ÉPISODE 115 - (partie 3/10)
— Je crois que tu viens de faire une belle boulette, l'ami.
Red brisa le silence qui avait suivi le départ de Sacha.
— Ne te sens pas forcé de dire quelque chose, Andy.
Korgan se passerait volontiers de ses commentaires. « L'ami » était précisément l'expression qu'employait Sacha, quand elle se fermait à toute tentative d'approche de sa part. Elle ruminerait sa colère – longtemps –, et mettrait un point d'honneur à le voir ramer et ramper pour l'absolution. Et il ramperait.
Pourquoi réagissait-elle avec autant de fureur ?! Korgan estimait sa colère justifiée, sa femme n'ignorait pas son aversion pour le commérage sur sa vie privée. Il pouvait encaisser le harcèlement des médias et paparazzis, tant que cela portait sur la musique ou la carrière de sa femme. Mais sa vie privée, et surtout sexuelle, était une chasse gardée. Jusque lors, il n'avait jamais été associé à un scandale de cet acabit. Parce qu'il y veillait. En une soirée, ses efforts tombaient à l'eau ; sa discrétion, bafouée.
Les concessions de Korgan sur sa vie intime se limitaient à un baiser de tapis rouge, une danse, des sourires charmeurs, et des caresses naturelles en public. Comme remettre quelques mèches de cheveux de Sacha en place, entrecroiser leurs doigts, lui prendre la taille, lui faire un baisemain. Mais on ne l'y prendrait jamais à discuter de ses projets de paternité, ou à donner matière à spéculer sur sa vie de couple. Sacha connaissait cette ligne directrice.
Cerise sur le gâteau, le fils du créateur Gilano sortait subitement de son silence, pour dépoussiérer une ancienne liaison avec son épouse. C'était inconvenant ! L'homme devait être en manque d'attention. Mais par ricochet, l'attention de la presse s'était aussi portée sur Korgan.
Au bout de seulement deux jours à expliquer à ses harceleurs téléphoniques et cybernétiques – ses parents y compris –, que « non, il ne tirait pas à blanc », Korgan saturait. D'autant qu'on lui demandait de le prouver. Cinq ans de mariage et toujours pas de gosse ?
À cela s'ajoutaient d'autres questions aussi débiles. Détestait-il les enfants ? Sa femme avait-elle déjà été infidèle ? Avait-il besoin des services d'un sexologue ? Parce que sinon, on connaissait une bonne adresse... Savait-il que son assurance maladie de star couvrait les frais de procréation assistée ? Connaissait-il ce stimulant sexuel, récemment mis en vente en pharmacie ? Est-ce que l'amour tantrique le tenterait ?
Il avait répondu « non » à toutes ces sollicitations. Non, il s'en foutait cordialement ! C'était sa réplique, « non ». Pas celle de Sacha !
Depuis la publication de ce foutu article sur son couple, l'enfer avait élu domicile chez lui. Son ranch, qui jusque-là avait l'avantage d'être loin du centre-ville et de l'Upper Coast, ne garantissait plus sa quiétude. Il en voulait à Sacha d'avoir exposé, certes à son insu, leur havre de paix à l'avidité des paparazzis. Le comble, c'est qu'elle ignorait les conséquences de ses actes, prise par le tournage de la dernière saison de sa série.
— Qu'est-ce que tu lui reproches, en vrai ? osa Red.
— Tu veux savoir la vérité ? gronda Korgan, rattrapé par sa colère.
Il aurait apprécié un peu de solidarité de la part de Red. Que son ami comprenne au moins sa position. C'était cuisant de voir sa virilité remise en cause par un magazine people, à la suite d'un commentaire de sa chère et tendre. Son ego en prenait un sacré coup.
— Je lui en veux de se montrer aussi détachée des réalités, alors que se sont ses paroles qui ont déclenché le raz-de-marée. Peu m'importe que ça n'était pas ses intentions. Elle le sait, bordel, qu'elle doit faire attention à ce qu'elle dit dans ce genre d'évènement mondain !
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HOT CHILI - saison 4 ▄ PARTIE II
Romance. Quand le rock se marie au classique, les Beat'ONE font des rencontres bénéfiques à l'évolution de leur carrière. Mais l'une d'elles semble vue d'un mauvais œil par Dean, qui pressent des complications pour son couple. ...