Sur le chemin, Travis et papa prirent de l'avance alors que Laïa et moi traînaillons derrière. Elle s'enthousiasmait de nouveau à propos du Choix. Je ne l'écoutais que d'une oreille distraite. Mais ce n'est pas pour autant qu'elle en devint moins bavarde ! Enfin, nous arrivâmes en vu de la mine. Je serrais les poings alors que mon cœur battait fort dans ma poitrine. La vue de cet endroit sombre se détachant clairement sur le ciel rosé du soleil levant m'avait toujours fait froid dans le dos. Même éclairé par le soleil, cet endroit était glacial comme hanté par les nombreuses âmes ravies par ces lieux. J'inspirais profondément pour me donner du courage.
Après le passage obligé dans la salle des "pendus" où nous nous changions et la lampisterie, c'est une boule au ventre que je descendis dans les entrailles de la terre. Pendant toute une journée, je supportais le travail harassant, l'humidité et la chaleur.... Et c'est avec une joie et une fatigue sans nom que je remontais à la surface. Dehors, je respirais profondément l'air frais, en emplissant mes poumons goulûment. Le ciel avait bien changé pendant mon séjour dans l'ombre de la mine. Le soleil descendait maintenant à l'est, tranquillement. Une main se posant sur mon épaule me fit brutalement sortir de ma contemplation. Je fis volte-face précipitamment. C'était Laïa. Je lui reprochais de m'avoir fait peur et elle rit, de son rire cristallin et communicatif. Si communicatif que je me joignis bientôt à elle. Ensemble, nous partîmes nous débarbouiller. Petit à petit, nous retrouvions un aspect plus humain.
En repartant, je croisais maman sur le chemin. Elle, elle allait commencer à travailler. Je lui fis un petit signe de la main alors qu'avec Laïa, nous rentrions. Il était à peine quinze heure mais nous étions exténuée. Nous nous allongeâmes dans une pâturage bordant le village et discutâmes longtemps. Bien sûr, le Choix fut encore le sujet de notre conversation. Laïa n'en démordait pas.
- Je n'irai pas, déclarais-je. Ma place est ici, près des miens.
En disant cela, je pensais à maman, à mon cher Damien,à mon papa... à moi... Seule, dans un immense château .... Sans mon frère à taquiner, sans mon père à embrasser le matin, sans ma mère pour me réconforter... Je ne pouvais pas !
Laïa pinça les lèvres mais n'ajouta rien. Je voyais que ce n'était pas de gaieté de cœur qu'elle gardait le silence. Je posais une main sur son épaule et tentais de rencontrer ses yeux bleus perçant.
- Je ne suis pas comme toi, Laïa, murmurais-je. Je ne suis pas...
Je me tus un instant, cherchant les mots juste pour exprimer ce que je ressentais.
- Tu es toujours forte, courageuse, pleine de vie... Et charmante, ajoutais-je avec un petit coup de coude dans ses côtés. Les gens t'adorent. Ils t'ont toujours adorés ! Même ceux des castes supérieures ! Tu les charmes, tu les attires... Tu as quelque chose de spécial !
Elle me regarda, surprise, les yeux brillants. Je ne lui avais jamais dit toutes ses choses que je pensais depuis longtemps... Et la vérité c'est que parfois, j'étais jalouse de ses grands yeux bleus, de son sourire magnifique, son rire, sa joie... Elle était fascinante !
- Et moi, repris-je, moi je suis juste.... Fifi. La petite fille pleurnicharde que tu as aidé en maternelle n'a pas changé ! Je suis sensible... triste, souvent... Et surtout incapable de faire face aux Choix ! Je ne peux pas me retrouver au milieu de personnes qui me mépriseront ! Et quitter cette caste qui me verra alors comme...comme une traîtresse ! Je ne peux pas...
Laïa me saisit la main. Elle avait un doux sourire sur les lèvres.
- Je te comprends... Mais ensemble, toi et moi, on peut y faire face ! Ensemble ! Jusqu'ici, on a tout fait ensemble et ça c'est bien passé ! Et puis...
Elle se mordit la lèvre inférieure.
- La vérité c'est que si je n'avais pas toujours su que tu étais là pour me soutenir, je n'aurais pas eu le courage de faire tout ce que j'ai fait... J'ai besoin de toi Fifi, avoua-t-elle en n'osant presque pas me regarder.
Je restais sans voix. Laïa ? Besoin de moi ? J'avais toujours cru que c'était le contraire ! Moi, j'avais toujours eu besoin d'elle pour m'aider, ne pas me faire marcher sur les pieds... Sans elle, je n'avais pas été capable de faire grand chose... Elle ne pouvait pas avoir besoin de ce genre de personne avec elle ! Mais elle insista. Me démontrant à chacun de mes arguments que je l'avais soutenue autant qu'elle l'avait fait. Alors j'ai répondu oui... Oui, Laïa, je poserai ma candidature avec toi...

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Souffle la liberté
FanfictionMoi, je vais tenter de devenir reine. Moi, fille inconnue du royaume d'Ehiropa je vais participer au Choix. Le peuple, pour la première fois, va élire son futur souverain. Tout le monde peut participer... dont l'adolescente de la caste des Gris Anth...