Anastasya TOME 1

Chapitre trente six

Je me retourne à la hâte, et découvre Clochette, les mains sur le ventre, pliée en deux.

«T'as eues la frousse hein! Me dit-elle, morte de rire.

- Tu ne devais pas aller aidé l'Âne? Lui demandai-je, arborant une mine absolument neutre.

- L'aider? Tu m'as bien regardé? Non, non, je voulais juste que tu te retrouves seule.» M'explique-t'elle.

Clochette m'adresse un sourire puis plaque une de ses main sur sa bouche, comme pour me délivrer un de ses secrets.

«Pour te faire peur. Chuchote-t'elle avant d'exploser de nouveau de rire.

- C'est vraiment pas drôle. L'informai-je en levant les yeux au ciel.

- T'as eu peur, je le vois, je le sens,je l'entends.» Conclu-t'elle en me tendant la langue.

Je lève les yeux aux ciel. Bon, j'avoue avoir stressé quelques secondes, mais de là à dire que ma peur se voyait, se ressentait, et se touchait, c'est un peu fort!

«Lâchez-moi ! Pour qui m'avez-vous pris? C'est vous qu'on doit jeter aux dragons, pas moi!» Hurle une voix familière dans notre dos.

En vitesse, je me dirige vers l'Âne qui, par les extrémités de ses quatre pattes, se fait porté comme un vulgaire animal, la tête vers le sol. Il relève des yeux apeuré vers moi, les deux hommes le portant ne me calcule absolument pas.

«Lâchez-le? Où est-ce que vous l'emmener? M'écriais-je, attisant la curiosité des deux hommes, et des personnes présentes autours de nous.

- Ils vont me jeter aux dragons! Hurle l'Âne tandis que les deux hommes s'arrêtent.

- Aux dragons? Mais pour quoi faire? Le questionnai-je, tandis que Clochette me rejoins.

- Pour boire le thé!» Répond agressivement l'Âne, tentant par la même occasion de relever sa tête.

J'avoue avoir mis quelques secondes à comprendre que sa remarque était ironique. Alors sans plus attendre, j'oblige les hommes à le relâcher.

«Vous n'avez pas honte? Relâchez-le immédiatement! Leurs dis-je.

- Les dragons doivent être nourris, ce n'est pas la première bête qui veut se défendre! Croyez-moi, des comme lui, j'en ai déjà vu des centaines!» Rétorque l'homme, fronçant les sourcils.

C'est incroyable tout de même! On plaide sa cause, et ils ne le croient pas! Et puis quoi encore! Ils aimeraient qu'on les servent à nourrir aux dragons? Je rêve! Je ne m'appelle pas Anastasya s'il ne le relâche pas!

«Cette bête ne peut pas servir de casse croûte aux dragons! Enfin, regardez-le! Il empeste les poubelles! Vous voulez vraiment que vos dragons tombent malades?» Dit Clochette, très convaincante.

Les deux hommes se lancent alors un regard inquiet et jettent un coup d'oeil à l'Âne.

«C'est vrai que son odeur laisse à désirer...Admit l'un d'eux.

- Et que son pelage n'est pas luisant...Avoua l'autre.

- Mais peu importe l'odeur et la beauté, ce qui compte, c'est la chair! Vous n'avez qu'à demandez aux dragons, ils vous diront la même chose! Conclu l'homme qui tiens l'Âne par les pattes avant.

- Les dragons, ça ne parlent pas.» Rétorque l'Âne, dont la frayeur s'était évaporée, et dont la pose étrange ne gène absolument pas.

Alors de plus belle, les hommes se remirent en marche, et les hurlements de l'Âne reprirent de leurs entrains.

«Stop! Vous ne pouvez pas le donner aux dragons!» S'écrie Clochette.

Les deux hommes s'arrêtèrent une nouvelles fois, et en même temps, levèrent les yeux au ciel.

«Et pourquoi ça? Demanda l'un d'eux.

-Car c'est un être vivant, et vous n'avez pas le droit de le donner à manger à un autre être vivant. Mais c'est dingue ça, où est-ce qu'on vit? C'est quoi ce monde de barjos? Cet Âne parle, éprouve des sentiments, pense, et vous voulez le donnez à manger aux dragons? Nom de dieu, mais c'est une merveille de la nature! Vous en croisez souvent vous, des ânes qui parlent? Relâchez cette pauvre bête! Expliquai-je d'une traite, haussant la voix.