HOT CHILI - saison 4 ▄ PARTIE II

S04 - EP 28 ✦ part I

ÉPISODE 118 - (partie 1/7)

— À quoi tu joues ?

La douleur explosa à l'arrière du crâne de Rudy. Celle de son cœur la supplanta, lorsque le souvenir de leur première confrontation remonta à la surface. Rey et lui, face à face, à l'arrière d'un mur de briques rouges d'un centre scolaire, un jour estival de cours de rattrapage. (Cf S01-EP06_part.II) Au ton haineux de Rey, il opposa un sourire.

— Bonsoir, Rey. Ça fait un bail.

Il en redemanderait, de cette douleur, tant qu'il se tenait si près du jeune homme. Rey n'avait pas changé de parfum. C'était rassurant. Il se permit même le luxe de le humer, les yeux fermés. Mais la fragrance contenait une fausse note. C'est moi ou je sens cette fille sur toi ? La poigne de Rey sur son col ne se desserra pas.

— Tu comptes discuter ou me prendre de force ? L'un ou l'autre, je n'ai aucune objection.

Rey le lâcha et recula précipitamment. Rudy se massa l'épaule.

— Tu n'y es pas allé de main morte.

En face, il n'eut que de la colère brute. L'entrée des sanitaires attira soudain son attention. Un individu en costume Gilano était passé devant les battants qui revenaient sur leurs gonds.

— Ce n'est pas un lieu pour discuter..., commença-t-il.

Mais Rey ne décolérait pas. Intimidé par son regard noir, Rudy se fit violence et alla glisser la tête dans l'entrebâillement de l'une des portes.

— Je crois qu'on me suit, dit-il en scrutant le fond du couloir.

Ça doit être la personne qui n'a pas arrêté de m'épier. Ou peut-être qu'il était vraiment parano. Mais au bout du couloir, disparaissait la chevelure d'un individu, coiffée en catogan. Le doute persista tout de même. En attendant, une cocotte-minute était sur le point d'exploser dans son dos. Rudy se tourna vers Rey, toujours figé dans son ire. Il sortit une clé magnétique de la poche interne de sa veste et la posa sur le plan en marbre, dans lequel s'encastraient trois lavabos design.

— Si tu veux qu'on discute, sers-t'en.

Sans attendre la réplique de Rey, il quitta la salle d'eau. Au comble de son courroux, Rey saisit la clé, puis la reposa au milieu du plan en marbre, le nom de l'hôtel et le numéro de la chambre bien en évidence. C'était « cadeau ». Quiconque voulait se servir était bienvenu !

Lorsqu'il quitta les sanitaires, ses jambes le conduisirent au parking. Direction : Four Seasons Hotel, Milan. Destination : suite « deluxe » N° 4. Il avait la clé dans la poche gauche de son pantalon.

Soit. Ils allaient discuter. C'est ça, Rey, continue à te mentir. Faire palabre n'était pas ce qui lui passait par la tête à cet instant. Son premier cerveau ayant démissionné depuis belle lurette, il fonctionnait avec le second. L'apparition homérique, en costume blanc et look aussi dandy que son maudit paternel, n'était venue que pour le tenter. Suivre le conseil d'Oscar Wilde semblait de plus en plus alléchant. Le meilleur moyen de résister à la tentation : y céder.

Sa colère ? Elle tenait plus du fait d'avoir vu Rudy parader et distribuer des sourires gratuits, sous son nez, à des gens qui ne le méritait pas. Lui n'avait même pas eu droit à un regard. Le supplice avait atteint son comble, comme il discutait avec Dean, ou plutôt « marchandait » sa vie.

Non content de l'humilier, ce beau salaud n'avait rien raté du comportement de son fils et se payait le luxe de le commenter, amusé.

— Il gagne vraiment en prestance, dans un costume. Ça le grandit. Il devrait en porter souvent, au lieu de son look « rock fashion bigarré » à la Red Kellin. N'es-tu pas d'accord avec moi ?