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Je descendis les quelques marches alors que la main d'Ewen se trouvait toujours au creux de mes reins. Une fois en bas, je restais sans voix... Un magnifique bureau de verre sombre trônait au centre de la pièce et se noyait sous les dossiers, les papiers, les crayons, dans un désordre royal. 

Je m'avançais timidement, consciente d'enfreindre quelques règles inconnues... Ewen et Aimée-Rose se consultèrent du regard. 

- Que cherche-t-on, finis-je par demander, m'enhardissant. 

- Tout ce qui semble avoir un lien avec ces colombes, m'expliqua Ewen. Nous devons en savoir plus ! Surtout si elles ont tenté d'entrer en contact avec mon père... 

Je hochai la tête et m'approchai d'une pile en équilibre précaire sur le bord d'une étagère. Je la saisis et la déposai à même le sol, m'agenouillant devant elle et inspectant chaque papier. Des factures, des lettres de réclamations, une langue inconnue, des lettres d'attachés commerciaux à l'étranger.... Le temps passait inexorablement, me laissant de plus en plus ennuyée... Fouiller ainsi était loin d'être quelque chose de distrayant... 

- Ewen ! Regardez ! 

La voix d'Aimée-Rose me sortit du pénible déchiffrement d'une écriture oblique et mal dessinée. Même si je n'avais pas été convié par le cri de surprise de la jeune femme, je me précipitais vers eux. Sur la pointe des pieds, je déposais ma tête sur l'épaule du prince, regardant ainsi par dessus l'obstacle qu'il formait. C'était une lettre ... 

- Lis-là, Ewen, l'exhortais-je, curieuse. 

Il hocha la tête et se lança : 

- Votre Grande Majesté, Vous ne voulez pas accéder à nos requêtes alors que nous nous mourrons dans vos mines. Nous ne sommes pas de la vermine qu'on écrase sans états-d'âme. Prenez-garde aux représailles, le château royal n'est pas si bien gardé. 

Il se tut. C'était tout ? Je lui arrachais la feuille des mains. Pas un mot de plus... Juste une petite colombe bien mal dessinée. 

- Ce groupe de fauteur de troubles nous menace, constata Ewen d'une voix vibrante de colère. Il parle de représailles ! 

- Voilà pourquoi nous sommes de retour dans ce palais annexe, chuchota Aimée-Rose. Le roi craint une attaque... 

Soudain, une signature que je ne connaissais que trop bien s'offrit à ma vue. Je tendis des doigts tremblants vers la feuille jaunie et froissée... Du plat de la main, je la défroissais. Cette signature... Mon coeur se mit à battre plus fort alors que je déglutissais difficilement. 

Votre Majesté, 

La couronne vient de trouver sa place sur votre front si jeune et toutes les responsabilités qu'elles vous offrent pèsent aussi lourd que cet or massif, si ce n'est plus. Je suis votre bien humble serviteur et vous propose l'assistance d'un jeune mineur sans grand talent. Je ne me pose aucunement comme une référence et n'oserais jamais me prétendre supérieur à votre sagacité. Néanmoins, comme le fidèle sujet que je suis, je me dois de vous mettre en garde. Le fond des mines gronde de douleur. Le dernier accident a coûté bien des vies à notre communauté. Nous implorons votre aide, Majesté. Votre bonté sans pareille saura venir en aide à de pauvres infortunés. Nous ne souhaitons que peu de choses et cette missive s'en veux l'humble porte-parole. Les mineurs s'acharnent au fond des mines et ne reçoivent qu'une maigre pitance. Le danger est partout dans cet enfer que nous côtoyons quotidiennement. Je me permets donc, Votre Majesté, de vous adresser quelques requêtes. Pour une vie plus décente, les mineurs implorent votre Jeune Altesse de leur offrir : 

-Un salaire plus élevé 

- Davantage de sécurité

- Une plus grande reconnaissance 

Souffle la libertéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant