Souffle la liberté

19.

La nouvelle était incroyable ! Les souverains du royaume d'Asianie allait venir ici. Il s'agissait d'allié commerciaux de notre royaume. Les rois allaient renégocier leurs accords.... Et la famille royale d'Asianie allait rester au château une semaine entière ! Avec nous, candidats du choix, chargés de l'organisation de leur séjour ! Enfin.. Moi je n'étais chargée de rien du tout... Je ne connaissais rien à ses festivités d'accueil ni au cérémonie officielles. J'étais simplement la fille silencieuse, oubliée dans un coin. Il y avait bien Aimée-Rose qui tentait de m'inclure en me demandant mon avis mais je ne savais jamais que répondre et elle repartait souvent bredouille, un sourire contrit sur les lèvres. Je me contentais donc de faire ce qu'elle me demandait. Par exemple, apporter les tissus à sélectionner, donner la plaquette finale des repas, demander que l'affichage soit effectué... Je faisais tout cela avec bonne grâce, souhaitant que cela rattrape ma si visible incompétence... On pouvait toujours rêver !

L'organisation prenait du temps et les jours passaient à une allure folle ! Et bien vite, se fut le jour J, le jour de l'arrivée de la famille royale d'Asianie... Leur arrivée se fit de manière très solennelle, dans l'après-midi, par un accueil du roi dans la grande salle de réception... Et... Surprise ! Le roi d'Asianie n'était pas là ! Seul son fils, accompagnée de sa mère, avait fait le déplacement. Cela sentait la passation de pouvoir prochaine... De quoi rendre notre prince en titre bien jaloux ! Bien vite, le roi s'enferma dans son bureau avec le prince nouvellement arrivé, alors que les Reines se dirigèrent vers les jardins pour une promenade. C'était maintenant à nous de jouer... Superviser l'agencement de notre salle de réception pour le bal était la priorité ! Moi, j'étais chargé du buffet ... Enfin, simplement de faire en sorte que tout soit là, présenté correctement... Quelque chose de "facile" que je ne pourrais pas "complètement rater comme tout ce que j'entreprenais en général", selon notre cher précepteur... Quelle joie de se sentir si appréciée !

Je me pliais donc à ma tâche de mon mieux. Plaçant les denrées, totalement inconnu de ma pauvre personne, dans un ordre totalement inconnu de ma pauvre personne... Le résultat était...Pitoyable ! Cela ne pouvait décidément pas rester comme ça ! Il était temps de reprendre les choses bien en mains et de diriger ses serviteurs un peu mieux pour éviter les collisions, la perte de la sauce sur le parquet... Allez Fifi ! Comment faisait ta mère lors de l'organisation du buffet de la fête du village où nous ne trouvions pas le quart de ses aliments ? Je pris une grand inspiration.

- Stop, criais-je soudainement.

Toute la salle se figea, même les autre candidats du Choix chargés de l'organisation... Je les ignorais.

- Arrêtez de bouger dans tous les sens, ordonnais-je aux porteurs des plats qui arrivaient sans cesse.

Il se regardèrent entre eux et finalement l'un d'eux s'approcha.

- Nous n'avons pas à obéir à une personne d'une caste inférieure à la notre, déclara-t-il.

Il quitta les lieux et tout le reste suivi, me laissant seule devant mes plats chargés, déposé à même le sol ! Je serrais les poings. Très bien ! Je pris alors les petites assiettes et les déposais sur la table, moi-même. Les agençant de mon mieux, ignorant les regards sur moi... Soudain, la porte s'ouvrit sur Gauzeline qui effectua une révérence maladroite. Elle se dirigea ensuite droit vers moi et effectua une seconde révérence.

- Mademoiselle Daubriac, dit-elle avec politesse. On m'a envoyé vous aider.

Puis, elle m'adressa un clin d'œil que je fus la seule à percevoir. Je souris... Personne ne l'avait envoyée... Elle m'aida alors à soulever les plats les plus lourds et sans jamais rechigner, elle me laissa tester toute sorte de positions pour trouver la plus convenable.