Chapitre huit

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Média - Capitaine Crochet

-Anastasya, murmure une voix suave dans mon oreille.

Un frisson me parcours la colonne vertébrale, je me retourne dans le lit. Et de nouveau, la voix me caresse, aussi douce que la mélodie d'un Xolfe. Jamais je n'avais entendu une voix pareille : si grave, si profonde.

-Anastasya...

J'ouvre un œil, puis l'autre, et me redresse sur le lit. La pièce est plongée dans la pénombre malgré les reflets de lune s'infiltrant à travers la fenêtre. Je distingue le petit corps de Clochette sur la commode, mais m'aperçois que Peter n'est pas là. Il doit sûrement être avec la jolie brune de tout à l'heure.

D'où provenait cette voix ? Je ne l'ai jamais entendu, oui, c'était la première fois. Je l'ai peut-être rêvé ? C'est tout à fait possible...

Au lieu de me remettre au lit et de poursuivre mon sommeil, je me lève et me poste devant la fenêtre. Pour une raison qui m'est inconnue, je veux vérifier qu'il n'y ai personne dehors, me faisant une mauvaise blague. Mais alors que je m'apprête à rejoindre le lit, je discerne une fine silhouette en bas de la fenêtre. Je ne vois pas son visage, mais quelque chose m'incite à la rejoindre. Alors d'un pas léger, je quitte la chambre et descend furtivement les escaliers.

La salle est plongée dans le silence, seul deux hommes, sûrement ivres, sont affalés sur leur table, en plein sommeil. Il ne reste plus que les serveuses d'éveillées. Occupée à balayer le sol, à astiquer les tables et à nettoyer les carreaux, elles demeurent silencieuses, très certainement épuisées. Et puis il y a moi, qui quitte mon lit en pleine nuit, dans le but de rejoindre un parfait inconnu en bas de ma fenêtre.

Mais qu'est-ce que je suis entrain de faire ?

Soudain, comme poussée par une force qui me dépasse, je sors de l'auberge. Le froid s'abat sur moi, et mes jambes se mettent à trembler sous le tissus léger de ma robe de nuit. Un frisson me traverse le corps et je croise mes bras sur ma poitrine, les cheveux au vent.

Autour de moi, tout est noir. Je ne discerne ni la forêt à l'horizon, ni le chemin qui mène à l'écurie. Avant même que l'idée de rentrer ne m'effleure l'esprit, je contourne l'auberge d'un pas hésitant, de façon à retrouver ma fenêtre de chambre. C'est alors qu'au loin, malgré l'obscurité et le froid qui m'assaille, je distingue la mystérieuse silhouette de l'homme.

Le cœur tambourinant dans ma poitrine, je me plaque contre le mur de l'auberge, plus tout à fait certaine de vouloir la rejoindre. Mais une fois de plus, cette force sur-humaine me pousse à sa rencontre, et tandis que je m'approche de la silhouette, une bourrasque plaque ma chevelure contre mon visage. Je m'étouffe presque avec une mèche de cheveux.

M'étouffer avec mes cheveux. C'est vraiment ridicule. Je prie intérieurement pour que mon visiteur anonyme n'ai rien vu mais un doux rire parvient à mes oreilles.

-Approche, m'incite l'homme.

Lentement, je fais un pas, puis deux, puis plusieurs jusqu'à me retrouver enfin devant lui. Et il n'a suffit à son regard que de croiser le miens, pour que mon cœur cesse de battre, que mon sang rompe toute circulation et pour que ma respiration se bloque.

Son regard. L'océan. Son regard renferme l'océan. Je m'y perdrai bien pour un jour, cent jours ou même toujours. C'est prodigieux et monstrueux à la fois. Je suis vouée à lui et effrayée de lui en même temps.

Dans un effort surréaliste, je parviens à décrocher mon regard du sien et découvre peu à peu son visage, éclairé par la lune. Comment se fait-il qu'il soit aussi prés de moi ? S'est-il rapproché ? Ou au contraire... serais-ce moi qui me suis approché ?

Anastasya TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant