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Point de vue Deen.

Je viens de finir d'appeler tout les gars qui vont arriver au compte gouttes. Maintenant il me reste le plus dur : Jehkyl. J'appréhende sa réaction. J'ai été à sa place quand on m'a informé qu'elle était dans le coma. Je m'en voulais, j'avais l'impression de pas lui avoir assez dit je t'aime, de pas avoir passé assez de temps avec elle. C'est ce que je ressens actuellement mais je sais que pour lui, avec la distance, ce ressenti va être multiplié.

- Deen ? 

Je regarde Brahim et le voir me rappelle les jours où Julyanna vivait sans se soucier de rien. Cette période est bien loin derrière nous.

- Ouais.

- T'as appelé Jehkyl  

- Non faut que je le fasse mais ça me fait flipper.

- Tu veux que je le fasse ? 

- Non, non, t'inquiète.

Je décide de sortir de la salle d'attente et m'assois dehors près de la porte pour fumer une cigarette. Ce n'est qu'à la fin de celle-ci que je me décide enfin à appeler mon petit frère. 

" - Ouais ? 

- J'te dérange frère ? 

- Non t'inquiète, grosse vague d'inspiration.

- Ah ouais, je vois.

- Et toi tu fous quoi réveillé à cinq heures ? T'as une voix chelou en plus.

- Juju elle est à l'hosto frère.

- Elle c'est fait une entorse au pouce comme quand elle avait dix ans, tu te rappelles ? 

- Ouais et j'aurais préféré.

- Frère, dit moi.

- Monte sur Paname.

- J'vais pas faire huit heures de route sans savoir pourquoi ma reus est à l'hosto.

- Monte et j'te dirais.

- Deen balance tout de suite, je vais vriller.

- Elle c'est faite violée.

- J'arrive, je pars. " 

Il raccroche sans me laisser le temps de lui répondre. Maintenant je vais flippé jusqu'à ce qu'il arrive en espérant qu'il ne se passe rien de mauvais sur la route. 

- Frère reste pas au sol.

Je regarde Hakim et saisis la main qu'il me tend pour me lever. Je le prends dans mes bras ainsi que Ken et Idriss. On retourne en salle d'attente et tout le monde se serre dans les bras, même Hakim et Nabil qui ont comprit qu'ils devaient mettre leur rivalité de côté. On attend des heures et des heures, tellement longtemps que Jehkyl finit par arriver les yeux éclatés. Il s'assoit à mes côtés et je saisis sa main. On a tout les deux besoin de ce contact. On est tous réunit et aucun de nous ne parle à part de temps à autre pour sortir une insulte. Au bout de ce qui me semble interminable un médecin vient enfin nous voir. 

- Quand on m'a dit que vous étiez beaucoup, je n'imaginais pas autant.

Il pense vraiment que c'est le moment de dire ce genre de chose ? Reste calme Deen, pour ta sœur.

- En tout cas mademoiselle est bien entourée.

Bien entourée faut vite le dire étant donné qu'elle vient de subir un viol, je songe intérieurement.

- Abrégez, non ? 

Il faut croire qu'Hakim n'a pas ma patience vu le regard assassin qu'il jette au médecin. D'ailleurs celui-ci n'ose pas regarder l'Algérien et ça se comprends, je ferais pas le malin si je le connaissais pas.

- Euh... Oui, euh... Je peux donner toutes les informations devant tout le monde ? 

- Ouais allez y, je réponds légèrement agacé. 

- Excusez moi mais qui êtes vous pour ma patiente ? 

- Ses frères, ok ? On est ses putains de frères alors maintenant dîtes tout.

- Bien, déclare t-il un peu contrarié. Suite à son agression votre sœur a plusieurs traumatismes. Un nez de cassé, des points de sutures à l'arcade sourcilière droite ainsi qu'en dessous de la lèvre. Une entorse au poignet gauche, des égratignures sur les bras et le visage ainsi que des marques de doigts autour du cou qui révèle une tentative d'étranglement. Mademoiselle était également en hypothermie et se trouve actuellement dans le coma.

Mon sang ne fait qu'un tour, j'ai envie de tout détruire. Son état est pire que je ne le pensais, j'imaginais pas autant d'ampleur des blessures. Ma sœur ne sera définitivement plus jamais la même et j'ai peur de ce que ça va donner.

- Et enfin, je ne sais pas à qui je dois particulièrement m'adressé pour cette annonce.

J'ai envie de lui éclater le crâne, jamais il veut s'arrêter de parler pour annoncer des mauvaises nouvelles.

- Mademoiselle à perdue le bébé, je suis sincèrement désolé.

Tout nos regards se tournent vers Nabil qui fixe le médecin, les yeux écarquillés. Il n'avait pas l'air au courant. Son corps est crispé des sourcils aux orteils et il sort de la salle d'attente à une vitesse fulgurante. Tarik, les yeux rouges me fait signe qu'il sort pour tenter de le calmer. Il vient de perdre un enfant dont il vient d'apprendre l'existence, c'est quel genre de journée de merde ça encore ? 

Et ma mère putain, elle en voulait à Julyanna pour son séjour à Fleury mais maintenant elle va être rongé par la culpabilité de l'avoir ignoré aussi longtemps. 

Je regarde les gars qui ont l'air dévastés par ce qu'il se passe et c'est là que je réalise qu'ils tiennent réellement à ma sœur. Les trois quarts ont leurs casquettes baissées pour cacher leurs yeux.

- Vous pensez qu'elle va s'en sortir ? 

Yassine est celui qui montre le plus ses émotions et je vois que Juju compte vraiment pour lui. Et vu le nombre de fois où ma Julyanna déballe à quel point elle est fière de lui je peux dire que cet attachement est réciproque. Ils sont devenus comme frère et sœur.

- En toute honnêteté il y a très peu de chance mais en tout cas si elle le fait il faut que vous sachiez que c'est une guerrière. 

" Très peu de chance ", je vais la perdre. Je me laisse aller et pleurs en serrant mon petit frère dans mes bras comme si lui aussi allait me laisser. Même Julyanna est forte elle ne voudra plus vivre après tout ça. A vingt et un an elle a déjà vécue beaucoup trop de mauvaises choses : l'abandon de mon père, Brahim et moi. Le suicide de notre sœur, la drogue, le coma, la prison, l'ignorance de notre mère, le viol et la perte du bébé. Elle ne survivra pas à ça.

*****

Pour me remettre de ces chapitres déprimants je vais aller manger des Trésor en regardant des vidéos de Prime avant de pleurer parce'que je me lève à 6h30 pour partir sur Paris

Je sais que c'est un peu triste en ce moment mais tout n'est pas rose alors il faut des périodes comme ça...

A jeudi ou vendredi au plus tard, je vous aimes !

Jungle UrbaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant