ÉPISODE 114 - (partie 6/7)
Dean plaqua la main sur le haut-parleur et toisa Torcy. Le milliardaire aurait presque jubilé de retrouver son regard chargé de foudre, s'il n'y décelait pas une lueur dérangeante. Torcy tenait sa proie au bout d'une laisse nommée vendetta, mais n'oubliait pas qu'une bête aux abois était dangereuse.
— Je t'ai dit que je détiens cette info depuis un peu plus d'une semaine. Pourquoi, à ton avis, personne n'en a parlé sur le net, durant ce laps de temps ?
— Tu attends de la reconnaissance ? murmura Dean, sarcastique.
Ce rustre avait donc fait en sorte de bâillonner la fouine, pour garder le monopole du scoop. Cela pouvait aussi s'inscrire dans un jeu de bluff.
— Je te jure qu'il était aussi prêt à vendre l'info, pour la modique somme d'un dollar, à Hotmaid® et I Jet-set®, confessa Torcy. À vrai dire, le mérite de l'avoir bâillonné n'est pas mien, grimaça-t-il, agacé. Mon... fils était aussi présent, ce jour-là, dit-il avec réticence. Il sait pourtant que je déteste lorsqu'il me paie une visite surprise, mais me contrarier est l'un de ses passe-temps, soupira-t-il, fataliste. L'interdiction de divulguer la chose à une autre presse vient de Junior, avoua-t-il, sourcils froncés.
— Hé, Dean, t'es là ?
— Excuse-moi, Andy, c'est une erreur. Les écrans tactiles, tu sais ce que c'est. Je te rappelle tout à l'heure, fit Dean d'une voix égale.
Ne laissant pas à Red le loisir d'en placer une, il raccrocha, sans quitter Torcy des yeux. Son contrôle était admirable, compte tenu de ses envies assassines à cet instant.
— Je n'arrive pas à croire que nos fils soient amis, souffla-t-il, au-delà de l'écœurement. Pourquoi a-t-il fait cela ?
— Par égard pour son ami, je suppose, grommela Torcy, emmerdé. Je peine aussi à saisir les motivations de ce... garçon. Pour tout te dire, le fait que Junior soit mon fils m'est parfois difficile à concevoir.
Dean refusa de se laisser distraire par cette réaction.
— Et tu me fais chanter, pour soudoyer l'héritage d'un ami de ton rejeton, constata-t-il platement.
— Dean, ceci n'est que du business. Je n'ai peut-être pas cru en Tekhnopolis© de la manière dont tu l'as voulue, à l'époque, mais j'ai foi en sa pérennité, aujourd'hui. Je refuse d'être cantonné au banc des recalés. Et tu sais, aussi bien que moi, qu'il est de ces plats qui se mangent froids. Tu n'aurais jamais dû me mêler à cette histoire, pour commencer.
— Tu le dis enfin. Tu ne fais donc qu'assouvir une vengeance. C'est d'une bassesse...
Torcy balaya son indignation d'un geste désinvolte.
— Tout est relatif. D'aucuns disent « la fin justifie les moyens ». Je suis plus adepte de « tout chemin mène à Rome ». Libre à toi de m'imputer des vices. En attendant, mon silence te sort bien des épines du pied.
Les états d'âme de Dean lui étaient broutille. Il n'empêche qu'il avait pris le temps de cerner la personnalité de sa « victime ».
— Déjà, ça évitera à Vince de lâcher le projet Tekhnopolis© en cours de route. Je doute qu'il supportera avec stoïcisme le tabac médiatique autour du coming-out de son fils cadet. Entre nous, la dernière chose que tu souhaites est de revenir me supplier, la queue entre les jambes, de prendre la relève du principal financeur, démissionnaire.
Dean malmena les bras du fauteuil dans lequel il s'était rassis.
— En dehors de White Enterprise©, je suis, sans prétention, le seul fou à pouvoir donner vie à un projet aussi faramineux. L'image extérieure irréprochable des Leblanc est le saint Graal de l'Empire. L'homosexualité, la bisexualité, le lesbianisme, et les autres rubans de l'arc-en-ciel des sexualités, font partie des couleurs qu'ils n'admettent pas sur leur blason puritain. Ça fait tache, je me trompe ?
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HOT CHILI - saison 4 ▄ PARTIE II
Romance. Quand le rock se marie au classique, les Beat'ONE font des rencontres bénéfiques à l'évolution de leur carrière. Mais l'une d'elles semble vue d'un mauvais œil par Dean, qui pressent des complications pour son couple. ...