ÉPISODE 113 - (partie 6/8)
— Tu ne réponds pas ?
Rey dévisagea l'écran de son téléphone puis coupa l'appel.
— Je travaille. Si c'est urgent, il rappellera.
Ça fait deux semaines qu'il aurait dû appeler, songea-t-il, amer. Il ignora le reproche dans le regard de Chloé. Son visage fermé interdit à son attachée de presse de relever. Mais Chloé saturait.
— Vous êtes puériles tous les deux, grogna-t-elle.
— Ce ne sont pas tes oignons, dit-il, cassant.
— J'avais compris, quand tu m'as interdit de le joindre. Quand tu as refusé que je lui parle de ton père, alors qu'il est évident que tu as du mal à le faire.
— Je n'ai pas de mal à le faire, je refuse de le faire, nuance ! persifla Rey.
Chloé soupira.
— En fait, ce n'est pas pour toi que je m'inquiète. Tu me les casses assez pour que je me doute que tu es en forme. Je n'ai plus revu Rudy depuis le catwalk au gala, le mois dernier. Je me demande s'il va bien... ? fit-elle, pensive. (À sa théâtralité, elle rajouta de l'ironie.) Mon vol pour Paris étant prévu pour ce soir, je doute de le revoir avant un moment. Faut que je pense à lui rapporter un souvenir.
Rey la fusilla de ses iris obsidienne. Sophie, l'une des éditrices de look de W.M., dut le rappeler à l'ordre.
— Cesse de gesticuler, le temps que j'ajuste le vêtement.
Toute l'équipe, du moins ce qu'il en restait, était tendue. La fashion-week, vieille de deux jours, siphonnait le calme des professionnels, dont une partie avait déjà pris son vol pour Paris. Rey se demanda pourquoi Chloé n'avait pas été de ce voyage-là. Cela lui aurait épargné son côté casse-bonbons ! Mais son jeu chiant avait le mérite de détourner le cours de sa colère et de sa déception. Il était las de le diriger sur son correspondant. Tu parles d'un appel tardif.
— S'il te manque tant que ça, tu as son numéro, Chloé. Pourquoi tu passes ta journée à me casser les noix et les oreilles au lieu de l'appeler ?
— Lui ne m'avait pas manqué, par contre, ton côté sale con, opposa Chloé d'un ton égal.
Elle était loin, l'époque où il l'intimidait, nota Rey. Il se fit soudain suspicieux.
— Tu ne serais pas en mission pour Will ?
L'homme avait quelque chose derrière la tête, dont le schéma lui échappait encore. Cela avait commencé par inviter Heidi Mei à son atelier, tous les jours que le bon Dieu faisait. En raison de sa participation à la fashion-week, Rey n'avait pas eu d'autre choix que de souffrir sa présence lors des préparatifs. L'équipe s'était prise d'affection pour la pimbêche à la candeur décalée. Chloé fut sauvée par le gong, lorsque Will interpella Rey.
— Ramène tes fesses dans mon bureau. Fissa !
Sophie grommela, mais libéra le mannequin. Avec le rush autour de l'évènement mode, ce n'était point le travail qui manquait. Elle trouva occupation ailleurs. Rey pénétra dans le moulin à vent que Will nommait « bureau ». On y entrait et en sortait comme dans un moulin, justement. Cette pièce ne garantissait aucune intimité. Le créateur arriva sans doute à la même conclusion, puisqu'il se ravisa.
— Suis-moi, plutôt.
Dans le couloir menant vers une sortie de secours peu usitée, il entama la conversation.
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HOT CHILI - saison 4 ▄ PARTIE II
Romantik. Quand le rock se marie au classique, les Beat'ONE font des rencontres bénéfiques à l'évolution de leur carrière. Mais l'une d'elles semble vue d'un mauvais œil par Dean, qui pressent des complications pour son couple. ...