21.

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Je m'étais réfugiée sous mes couvertures, pleurant de honte et de colère. Je m'étais de nouveau ridiculisée... Cela en devenait plus que pathétique ! Et ce prince qui.. Aargh ! Il m'énervait ! Plein de ces préjugés avec ses paroles condescendantes ! J'enfouis mon visage dans mes cousins et étouffais un cri de désespoir. Je n'avais rien d'une demoiselle... Ma place n'était pas ici ! Papa avait raison... Dire que j'avais choisi d'être reniée par mon père pour ça ! Ça ! Des humiliations successives, de la prétention à en revendre... Je fondis en larmes sans retenue. 

- Papa, reniflais-je, Papa... 

J'avais échangé une famille aimante pour une vie qui devait finir par devenir meilleure... Et je n'en connaissais que le pire... Je pleurais sans m'arrêter, toutes les larmes de mon corps... J'étais une idiote ! J'avais fait tous les mauvais choix... 

J'ouvris timidement les yeux et regardais autour de moi, les paupières papillonnantes. J'avais atrocement mal au crâne, résultat d'une crise de larmes indomptables. Je devinais mes yeux bouffis et les traces de larmes sur mon visage aux tiraillements dont la peau de mon visage était désormais victime. Je pouffais de désespoir et rabattis les édredons sur ma tête. Il y avait des jours où on rêvait de ne pas se lever... Celui là en faisait parti ! C'est ainsi que je décidais qu'il était temps de faire l'école buissonnière. Après tout, j'y apprendrais tout autant ! 

Je me laissais aller à traîner au lit sans rien faire du tout. Juste rester immobile, les yeux fermés, me laissant me lamenter intérieurement sur ma destinée sans éclat... Puis, je jouais avec mes mèches de cheveux noires, soufflant distraitement dessus alors que je tentais de me remémorer les voix de ma famille, les journées à la mine... Ma vie, tout simplement... 

La porte s'ouvrit et je sursautais. Je me redressais précipitamment pour voir Aimée-Rose, toujours aussi élégante, me sourire timidement. 

- Euh.. Vous allez mieux, me demanda-t-elle soucieuse. 

Mieux ? Je haussais les sourcils, surprise. Quelle était cette question étrange ? Non, je n'allais pas mieux ! Je n'allais pas, point ! 

- Le prince nous a prévenu que vous étiez souffrante, expliqua-t-elle doucement. J'espère que vous vous remettrez vite ! 

Elle s'approcha et posa une main délicate et blanche sur mon front. 

- Au moins, vous n'avez pas de fièvre, constata-t-elle. C'est déjà pas mal ... 

Elle continuait de parler mais je n'écoutais pas. Le prince m'avait déclarée...souffrante ?  Pourquoi ? Je n'étais pas malade ! Il n'y avait aucune raison pour lui d'excuser mon absence ! Je pinçais les lèvres. Il l'avait fait par pitié... Cela me donnait envie de vomir ! Aimée-Rose pérorait sur tout et rien. Elle déposa des livres à mes côtés sur le matelas. Elle continuait son bavardage, sans que je n'ai besoin de dire quoi que ce soit. Elle était très douée en monologue ! Finalement, je portais une main à mon crâne, souhaitant la passer dans mes cheveux indisciplinés. 

- Oh, pardonnez-moi, s'exclama ma jeune visiteuse. 

Elle semblait sincèrement désolée, les yeux écarquillées et la mine grave. 

- Je vous dérange alors que vous souffrez de maux de têtes ! Pardonnez mon indélicatesse, Magnificence ! Je.. Je peux vous appeler ainsi ? 

Je hochais la tête. Elle sourit, visiblement satisfaite, puis quitta la chambre après m'avoir glissé dans la main la télécommande de la télévision. Je tapais sur les boutons sans savoir comment marchait cette technologie. Finalement, un écran sorti en un bruit sourd et continu du mur du fond, devant mon lit. Elle s'alluma et je m'amusais à zapper sur les différentes chaînes, sans jamais me stopper plus de trois minutes sur l'une particulièrement. Enfin... Jusqu'à ce que je tombe sur cette émission... Un homme en costard strict s'agitait devant moi. Mais ce n'est pas lui qui m'avait surprise. C'était ma photo, étalée sur l'écran, qui m'avait arrêtée. 

Souffle la libertéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant