8.

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Au fond de la mine, la chaleur régnait. Je m'essuyais le front avec mes mains sales et y laissais des traînées de poussière noire. Puis, je me remis au travail. Je n'étais pas de nature très grande ni très enrobée, c'est pourquoi j'étais souvent chargé de me faufiler dans certains endroits étroits. Mais pas cette fois ... La pause du repas fut accueillit avec joie par tous les mineurs ! Je m'installais à même le sol à côté de Travis. Nous travaillons dans la même équipe. L'équipe numéro 234, travaillant dans le boyau 41. Je mâchais consciencieusement mon sandwich alors que Travis dévorait le sien gloutonnement. Je lui fis remarquer qu'il allait s'étouffer et il secoua la tête en riant. Je souris. J'allais prendre une nouvelle bouchée lorsqu'en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, je me retrouvais brutalement secouée. Ma tête cogna à plusieurs reprises contre le mur derrière moi et mes dents s'entrechoquèrent tellement violemment que j'eus l'impression qu'elles allaient se briser. De la poussière tomba en abondance sur nous tous et je fermais les yeux le plus fort possible, serrant les poings. Un bruit assourdissant résonnait... Puis un sifflement lui succéda. Je me bouchais les oreilles et hurlais par pur instinct. Mon cri finit par s'étouffer dans ma gorge. Je ne sais pas combien de temps je restais ainsi immobile, le cœur battant, la peur au ventre, les yeux fermés, les oreilles bouchées et la respiration de plus en plus difficiles. Je sentis des doigts sur ma joue, la caressant doucement. J'ouvris les yeux craintivement. Travis me surplombait. Je bougeais mes mains avec hésitation avant de laisser mon ouï enfin libre. Le silence. Un silence de mort.

Travis m'aida à me redresser et je remarquais le goût du sang dans ma bouche. J'avais dû me mordre la langue lors de ... De ce quoi ? Je questionnais Travis du regard, sachant pertinemment ce qui venait de se passer mais souhaitant encore bêtement qu'il m'annonce autre chose. Les autres membres de l'équipe commençaient eux aussi à se relever et Travis quitta mon champ de vision. Je regardais autour de moi. On aurait dit que de véritables morts-vivants sortaient de terre....

- Tu vas bien, Fifi ?

Je sursautais. Mon ami était de retour près de moi. Je hochais simplement la tête et lui retournais la question d'un geste du menton. Il me sourit et me serra cotre lui.

- C'était ... , demandais-je d'une voix roque alors qu'il me lâchait.

- Un coup de grisou, murmura d'une voix sans timbre Louïss, une homme d'une quarantaine d'année près de moi.

L'évocation de ce nom me fit frissonner. Mon cœur se mit à battre la chamade....

- Papa, m'ecriais-je. Damien ! Travis, Damien était là ! Travis ! Damien e...

Ma bouche entra avec un violente douceur en contact avec un tissu couvert de poussière. Je me tus et restais immobile, surprise. Des bras musclés m'entouraient fermement.

- Calme-toi, Fifi, chuchota une voix grave avec une extrême douceur. Tout va bien se passer. Il faut suivre le procédure. Ton père et ton frère vont faire de même. Tu les retrouveras à l'extérieur.

Il me fallut quelques minutes pour assimiler les informations et je finis par hocher la tête. Travis desserra son étreinte autour de moi et plongea ses yeux sombres dans les miens. Je restais immobile.

- Viens.

Il me prit la mains et m'entraîna vers le reste du groupe qui se dirigeait déjà vers les ascenseurs. Nous parcourûmes plusieurs mètres. Nous marchâmes longtemps, en priant pour qu'aucun rocher écroulé ne nous bloque le chemin. A certains moments, nous dûmes grimper par dessus des cailloux effondré. Mais ce fut presque sans embûches et avec un soulagement collectif que nous vîmes les ascenseurs. D'autres hommes y étaient déjà.

- Travis, hurla quelqu'un en se précipitant vers nous.

Sous la couche de poussière, j'eus du mal à reconnaître le père de Travis, Burck. Il serra son fils contre lui avec délivrance. Il lui chuchota quelques mots. Puis, il me salua et me serra brièvement dans ses bras. Les différents groupes se mélangèrent, les amis se retrouvaient avec joie... Je regardais partout autour de moi, à la recherche de la petite frimousse tant espérée. Mes mains tremblaient. Le grand brun à mes côtés passa son bras autour de ma taille.

Souffle la libertéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant