3.

2.7K 154 171
                                    

- J'veux arrêter de me protéger quand on le fait et que tu stoppe la pilule.

Je manque de m'étouffé avec ma salive mais continu à faire semblant de dormir.

- Je sais que tu dors pas Julyanna.

- Je veux rien arrêter, moi.

- Je veux un enfant. 

Les larmes me montent aux yeux. Moi je veux pas d'enfant avec quelqu'un d'autre que Nabil. 

- Pas moi Arthur.

- Pourquoi ? 

- C'est comme ça.

- T'as vraiment cru que j'allais rester avec toi si tu veux pas de gosse ? 

Je sens à sa voix qu'il est énervé et j'appréhende déjà la tournure de cette conversation. 

- J'en veux pas d'autres moi.

- Non c'est sûr qu'avoir ta mioche au père mort ça te suffit, mais pas à moi.

Mon cœur se serre sous la violence de ces mots. J'irais jamais mieux.

- Parle pas de lui comme ça, je réclame sèchement.

- C'est ça ton problème.

- J'ai pas de problème.

- Si parce'que t'es toujours amoureuse d'un putain de mec mort ! 

- Parle pas de lui, j'ai dis ! Je cri en me levant du lit.

- Je fais ce que je veux, cet enculé m'empêche de fonder une famille avec toi ! 

Mon regard est des plus noir et je ne sais pas ce qui me retiens de le détruire sur place, hormis le fait qu'il fasse une tête de plus que moi.

- Prend tes affaires et casse toi de chez moi.

- Non Ju', je voulais pas dire ça.

- Bouges, tout de suite. 

Je rentre dans la chambre d'Alya qui ne se réveille pas quand je la prends dans mes bras. Je retourne dans ma chambre où Arthur prépare déjà ses valises. 

- Je te ferais parvenir tes meubles où tu sera et je te laisse la voiture. J'veux que tu sois parti quand je reviens. 

- Julyanna, s'il te plaît.

Je ne l'écoute pas et quitte l'appartement. Je sors du bâtiment et pars dans celui d'à côté. Je frappe chez Tarik qui m'ouvre les yeux complètement éclatés, seulement vêtu d'un jogging. 

- T'es malade de sortir à cette heure là, avec la p'tite en plus.

- Tranquille Tarik j'avais deux mètres à faire.

- C'est trop.

- T'abuses, je soupire en levant les yeux au ciel.

Je rentre et m'affale dans le canapé avec ma fille. J'observe les nombreuses feuilles sur la table et l'envie de pleurer revient subitement.

- J'arrive pas à écrire sans lui, il souffle en posant ses pieds sur la table basse.

- J'ai l'impression qu'on arrive pas à grand chose quand il est pas là.

- Si seulement c'était qu'une impression. 

- J'ai toujours pensé que je finirais ma vie avec et maintenant qu'il est plus là, j'ai plus envie de connaître l'amour.

- Il voudrait pas ça.

- Je sais mais c'est comme si y'avait que lui qui pouvait me rendre heureuse. 

- J'me suis toujours dit que je partirais avant lui, je voulais pas imaginer ce que je serais si il était pas là et je sais pourquoi. Je suis pas grand chose sans lui.

Le silence règne à présent dans la pièce ce qui me permet de réfléchir. Je vais finir ma vie seule et cette pensée, que jamais je ne retrouverais l'amour, ne me rend même pas triste. C'était l'amour de ma vie, y'aura personne d'autre. 

- J'étais jaloux de toi. 

Je regarde Tarik ne comprenant pas ce qu'il pouvait m'envié. 

- T'es la dernière personne à l'avoir vu en vie. Il était heureux, je le sais, mais j'aurais voulu lui dire au revoir et qu'il l'entende. J'crois que je t'en ai même pas voulu d'être partit, je comprenais même, j'étais juste jaloux.

Je reste bouche bée face à ses aveux. Je ne m'attendais pas à ça mais je peux le comprendre. Totalement même. Si ça avait été un de mes frères et leurs copines, je l'aurais eu mauvaise aussi. 

- Je suis désolée.

- C'est pas ta faute.

- Lya va grandir sans père, je chuchote tristement en caressant les cheveux de ma fille.

- Elle a une armée de tonton, c'est déjà ça, il sourit en regardant sa nièce.

- Ouais.

- On va au lit ? 

J'hoche la tête et le laisse prendre Alya dans ses bras. Il la pose au milieu de son lit, embrasse son front avant qu'on s'allonge tout les deux de chaque côté du petit corps de ma fille. 

- J'ai viré Arthur.

- Une bonne chose de faite. 

Je souris et m'endors rapidement en espérant que mes douleurs seront moins présentes demain.

*****

- Tarik ? Je chuchote près de son visage endormi.

- Mmh.

- Je te laisse Lya le temps d'aller faire deux, trois courses.

Le grognement qu'il fait me confirme que je peux lui laisser ma fille. Je sors de l'appartement sans faire de bruit et me met en route à pied direction le cimetière. Je voulais pas dire à Tarik que je me rendais là-bas, son humeur aurait été massacrante pour la journée.

- Salut mon amour. 

Je reste quelques minutes à fixer les inscriptions sur la pierre tombale. "Dans la légende". On voulait pas en faire trop, il fait quelque chose de simple et efficace, ça nous est apparu comme une évidence. Comme nous eux, il reste mon évidence à jamais. 

- J'ai quitté Arthur, je pouvais pas rester avec de toute façon. J'vais pas refaire ma vie, j'ai un enfant de mon premier amour, j'ai pas besoin de plus. 

Je souris en imaginant le visage illuminé de notre fille, ayant quand même un pincement au cœur.

- C'est ton portrait craché, tu verrais. Tu serais fière d'avoir une fille comme elle, même si tu l'aurais surprotégé. 

Une larme coule et je ne prends pas la peine de l'essuyée. 

- Tu me manques, beau ténébreux.

Je l'imagine râler en levant les yeux au ciel à cause de ce surnom qu'il trouvait ridicule. Mon cœur est une nouvelle fois compressé, bordel.

- J'ai besoin que tu me dises que tu m'aimes, une dernière fois. 

Je ferme les yeux, me remémorant la première fois qu'il m'a dit ces quelques mots et l'effet qu'ils ont eu sur moi.

Flashback

Il se relève légèrement et plante ses yeux dans les miens. Putain je pourrais faire n'importe quoi pour ce regard.

- Je t'aime.

Mon cœur rate un battement et un doux frisson parcourt mon corps. 

Fin du flashback

Je pleurs à nouveau et le haïs l'espace d'une seconde de m'avoir laissé et de me rendre si sensible.

- Je t'aime.

J'ouvre les yeux et les referme aussitôt aveuglée par la lumière. Je les ouvre quelques secondes plus tard et analyse la pièce autour de moi.

Une chambre d'hôpital.

Jungle UrbaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant