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Un éclat de rire, gras, me foudroya sur place... Le roi riait ! Il riait à gorge déployée ! Je restais totalement immobile, les yeux écarquillés de surprise. Et Sa Majesté se leva pour se placer à mes côtés. Je levais des yeux craintifs vers lui.... Et, à ma grande surprise, il posa une main sur mon front. Je me gélifiais sur place alors que l'humide palme royale se trouvait sur ma peau. Ma respiration se stoppa nette. Ses yeux, enfoncés dans leur orbites, me fixait avec hargne. Et ma bouche s'assécha complètement. 

- Pauvre enfant fiévreuse, s'exclama-t-il. Rentrez, mon enfant, nous allons prendre soin de vous et faire disparaître toute maladie de votre adorable esprit. 

Je restais figée. Totalement... Étais-je la seule à sentir cette menace sur moi ? L'épée de Damoclès était accrochée au dessus de ma tête et j'en avais désespérément conscience.  

Sur un seul signe du génie manipulateur, deux gardes armés vinrent me chercher pour me conduire hors de l'estrade. Je jetais un regard désespérée à Ewen qui affichait un air contrarié et surpris à la fois. Il me fit néanmoins un petit signe de tête se voulant encourageant, les lèvres pincés, proche du courroux total. 

- Laissez-moi passer, hurla-t-on brusquement. Poussez-vous ! C'est MA FILLE ! MA FILLE ! 

La détresse et la colère dans la voix de mon père... Je me figeais. Papa, criait tout mon corps, mes cordes vocales, mais je me retins d'hurler comme une enfant effrayée. Je me stoppais pour me tourner vers lui et je le vis, sauter par dessus les sièges, le regard effaré, tendant la main vers moi... 

- Fifi ! Fifi ! 

Il accourait comme lorsque j'étais petite, comme lorsque je pleurais alors que je devais descendre au fond de cette mine. Il accourait comme un père inquiet au chevet de son fille... Le garde me poussait de la main vers la porte et, mue par mon seule instinct filiale, et peut-être aussi par cette peur panique qui régnait en maître sur mon esprit et mes entrailles, je devais bien l'avouer, je tendis la main vers lui. 

- PAPA ! 

Le cri raisonna dans la salle, et mon père redoubla d'énergie. De nouveaux gardes apparurent et aidèrent mon père à venir jusqu'à moi. Le roi devait l'avoir ordonné d'un nouveau signe imperceptible. Je me jetais dans ses bras et c'est enlacés que nous traversâmes la porte. Nous nous stoppâmes à l'extérieur. Un soldat m'annonça qu'il allait chercher une voiture pour moi. Mon père prit tendrement mon visage entre ses mains. Il le parcourra de ses doigts avant de me serrer contre lui. 

- Ma Fifi, mon enfant, pardonne-moi. Je... Je suis si fier que tu sois ma fille... Tu es... Tu es magnifique ! Mon bébé... Tu n'as jamais cessé d'être mon enfant, malgré toutes mes bêtises... Je croyais que tu deviendrais comme eux mais ton cœur, ton cœur est toujours celui de ma petite Fifi, adorablement pleurnicharde ! Tu es mon trésor... 

- Papa, le coupais-je en pleurant... Je ne suis pas malade... Je... Je pensais chacun de mes mots et... Le roi... 

Il posa un doigt sur ma bouche pour me faire taire avant de me serrer de nouveau dans ses bras. Il sentait la crème de rasage très bon marché, celle qui sentait le poivre et piquait toujours le nez. Mais aujourd'hui, c'était le meilleur parfum que je pouvais sentir, le plus réconfortant, le plus doux et le plus... paternel ! 

- Je sais ma Fifi... 

Je me redressais. 

- Je suis désolée, papa... Je voulais pas que tu m'en veuilles... Je te jure... Je t'aime tellement... 

Il resserra son étreinte sur moi et je m'agrippais davantage à lui en murmurant son nom. Il déposa un baiser sur mon front, me berçant doucement. Je savais au rythme de sa respiration, légèrement plus rapide que d'habitude, qu'il pleurait également. 

Souffle la libertéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant