tournoyer, m'entraînant dans sa danse folle. Il scandait mon surnom, il le criait joyeusement et brutalement, il se stoppa et ses yeux se remplirent de larmes. 

- J'ai eu si peur ! J'taime tell'ment Fifi ! Tell'ment ! 

Il se jeta dans mes bras alors que les dernières paroles de Travis résonnait dans mon esprit. Je ne pus retenir le corps de mon frère et m'effondrais avec lui. Je pleurais. Lui aussi. 

- Je suis désolée, murmurais-je. Je suis tellement désolée... Je vous aime tous tellement... Pardon... Pardon Damien... Maman... Papa... Mais...J'ai tellement mal... Tellement mal... Travis est mort, Papa... Il est mort... 

Je sentis mon père se joindre à notre étreinte. 

- Je sais ma chérie... Je sais... 

Il essuya doucement les larmes sur mes joues, comme il le faisait quand j'étais enfant. Je me blottis dans ses bras, sanglotant. 

- Papa... Je sais pas comment vivre avec ça.. Papa... Travis est mort... Et c'est ma faute ! C'est ma faute ! Il s'est tué parce que j'ai dit que je le détestais, que je détestais tous les mineurs et tout le monde ! Je voulais pas qu'il meurt papa... Je voulais pas... Il s'est tué parce qu'il croyait que je ne l'aimais plus... Mais je l'aime tellement papa... Tellement... C'est mon meilleur ami ! Laïa... Aimée-Rose... Et maintenant lui ! Et c'est de ma faute... 

Il me berçait tendrement en me murmurant des paroles réconfortantes alors que les larmes dévalaient la pente de mes joues, que les sanglots me déchiraient la gorge et que des hoquets bruyant me secouaient le corps. Mes doigts s'agrippèrent instinctivement à ses épaules, cherchant une prise pour ne pas sombrer encore. 

- Ma Fifi, Travis savait que tu l'aimais. Mais il n'était pas capable de vivre en sachant qu'il avait tué des gens. Travis était un bon garçon ! Et il t'aimait énormément, ma Fifi, énormément. Il ne pouvait pas supporter l'idée de te décevoir, mais il savait que tu l'aimais ! Maintenant, Laïa et lui veillent sur toi... N'est-ce pas ? 

Je secouais la tête. 

- Je ne veux pas qu'ils veillent sur moi. Je veux qu'ils vivent ! Je veux qu'ils vivent, papa ! Je voudrais tellement qu'ils vivent ! 

Souffle la libertéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant