ÉPISODE 114 - (partie 4/7)
— Torcy, tu ne peux pas espérer toucher des dividendes sur Tekhnopolis©, sans acheter les parts déjà vendues. Mais je doute que les actionnaires soient enclins à te céder leur place.
— La plupart des actions ont été vendues mais pas toutes, rappela Torcy. Il me semble qu'il y en avait au nom de ton fils, si j'ai bonne mémoire.
Dean se glaça. Le salaud n'oserait pas !
— Je les veux, dans leur globalité.
Si, il avait osé.
— Tu te moques de moi ? siffla Dean.
La seconde qui suivait, il se penchait sur le bureau et empoignait Torcy par le col de sa veste. Le geste fut si brusque, si inattendu, que l'homme n'eut pas le réflexe de se dégager. Dean rapprocha leur visage, forçant le rebord de la table design à entrer en collision avec l'entrejambe de Torcy. Ce dernier exhala sa souffrance, mais Dean fut à peine ému de molester un sexagénaire.
— Tu es sénile si tu attends que j'hypothèque l'avenir de mon fils, juste pour que tu tiennes ta langue ! éructa-t-il.
Atteindre le troisième âge impliquait une certaine sagesse, mais Torcy en était dépourvu s'il menaçait les platebandes de Rudy Leblanc. La respiration pénible, étranglé par son col serré d'une poigne solide, Torcy maudit le sort pour avoir manqué de vigilance.
— D-discutons, Dean. La violence n'est pas la solution.
D'autant qu'elle ne changerait pas les choses. Les bras vigoureux de son tortionnaire n'infléchiraient pas son avis. Cependant, la rage contenue dans le regard turquoise lui transit le corps d'un frisson d'appréhension. Cet homme l'étranglerait jusqu'à ce que mort s'en suive, s'il ne trouvait pas de parade ! L'intimité cossue de son bureau deviendrait sa tombe, bien avant que la sécurité rapplique. À ce stade, c'était cher payé le scoop ! Or capituler n'avait aucun attrait pour Torcy.
— On dirait que tu n'as pas encore saisi la précarité de... ta situation, mon grand.
Sa difficulté d'élocution n'enleva rien à sa condescendance paternaliste. Dean resserra sa prise. Torcy dut réfléchir à toute vitesse. Il fouilla dans le tas épars de magazines sur son bureau et en mit un sous les yeux de Dean.
— Quand les paparazzis se jetteront sur l'affaire, il en sera fait du bénéfice du doute ! Qui est-ce qu'ils cuisineront, quand ils feront chou blanc avec toi ou ton amant ? Imagine le plus gros cauchemar des peoples, lancé sur les traces de ton fils.
Malgré ses rougeurs dues à une ventilation contrariée, Torcy comptait bien dépeindre le côté glauque de la réalité à celui qui le molestait.
— Que tu le veuilles ou non, tu es une personnalité de plus en plus médiatisée. S'accoquiner une bande de rockstars et poser sa frimousse de mannequin sur les affiches des mégapoles de l'État ne va pas dans le sens de la discrétion. Combien de temps, avant que ce fils dont tu ne veux pas « hypothéquer l'avenir » suscite l'intérêt de la presse et du paparazzi ? Mais il est oiseux de penser qu'après ceci, ils ne le prennent pas en filature !
Torcy agita de plus belle le média sous les yeux de Dean. D'une poussée violente, ce dernier le renvoya dans son fauteuil, qui couina sous son poids. Il se massa la gorge et tenta vaille que vaille de retrouver contenance. Maudissant le design fantaisiste de son bureau au plateau inégale, il décréta que le meuble ne lui était plus d'aucune utilité. S'il permettait à ses interlocuteurs mécontents de l'atteindre en tendant le bras, sa place se trouvait à la déchèterie !
Le souffle nerveux, Dean braquait son regard noir sur ce qu'il avait pris à tort pour un magazine. Le calendrier de nus, Renovatio by Will Malroy, le narguait, ouvert sur le mois attribué à Rudy.
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HOT CHILI - saison 4 ▄ PARTIE II
Romance. Quand le rock se marie au classique, les Beat'ONE font des rencontres bénéfiques à l'évolution de leur carrière. Mais l'une d'elles semble vue d'un mauvais œil par Dean, qui pressent des complications pour son couple. ...