8.

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Deux semaines plus tard

Je m'accorde une pause, affalé dans le canapé de mon meilleur ami. On passe la journée tout les deux puisque ce soir il part en voiture chez son frère. Il a prévu d'y rester quelques temps et même si ça me brise le cœur de ne plus le voir pendant une durée indéterminée, je sais que c'est pour son bien. Il me paraît tellement faible en ce moment. 

- Bon tu bouges ton cul ! Quarante ans pour se préparer ! 

J'attends qu'il sorte de la salle de bain depuis trente minutes et ma patience à ses limites. Là, elles ont été largement atteintes. 

- Wesh tu fous quoi ? Je demande en entendant quelque chose tombé dans la salle de bain. Brahim, ouvre ! 

Je tape plusieurs fois sur la porte dans l'espoir qu'il m'ouvre mais rien ne se produit. 

- Brahim, ça ne me fait pas rire ! 

Au bout de quelques secondes, il m'ouvre et son état plus qu'inquiétant me saute aux yeux. Il fait peur à voir. 

- Faut aller à l'hôpital wesh, t'as vu ta tronche. 

- Non, attends.

- Mais non on attend pas, faut qu'on sache que tu as.

- Je le sais déjà.

- Alors vas-y, dit moi doctissimo, je réclame en croisant mes bras sur ma poitrine. 

- Mes reins sont foutus, j'vais mourir.

Je pouffe de rire mais me ressaisis rapidement quand je vois le sérieux dont il fait preuve. 

- C'est une blague mais tu rigoles pas pour lui donner plus de crédibilité ? Hein, ouais ? 

- J'aimerais bien Lyly, je te jure que j'aurais préféré. 

- Bon, je suis compatible alors je peux...

- Non Lyly, tu ne fera rien cette fois.

- Pourquoi ? 

- Tu vas pas me donner un rein.

- Bien sûr que si, j'en ai un qui me sert à rien autant qu'il soit utile à quelqu'un.

- T'en as assez fait pour moi pour toute une vie, on arrête.

- Non mais tu délires complètement, ça tourne pas rond là-haut, je râle en tapant son front du bout de l'index.

- Julyanna...

- Non mais y'a pas de Julyanna qui tienne ! Tu vas prendre ce foutu rein et vieillir avec moi ! 

Ma vision est floue mais je peux voir les larmes aux coins de ses yeux noirs. Ces yeux que j'ai toujours aimé contempler, où j'ai vu l'amour qu'il me porte depuis notre enfance. Brahim a été la première personne -hors famille- dans laquelle j'ai pu voir ce que ça faisait d'être aimé. Je pourrais donner ma vie pour lui alors un rein me semble tellement insignifiant.

- Brahim, s'il-te-plaît. 

- Non Lyly, je changerais pas d'avis.

- Me fait pas ça, pas toi. M'abandonne pas.

- Je t'abandonne pas. 

- Bien sûr que si ! Je cri. Tu préfères mourir au lieu de te battre ! 

- J'ai plus la force de me battre.

- Moi je l'ai, je vais le faire pour nous deux alors te décourage pas putain ! On avait dit qu'on vieillirait ensemble mais tu me lâches...

- Lyly, c'est finit.

- Mais arrête bordel, pourquoi tu baisses les bras comme aç ? Il est où mon Brahim qui se battait pour obtenir ce qu'il voulait ? Là, tu te bats pour quoi au juste ? Mourir ? 

- Julyanna, force pas.

- Bien sûr que si je force, jusqu'au bout je forcerais même ! D'ailleurs, tu comptais vraiment aller chez ton frère ? 

- Non, je vais me faire hospitaliser. 

- Bon bah alors allons-y, je t'offre un rein. Cadeau de Noël, un mois à l'avance aller hop ! 

- J'ai dis non. 

- T'as pas le choix.

- Je veux pas de ton putain de rein, dit-il d'un ton froid et cinglant. 

Il aurait crié si son état lui avait permit mais il est beaucoup trop faible.

- Et moi je veux pas que tu meurs ! Alors putain Brahim si tu m'aimes, si je compte pour toi tu vas accepter ce rein parce'que bordel je survivrais pas sans toi.

- Pleurs pas, viens là.

Je me réfugie dans ses bras, m'accroche à son t-shirt que je trempe de mes larmes. Je peux pas vivre sans lui, ne plus le voir, l'entendre, le toucher, lui parler. Ça me crève le cœur rien que d'y penser.

- Je veux pas que tu me laisses, pas déjà. On a encore un tas de choses à vivre ensemble. Alya et Qaïs on besoin de leur tonton.

- Ils ont déjà une armée.

- Mais vous êtes tous différents. Faut pas que tu nous laisses.

- Je vous laisse pas.

- Bien sûr que si.

- J'ai pas le choix.

- Je te propose une solution, accepte la.

- Lyly, t'as déjà beaucoup fait pour moi, jusqu'à être privé de liberté. Je peux pas te prendre un organe.

- On a toujours dit "ce qui est à moi, est à toi".

- Jusqu'aux organes ? 

- T'aurais pas accepté un refus de ma part.

- Je sais, oui.

- Alors j'en accepte pas non plus.

- Tu vas pas lâcher l'affaire, hein ? 

- Tu me connais.

- C'est d'accord.

Je m'accroche un peu plus à lui et pousse un cri de joie. J'aurais insisté jusqu'à ce qu'il accepte de toute façon. Il le sait.

- Je t'aime.

- Je t'aime aussi même si t'es archi casse couille.

Je souris, essuie mes joues et me lève avant de lui tendre la main.

- On y va.

- Où ? 

- A l'hôpital.

- Maintenant ? 

- Oui, au moins on est sûrs d'être tranquille pour Noël.

- Va prévenir Nabil avant, non ? 

- Je vais lui envoyer un message.

- Lyly, dit-il assez durement.

- C'est bon c'est rien.

- On va t'enlevé un rein wesh !

- J'en ai deux, c'est bon c'est r. 

- T'es une grande malade.

- Tu devrais être habitué.

- On s'habitue jamais à toi. 

Je lève les yeux au ciel et sors mon téléphone pour prévenir Nabil de mes futures occupations.

A : Le chieur de ma vie 

Je vais à l'hôpital, Brahim a besoin d'un rein ;) Tu pourras m'emmener des fringues, stp bébé ? 

Je prédis déjà sa réaction mais ne préfère pas y penser et me concentre plutôt sur ce que je m'apprête à faire. Je suis réellement rendu au point où je vais donner un rein à mon meilleur ami ? Une chose est sûr je ne l'aurais pas fait pour n'importe qui.

Jungle UrbaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant