34.

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Alice, Gauzelibe et moi étions montées dans ma chambre. Je rédigeais avec acharnement une lettre pour la jeune fille. Au cours de ma dispute, plutôt violente, avec le prince, j'avais réalisé quelque chose. Et maintenant, je devais tout organiser correctement. C'est donc avec joie et fierté que je mis un point a ma toute première lettre. Je la contemplais fièrement. J'avais écrit une lettre ! Moi ! Je souris, heureuse. 

- Que faisons-nous, finit par demander Gauzeline à qui j'avais demandé un silence complet. 

Je me tournais vers elle et appuyais mes coudes sur le dossier de ma chaise. 

- J'ai écrit une lettre, m'exclamais-je en la brandissant. 

Gauzelune fronça le nez. 

- Je ne suis pas sûre que ce soit le bon moment, fit-elle remarquer assez sèchement. 

Une moue boudeuse s'afficha sur mon visage. 

- Tu n'as pas compris, soupirais-je. 

Je me retournais et mis ma si belle lettre dans une enveloppe que je cachetais avec délice. Puis je la mis dans la main de la jeune aveugle. Sa main était délicatement emprisonnée dans les miennes. 

- Va à cette adresse et donne cette lettre à la famille habitant là. 

Je la tirais ensuite vers les escaliers et tout en descendant lui expliquais encore ce qu'il fallait qu'elle face. 

- Dis leur que moi et Laïa t'envoyons, insistais-je. N'oublie surtout pas de mentionner Laïa ! 

Elle hocha la tête et bêtement, je lui fis signe de la main alors que la voiture s'éloignait. Gauzeline reniflait. Je lui saisis le bras avec un sourire se voulant réconfortant en lui disant : 

- Elle sera bien là-bas, fais moi confiance. 

Je savais que c'était la meilleure chose à faire. C'était un endroit simple et chaleureux qui l'accueillerait à bras ouverts. Ils avaient toute ma confiance. 

J'entrainais la cuisinière vers son lieu de travail et la fis asseoir à une table. 

- Je vais vous faire du thé, annonçais-je en me dirigeant déjà vers la bouilloire. 

Elle se leva précipitamment et voulut m'arrêter. Je la repoussais en riant. Apparemment ce n'était pas convenable. 

-Oubliez un peu ces histoires, fis-je mine de la sermonner, aujourd'hui, nous sommes simplement des amis, s'entraidant et se remontant le moral. 

Je préparais donc un thé que je versais avec joie dans une tasse devant elle. Elle me remercia avec un regard ému. Je lui souris mais au fond de moi, je me sentais brusquement mal. Je levais les yeux et mon regard tomba dans celui du prince. Il détourna le sien, je fis de même. 

Nous nous ignorions... J'en oubliais mon thé qui refroidi dans ma tasse. Il avait détourné les yeux... Et moi aussi... Que lui dire maintenant ? Je l'avais quand même menacé avec un couteau ! C'était le genre de chose qui mettait généralement fin a toute relation. Et cela me semblait légitime... Mais c'était de sa faute ! S'il ne disait pas toutes ces bêtises aussi ! Je soupirais. Finalement, c'était à lui de venir vers moi. Et pas l'inverse ! 




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