15.

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Je me dirigeais vers le château après avoir aidé Peter. D'un pas sautillant, je montais les marches lorsqu'une voix m'appelant me surpris.

- Mademoiselle Magnificence Dauriac !

Je me figeais. Mademoiselle Magnificence Dauriac ? Qu'est ce que ça sonnait mal à mes oreilles ! Je me retournais, angoissée. Le ton peu avenant me laissais craindre le pire.

Une femme ronde au chignon serré se dirigea vers moi d'un pas courroucé. Elle agitait ses bras dans une tentative d'accélérer la marche sans toutefois se décider à courir... Je la regardais, surpris. Enfin, elle arriva à ma hauteur et je remarquais ses lèvres pincées en une moue furibonde. Qu'avais-je bien pu faire de si répréhensible ? Essoufflée, elle prit quelques secondes pour reprendre sa respiration.

- Je suis dans l'obligation de vous faire remarquer qu'il n'est pas convenable pour une demoiselle comme vous de courir dans les couloirs du château !

Sa voix avait un accent des plus désagréable alors qu'elle s'envolait littéralement dans les aigus lors de son intervention.

- Euh... Vous êtes, demandais-je sans la moindre arrière pensée.

La femme parut offusqué par une telle demande.

- Je suis ? Je suis ? Mais vous cumulez ma pauvre petite ! Ne vous a-t-on jamais appris à faire preuve de plus de politesse ! C'est honteux, oui, un tel comportement venant d'une candidate du Choix est honteux ! Vraiment ! Je me demande ce que ...

Elle fut coupée par le claquement élégant de talons sur le parquet. Je fis volte-face pour voir la nouvelle venue. C'était la jeune fille de tout à l'heure... Toujours aussi belle et élégante ! Quel était son nom déjà...

- Mademoiselle Aimée-Rose de la Rochefoucauld, s'exclama ma tortionnaire avec un air d'adoration.

C'était ça ! La jeune blonde s'arrêta et me souris avec gentillesse.

- Je vous cherchez, s'exclama-t-elle en me saisissant le bras pour m'emmener avec elle.

Je la regardai, surprise.

- Jouez le jeu, mademoiselle, ou le sermon risque de durer des heures, chuchota-t-elle de manière à ce que je sois la seule à l'entendre.

Je fis un petit sourire contrit à la donneuse de sermons et laissais mademoiselle de la Rochefoucauld me guider dans le couloir. Elle me fit un sourire espiègle et complice. Je tentais de lui rendre.

- Merci, soufflais-je.

Elle rit doucement avant de me relâcher. Puis, elle m'expliqua qu'il s'agissait de la gouvernante du château. Elle me donna alors quelques anecdotes sur des sermons qu'elle l'avait déjà entendue faire qui durait parfois près de trois heures ! J'en restais ébahie.

- Vous semblez bien la connaître, remarquais-je, curieuse.

- Ma famille est proche de celle de Sa Majesté, m'expliqua-t-elle avec un petit haussement d'épaule. Alors j'ai passé de belles vacances dans ce château !

Je hochais doucement la tête. Elle passait ses vacances ici ? Quoi de plus normale ! Je lui souris et tentais de prendre congés d'elle mais elle me retint par le bras.

- Si vous me permettez un petit conseil, murmura-t-elle, troquez ses vêtements contre ceux qui siéront plus à votre rang actuel. Montrez à tous les candidats du Choix et au prince que vous êtes des leurs ! Ils vous accepteront plus facilement... Surtout que tant que le prince ne vous aura pas saluer de manière officielle, votre place ici ne sera pas reconnue par tous !

Sur ce, elle m'adressa un petit clin d'oeil et me laissa là. Je restais immobile, silencieuse. Le prince ! Encore lui ! Mais jusqu'où allait son influence ? ... Merci de ne pas répondre à cette question, pensais-je en secouant la tête. Dans tout le royaume !

Je soupirais... Il fallait que le prince me salue ? Mais pourquoi tout revenait-il toujours à lui ! J'entrais dans ma chambre et me laissais choir sur mon grand lit. J'enfouis mon visage dans les oreillers et fermais les yeux. Il ne m'adressait même pas le moindre regard... Alors me saluer ! Ce n'était pas pour demain...

Je roulais sur moi-même pour finir allongée sur le dos. Mes yeux parcouraient le plafond où étaient peintes des étoiles... Je les contemplais... Ce ciel ressemblait à celui que je voyais du pas de la porte de mon village... Je tendis la main vers les étoiles... Inaccessibles, comme toujours. Je laissais mon bras retomber mollement et soupirais encore. Bientôt, ce serait l'heure du repas avec la famille royale. Et je devais choisir de porter une robe comme conseillée... Ou pas... Je me redressais et mes yeux se posèrent sur une table en bois dans la pièce. Je m'approchais. Je caressais le papier posé dessus. Du papier à lettres... Je m'assis et dessinais du bout du doigt sur le papier. Je m'imaginais écrivant à ma famille. Puis, je relevais mon doigt et le rêve s'estompa, laissant derrière lui un manque immense. Je me pris la tête entre les mains. Que faire ? Soudain, je me redressais.

Je pris une grande inspiration... Il était temps de savoir ce que je voulais !

Je descendais les escaliers, craintivement. Mon cœur battait fort dans ma poitrine. Je sentais ma bouche s'assécher davantage à chaque marche franchie. Mes mains tremblaient autant que mes jambes et je me stoppais pour me calmer. Allez Fifi... Tu peux le faire ! Je repris ma descente, déglutissant pour me redonner courage.

- Tu peux le faire, Fifi, chuchotais-je. Oui, tu le peux ...

Je me retrouvais face à la grande salle à mangée. Les portes étaient fermées. Étais-je en retard ? Je sentis la peur me tarauder l'estomac et mes mains devenir moites. Un homme me salua puis attendis. Je le regardais sans comprendre.

- Votre nom...

Je rougis. Mon nom, oui, bien sûr !

- Magnificence Daubriac, déclarais-je d'une voix étranglée alors que je souhaitais paraître sûre de moi.

Il hocha la tête et les portes s'ouvrirent devant moi. J'entendis mon nom être annoncée à l'ensemble des personnes déjà présentes. Tous les regards se tournèrent dans ma direction... Je vis la surprise dans leur yeux. Je me sentis rougir mais me forçais à avancer. Mon rythme cardiaque atteignait des sommets... Je déglutis et me dirigeais vers ma chaise alors que tous me suivaient des yeux. Ils détaillaient ma tenue... Mon habit de mineur.


Souffle la libertéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant