ÉPISODE 113 - (partie 1/8)
Le pas fébrile, Rey franchit le seuil de la maison. Trouver son père. Vite. Avant que la situation devienne invivable. Le prix à payer : le silence oppressant de l'absence de sa moitié, était excessif. Il n'avait pas besoin de Coop-Company© pour être heureux. Rudy, en revanche, était un invariable de l'équation de son bien-être.
Tourner le dos à son héritage déplairait à Marshall, mais cela n'empêcherait pas Rey de s'accomplir dans la vie. Il disposait de ressources pour se faire une place au soleil. Avec Rudy à ses côtés, quoi qu'en dise le reste du monde. La dizaine de milliers d'employés et de partenaires de la compagnie paternelle n'entraverait pas son bonheur.
Contrairement à ce que craignait son père, la White chain intègrerait Coop-Company© dans ses maillons sans en virer le personnel. Le remanier, sans doute, mais pas au point de créer du chômeur à tour de bras. En outre, un dépôt de bilan était une réalité du milieu commercial ; le licenciement, un paramètre de la vie d'entreprise. Cela n'avait jamais troublé le sommeil de Rey. Cruelle opinion, mais tout était question de perspective.
Marshall éprouvait du ressentiment à se voir déposséder de son entreprise. Un bien qui valait l'investissement du tiers de sa vie ; une vie qui arrivait à son terme plus tôt que prévue. L'identité du responsable – un de ses anciens étudiants –, en rajoutait à l'amertume. Voici que l'élève surpassait le professeur. Mais bien que Rey comprenne l'aigreur de son père, le taux de chômage et les inquiétudes paternelles ne lui refilaient pas des cauchemars. Le silence radio du côté de Rudy, oui.
Les jours suivant le gala, Rey avait cru étouffer. Il somatisait parfois son angoisse par une difficulté à respirer. L'impression d'avoir un trou dans la poitrine, qui ne cessait de croitre, rendait sa peau inconfortable. Peu à peu se cristallisait le sentiment de prémonition lugubre qui ne l'avait plus quitté depuis le début du mois de novembre.
À mesure que grandissait les attentes du paternel, Rey tirait un trait sur ses rêves. Le vide dans sa vie prenait une ampleur désastreuse. Maintenir les choses en l'état changerait en réalité son simulacre de rupture avec Rudy. Or Marshall exigeait son calme, une tête froide, quand son cœur n'était que chaos et turbulence. Parce que l'envers du décor du business Lee-Cooper n'était pas blanc.
Certaines transactions de Coop-Company© flirtaient avec le douteux. La société donnait parfois dans le marché noir. Rey n'avait pas encore défini les contours de ce commerce illicite, mais il serait avisé de ne pas se voiler la face. Nombre d'affaires paternelles ne produiraient rien de bon, exposées au grand jour.
Il était souvent question de « blanchiment ». Sous un faux manteau d'honnêteté, Marshall faisait commerce avec des individus que réprouvait la moralité. Des gens dont il ne fallait point se faire belligérant ni allié... Ces charges alourdissaient les épaules de Rey, qui exposait à présent les raisons de sa marche arrière à son père.
— Ce n'est plus possible de poursuivre dans cette lancée. Ce n'est pas à cette vie-là que j'aspire.
— Tu es tombé sur la tête ?
Marshall, que son fils avait déniché dans son bureau, se massa le front. La vue de ses rides serra le cœur de Rey.
« C'est ta faute, Rey. Tu as stimulé son stress et l'a plongé dans le coma... »
— Je ne viens plus te demander ton avis, papa. Je t'informe de ce que j'ai décidé après réflexion. Tes contestations seront vaines.
Heurté, Marshall dévisagea son fils. Il refusait de céder à la déception. Pas encore. Rey le vit dans son regard dur.
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HOT CHILI - saison 4 ▄ PARTIE II
Romance. Quand le rock se marie au classique, les Beat'ONE font des rencontres bénéfiques à l'évolution de leur carrière. Mais l'une d'elles semble vue d'un mauvais œil par Dean, qui pressent des complications pour son couple. ...