8

104 7 0
                                    

    Je me réveille à la voix de ce petit con qui ose m'appeler par mon prénom:

" Yoongi, nous y sommes.

- C'est Monsieur Min pour toi bouffon." 

  Je le refroidis sec et il reste bouche bée, je ne me soucie pas davantage de ses états d'âmes et ouvre la portière à la volée pour sortir avant d'étouffer. Nous y sommes, en plein milieu d'un quartier huppé de Busan qui pue le fric à plein nez devant un énorme immeuble de verre et de marbre, superbe...Je sens que je vais m'éclater. Le mec louche sort à son tour avant de se diriger vers moi et de me demander de le suivre en me répétant que "chauffeur silencieux" va s'occuper de mes bagages. L'intérieur de l'immeuble est simple mais chic, trop chic...Je n'aime pas ça, tout a l'air factice et éphémère alors que la chaleur du foyer d'Eunji, elle, perdure dans le temps et vous marque. 

   Il nous dirige vers deux ascenseurs et appuie sur le bouton de commande centrale, il m'énerve à sauter d'un pied à l'autre comme s'il était pressé de me jeter dans cette famille et de rentrer, j'ai envie de m'en griller une mais je sais que je vais devoir attendre. L'ascenseur est identique à ce que j'en ai vu jusqu'ici, lumières aux coins et miroir élégant, je me sens faire tache ici et je sais que je ne suis pas au bout de mes peines, d'aucuns diraient que vivre dans ce genre de luxe est attrayant mais moi je me sens juste de plus en plus mal à l'aise. 

   Je vois les étages défiler sur le compteur de l'ascenseur, mon cœur s'emballe et ma respiration devient saccadée, exactement comme quand j'étais à l'orphelinat et que je m'angoissais chaque jour de ce que les grands me feraient. Au trentième et visiblement dernier étage de l'immeuble les portes s'ouvrent et Ducon se précipite à l'extérieur de l'ascenseur, le palier tout de blanc cassé peint est large et bien éclairé de part et d'autre de l'ascenseur de baies vitrées qui donne une impression de vertige. Seul élément du palier, une table basse ronde et deux petites chaises en osier clair posés devant une porte de bois blanc qui s'ouvre dès que les portes se referment. C'est parti...

   Une femme  de la quarantaine nous accueille en souriant de toutes ses dents toutes blanches en agitant les bras.

" Monsieur Kwang ! Entrez je vous en prie, mettez vous à l'aise. Entrez Monsieur !"

  C'est à moi qu'elle s'adresse en tant que "Monsieur"? C'est bien, en voilà une qui connait les bonnes manières au moins... Je m'avance à petit pas prudents dans son appartement qui sent la lavande et le bois, tiens! Eunji aime beaucoup la lavande et en mettait dans tous les coins de la maison, cette simple chose suffit à me rendre un peu d'assurance, je me redresse de toute ma taille et regarde autour de moi. Nous sommes dans un hall d'entrée qui donne, sur ma droite sur un très grand salon sobrement décoré de gris et blanc avec une cheminée noire élégamment intégrée dans le décor ainsi qu'un piano obsidienne dans un coin et sur ma gauche sur une cuisine immense très sophistiquée qui donnerait envie à n'importe qui de s'essayer à la cuisine, n'importe qui mis à part moi...  Et  devant moi se dresse ce à quoi je m'attendais le moins: un escalier de marbre gris et une rampe de fer forgé noire, je croyais que nous étions au dernier étage ?  

"Vous voulez sans doute visiter la maison Monsieur?"

 Je prends plusieurs secondes pour capter que c'est à moi qu'elle s'adresse, je me retourne vers elle en haussant légèrement les sourcils, l'autre enfoiré se racle la gorge avant d'encore l'ouvrir.

" Cela peut attendre que tous les papiers soient signés non?

- Oh eh bien, oui sans doute, passez dans le salon, je vais apporter du thé." 

    Du thé ? Dans quel genre de trou d'arrogants je suis tombé bordel ? L'enflure me regarde l'air de me dire de le suivre sans trop faire de vagues, qu'il aille se faire foutre. Je le regarde s'asseoir avec nonchalance dans un de ces canapés qui puent le fric tandis que je vais me poster près de la fenêtre. Ca donne une sacrée vue sur Busan, d'accord j'avoue que cette vue me plait mais sinon pour l'instant le reste me laisse froid. La dame revient avec un plateau chargé et le pose avec l'équilibre d'une pro sur la table basse, je la regarde faire les yeux plissés, elle me propose une tasse mais je ne réponds meme pas. Inutile qu'elle pense que je l'apprécie, c'est indirectement à cause d'elle que je suis loin de ma famille, elle plisse les lèvres l'air blessée avant de reposer la théière. 

" Madame Lee, devrions nous nous y mettre?"

   Cache ta joie enculé... Entre temps j'ai enfin le nom de la dame, Lee c'est donc son blaze... D'accord. Je le vois sortir les papiers et elle hoche la tete en regardant dans sa tasse de thé, il pose le tout à coté d'elle et elle signe sur place avant que tous deux ne se retournent vers moi l'air d'attendre que je me bouge le train. Je soupire avant de me diriger vers un fauteuil et de prendre le stylo et de lire le papier.

" Mmm, Monsieur Min avant de signer il faut que je vous parle..."

    Je hausse un sourcil non seulement parce que je ne sais pas de quoi elle voudrait bien parler mais aussi parce qu'on croirait presque qu'elle me craint, et puis pourquoi je sens qu'il ya une merde quelque part? L'ambiance est trop louche...

" Il faut que vous sachiez que pendant l'année que nous passerons ensemble je veux que tout se passe bien. Je suis au courant de vos habitudes et je tenterais de vous laisser l'espace qu'il vous faudra pour ne pas trop forcer cette abrupte séparation avec votre quotidien. Mon mari et mes enfants sont du meme avis et nous ne serons pas trop derrière vous pour ne pas vous étouffer, vous les rencontrerez bien évidemment tous ce soir... Je suis Lee Yeri vous pouvez me tutoyer et m'appeler Yeri si vous le voulez." 

   Je me contente de la regarder, son regard me dit qu'elle ne ment pas mais elle est avec la juge et sa troupe c'est suffisant pour moi pour ne pas faire ami-ami avec elle. J'inspire un bon coup avant d'apposer une signature après avoir survolé le document, règles de vie basiques et limites à ne pas franchir en plus d'informations sur le lycée où je serais dès demain. Il me faut une clope et en vitesse, mais en premier lieu je veux que cet enculé de Kwang dégage, plus vite il sera hors de ma vie et mieux je me sentirais. Je lui tends les papiers en les balançant sur la table et vais me reposter à la fenêtre, il range les papiers en répétant à Lee qu'il enverra une copie demain à la première heure, il se lève pile au moment où on tape à la porte. 

  Je vois entrer l'autre avec mes bagages et Lee lui indique une chambre à l'étage pour qu'il aille les y poser, je ne bouge pas de ma fenêtre et ferme les yeux en l'écoutant dire au revoir à Kwang, trois secondes après le mec des bagages dégage aussi et je me retrouve seul avec Lee...  


War Of Hormones Agust D ERAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant