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Dimanche 7 septembre, 1h08.

" - Allô ? Dis-je à moitié endormie.

- C'est Yanis, tu peux venir ?

- Déjà ?

- Y'en a qui vont bouffer le sol sinon.

- Comme ton cousin toi, vas-y j'arrive. "

Deen n'est pas rentré je dois donc y aller à pied, heureusement que j'aime marcher la nuit et que c'est pas hyper loin. Je branche mes écouteurs, lance " Fenêtre sur rue " d'Hugo Tsr et marche une dizaine de minutes. Une fois arrivé je l'appelle plusieurs fois mais il ne décroche pas ce qui me force à rentrer dans cette maison remplie d'ados en chaleur. L'odeur de cigarette envahit mes narines, on dirait un aquarium carrément. Certaines meufs se frottent aux garçons comme si ils allaient se sautés dessus au milieu de la pièce tandis que d'autres vomissent de part et d'autre. Un attroupement est formé et mon petit doigt me dit que Yanis en est la cause. En effet, Yassine et lui se battent contre d'autres gars. Du moins ils martyrisent d'autres gars. Je m'interpose et agrippe fermement Yanis pour le relevé du mec sur lequel il était.

- Lève toi direct imbécile, on bouge.

- J'AI PAS FINIS ! J'VAIS LUI NIQUER SA RACE A CE BÂTARD !

- Baisse d'un ton quand tu me parles déjà.

- IL INSULTE MA FAMILLE WESH !

Il bouge dans tout les sens et ça devient compliqué de le tenir cet asticot.

- Sors de la baraque tout de suite, j'arrive.

- QUOI ? NON WESH J'VAIS LE FINIR ! W'ALLAH J'VAIS LE FINIR !

- Et après tes frères nous finissent nous, alors ta gueule putain et SORS !

Ma patience a des limites et elles ont été atteintes. Yanis sort à contre-cœur suivi de Yassine. Je m'agenouille à côté du gars, salement amoché.

- Je serais pas toujours là alors la prochaine fois évite d'insulter sa famille.

Je lui tapote l'épaule ce qui le fait grimacer, j'suis une gamine parce'que ça me fait rire. En sortant je passe à côté d'un " couple de soirée ".

- Et toi là respecte toi un peu et trouve un gars bien au lieu de faire la te-pu.

Elle me lance un regard noir avant que je sorte de la maison. Les deux branleurs sont assis sur le trottoir dans un silence de plomb, le visage entre les mains.

- Debout les clochards.

- Elle est où ta voiture ? Demande Yassine qui est le premier à se lever.

- Ta daronne t'as fais des jambes c'est pour t'en servir, non ?

- Jusqu'aux Tarterêts ?

- T'es fou wesh j'vous ramène pas dans cet état, bande de sauvages.

- Il insulte ma famille j'suis un gros PD si j'fais rien.

- T'étais obligé de le massacrer ?

- J'pouvais pu m'arrêter wesh !

- T'emballe pas ou j'te balaye, crachais-je exaspérée par son comportement.

- Toi faire ça ? Dit-il en riant ouvertement.

- J'vais pas rire longtemps avec toi Yanis, ça marche pas avec moi de faire le beau alors redescend et rapidement.

Plus personne ne parle sur le reste du trajet, chacun dans ses pensées. Brahim va me défoncer en voyant l'état des gosses. On arrive chez moi et Dieu merci Deen est toujours pas là.

- Salle de bain direct.

Personne ne réplique et je commence par Yassine qui est le plus amoché des deux.

- Si j'vous vois vous battre encore une fois j'vous casse les jambes.

- Pourquoi tu fais la meuf violente alors que tu ferais pas de mal à une mouche ?

- Tu me connais pas Yanis alors parle pas trop vite.

- Se battre c'est dans nos vies encore plus pour l'honneur de la mif.

- Ça t'amènera à rien dans la vie.

- Bien sûr que si.

- Crois moi. Allez dans mon lit on part de bonne heure demain.

Je leur montre ma chambre et vais me poser dans le canapé. Mon sommeil c'est fait la malle.

- Pourquoi t'es pas dans ton lit ? Me demande Deen, les yeux éclatés en s'affalant dans le canapé, sa tête sur un oreiller posé sur mes cuisses.

- Parce'que. T'as conduis, défoncé ?

- Ouais.

- Espèce d'abruti t'as été finit à la pisse pour faire des trucs con comme aç.

- Je sais qu'Hakim est venu te voir.

- Et ? J'ai 20 ans Deen et...

- Il va te faire du mal.

- Il en aura pas l'occasion, le rassurais-je.

- Tu verras.

- Laisse moi fréquenter tes potes, promis il se passera rien avec eux.

- D'accord.

- Dors maintenant.

Il le fait rapidement et je me retrouve seule avec mes pensées jusqu'au lendemain matin.

*****

Je réveille les deux sauvages qui ont vraiment bien du mal à sortir de leur sommeil. Bon en même temps il est que neuf heures mais je commençais à me faire chier.

- Encore un peu...

- Ça veut faire les grands mais ça assume pas après, me moquais-je. On va manger où vous voulez.

Ils se redressent directement sous mes rires et on bouge au grec. Oui à cette heure mais que voulez vous, ils ont choisit. On mange tranquillement, on prend tout notre temps même, avant de se remettre en route. On flippe tout les trois, au moins on sait que nos vies se terminent bientôt. Obligés les gars ont eu des échos de la soirée et Brahim va me niquer salement. Plusieurs personnes sont devant dont Brahim, les frères de Yanis et celui de Yassine.

- L'Alaska c'est un beau pays, ça vous dit ? Demande nerveusement Yassine qui n'a même pas défait sa ceinture.

- Ouais carrément frère.

- Moi j'peux rentrer chez moi au pire hein.

- J'balance ton adresse à mon cousin si tu fais ça.

- Ah le putain de traître, m'indignais-je. Bon allez on porte nos couilles ou pas ?

- T'en as pas.

- Ta gueule Yass, on y va.

On descend tout les trois et on y va à reculons. J'ai vécue cette situation où je me fais défoncer par mon meilleur ami beaucoup trop de fois dans ma vie.

Jungle UrbaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant