Souffle la liberté

44.

Une douce caresse sur ma joue m'éveilla doucement. Un petit miaulement s'échappa d'entre mes lèvres alors que mes paupières papillonnèrent timidement. J'entendis un petit rire joyeux raisonner à travers le léger brouillard qui m'entourait encore. C'était... J'ouvris de grands yeux, surprise. Ewen ? Je me redressais sur les coudes pour le regarder. Il s'était installé sur le bord de mon lit et ses doigts étaient toujours, tout naturellement, posés sur ma joue droite. Il m'adressa un grand sourire. 

- Tu es adorable quand tu dors, s'exclama-t-il en ébouriffant mes cheveux déjà bien décoiffés. 

J'eus une moue boudeuse. Adorable quand je dormais ? Mon frère m'avait répété des centaines de fois que j'avais tendance à émettre de drôles de bruits dans mon sommeil, lorsque je ne ronflais pas. Le prince se moquait-il de moi ? Ou était-il sincère ? Je ne savais pas vraiment ce qu'il fallait que j'en pense. 

Il me souriait doucement, l'air simplement content. Je sentis que je voulais lui sourire également mais je me retins. 

- La fête d'hier était vraiment belle, me fit-il remarquer alors que j'arrangeais mes coussins pour être la mieux installées possible. 

Je hochais vigoureusement la tête. Il avait raison. Je fermais les yeux pour laisser mes réminiscences s'emparer de mon être. La fête était la plus belle que j'avais jamais vécue dans mon propre village. Pourtant, c'était une totale improvisation. Et pour la première fois, le boulanger dansait avec le mineur sans aucun soucis. Les danses traditionnelles, les plats sucrés offerts par le pâtissier, tout était parfait. Et Ewen et moi, nous avions dansé au milieu des autres..... 

- Merci de m'avoir appris à danser la gargottille, sourit-il. Et de ne pas m'avoir laissé à l'écart. Cela m'a vraiment fait plaisir. 

Je souris. Ewen avait été un très bon élève et en quelques minutes, il dansait mieux que beaucoup de mineurs. 

- Allez, prépare-toi, nous rentrons au château, s'exclama-t-il en déposant un doux baiser sur mon front. Ton frère t'attend pour te dire au revoir. 

Il m'adressa un clin d'œil avant d'ouvrir la porte et de laisser entrer mon petit frère qui courut pour sauter sur mon lit.  Il se roula dessus en riant avant de venir s'asseoir près de moi. 

- Bha dis donc, c'est l'belle vit ici, rit-il avant de se remettre à s'amuser avec les draps. 

Je me levais pour gagner la salle de bain en lui promettant de revenir dès que je serais prête. Je me dépêchais et ressortis, prête et apprêtée. Damien me regarda avec un grand sourire.  

- T'es magniifique, Fifi, s'exclama-t-elle alors que je tournais sur moi-même pour lui montrer ma robe. 

Puis, avec espièglerie, j'en saisis deux et m'exclamais : 

- Alors, laquelle veux-tu mon petit Damien, ris-je en m'approchant à pas furtif de ma proie. 

Il fit mine de crier de peur en se sauvant en courant dans la chambre. Je le poursuivis en riant, prête à le rattraper. Je me jetais sur lui habilement, puis, le chatouillais sans vergogne. Il se tortillais, suppliant que je cesse ma torture, alors que je me montrais intransigeante. Mais ma victime passa à l'offensive avant même que je n'ai le temps de le réaliser et je me tortillais à mon tour pour échapper à ses doigts experts. Soudain, la porte s'ouvrit et nous nous stoppâmes brutalement, le souffle court. Ewen nous regardait surpris, un sourcil levé, signe de son incompréhension. Je me redressais rapidement et époussetais ma robe, tentant de la défroisser fébrilement. 

- Il est l'heure de partir, annonça le jeune homme d'une voix à la fois douce et tendue. 

Je sentis mes entrailles se contracter brutalement et ma gorge se nouer... Partir ....  Encore... Je me forçais à inspirer profondément alors que je me sentais au bord des larmes. Dire au revoir... Encore... Une petite main se déposa timidement sur mon bras et je sursautais. Mon petit frère me contempla de ses grands yeux tristes. Pourtant, un grand sourire ornait son visage pâle, dévoilant ses dents blanches et mal-alignées.