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Travis... J'étais tétanisée... Lui ? C'était impossible... Il se tourna vers moi, les yeux brillants et je sentis ses bras se refermer autour de ma taille. Je répondis mécaniquement à son étreinte. Travis... Je fermais les yeux... Il m'avais sauvé ! Je sentis ses lèvres déposer un tendre baiser sur le haut de mon crâne. 

- C'est fini maintenant, Fifi... Je suis là ... Je te protégerai... 

Brusquement, sans même pouvoir me maîtriser, je fondis en larmes. Ces perles brûlantes dévalaient douloureusement la pente des mes joues rougies et les sanglots me déchiraient la gorge. La peur et l'adrenaline qui m'avait donné la force d'arriver jusqu'ici étaient doucement remplacées par l'incompréhension la plus totale, le désespoir et l'appréhension... Qu'allait-on trouver dans les étages supérieures ? Et Aimée-Rose ? 

- Elle est morte, sanglotais-je. Morte, Travis ! 

- Fifi, je ... Fifi... 

Je me redressais pour lui faire face. 

- Pourquoi ? Pourquoi tu as fait ça ? 

Je martelais son torse de coups de poings de plus en plus violent.

- Tu n'avais pas le droit, hurlais-je. Tu n'avais pas le droit, TRAVIS ! 

Il tentait de me retenir alors qu'une colère sans nom s'emparait de mon être. Je la sentais gronder en moi, prête à exploser... Cette énorme bombe me brûlant de l'intérieur gonflait et se développait dans mon être, nouant ma gorge, serrant mes entrailles, oppressant mes poumons ... Un hurlement bestial sorti de mon être entier. Le monde se mit à tourner alors que je sentais des bras puissants me tirer en arrière. Les bruits se démultipliaient , les formes mouvantes devenaient vaporeuses alors que je sentais mes cordes vocales brûler... Et tout devin d'un blanc laiteux avant de devenir noir lorsqu'une atroce douleur se répercuta dans mon crâne. Un murmure indistinct m'échappa avant que l'inconscience m'arrache tendrement à cette déflagration de sentiments, comme si la Faucheuse venait affectueusement vous fermer les yeux. 

J'entendis au loin des murmures. Je m'appliquais à garder les yeux fermer, à respirer profondément et calmement. Pourquoi avais-je si peur de me réveiller ? Je sentais tout mon corps refuser un retour à la réalité si inévitable... Je sentais des doigts doux dessiner amoureusement sur la paume de ma main. C'était calme... Reposant... Mon esprit se réfugia dans cette plénitude douce que procuraient ses caresses... De petites cercles concentriques, puis des arabesques délicates... Et... Ce tendre baiser, déposé du bout de petites lèvres chaudes sur ma paume glacée... Je frissonnais et ouvris les yeux... Les siens, si bleus, si doux, si tendres... Si tristes... Je tendis mon autre main vers lui et caressais sa joue. Il ferma les yeux et déposa son front contre ma paume... Ewen... 

La porte s'ouvrit avec fracas et je sursautais. Ewen se redressa vivement. Travis et l'affreux chef des colombes entrèrent. L'un s'assit près de moi, l'autre resta debout derrière. 

- Et bien, murmura le blond, assis à mes côtés. Quelle hystérie ! C'est bien t'pique des femmelettes ces crises de nerfs... 

Je l'ignorais et regardais ostensiblement vers l'opposé. 

- Un si beau v'sage déformé par de tels cris... Tu n'avais p'rien d'une princesse. Rien d'tout ! 

Il rit. 

- Ravie de vous rencontrer. Fifi... 

Je me levais d'une bond et lui sautais dessus. Il me saisit les mains alors que je tentais de l'agresser sauvagement. 

- Je ne vous permets pas, grondai-je. Ne m'appelez pas Fifi ! Ne m'appelez pas comme ça ! 

Il me repoussa. Je le toisai férocement, désormais assise en chemisette blanche face à lui. 

Souffle la libertéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant