S04 - EP 30 ✦ part VII

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ÉPISODE 120 - (partie 7/13)

Ne pouvant en placer une, Jonathan s'exhorta à la patience. Puisque Dean aimait s'entendre parler, ou se plaisait à extérioriser sa colère, il lui accorderait ce caprice. Son cousin couvait sans doute une frustration. Sexuelle, songea-t-il. Quoi, on ne te baise pas assez, Dean ? L'expérience avait appris à Jonathan à taire certaines de ses pensées face à homme violent. Mais Dean devina probablement la nature de sa raillerie mentale, pour que s'opère un changement d'attitude. Malgré sa raideur, il adopta soudain un ton calme.

— Jonathan, nous savons que ce n'est pas en deux jours que mon fils appréhendera le fonctionnement de White Park©.

— Merci pour ta confiance ! bougonna Rudy.

Dean soupira.

— Ce n'est pas ainsi qu'il faut me comprendre, fiston. Cela aurait été leur objectif, à Vince et lui, ils t'auraient invité à faire un stage durant tes vacances d'hiver ou d'été. Pas un jour de suractivité, pour cause de fêtes de fin d'année.

Mais Rudy croisa les bras, boudeur.

— D'abord, j'ai pas dit que ça m'intéressait pas. Au contraire, je trouve fascinant le mécanisme de cette cash machine. Le travail de dingue, derrière, est juste admirable. Mais ce serait plus fun, si je pouvais aussi voir comment le staff de White Park© gère le concert des Beat'ONE en coulisses.

Il jouait un peu la comédie. Inutile de mettre la puce à l'oreille perspicace de son père, sur ses projets avec White Enterprise©. Mieux valait passer pour le Holy Sucker frustré de travailler sur le même terrain que ses stars préférées, sans pouvoir interagir avec elles, que pour l'héritier en pleine formation.

Jonathan échoua à ravaler un grognement. Force lui était de constater que Vince avait encore eu un temps d'avance, en analysant la psyché de Rudy sans l'avoir mis à l'épreuve. À moins qu'il anticipât surtout la réaction de Dean, se ravisa Jonathan. Il aurait suivi les instructions de son oncle, en rendant la tâche « fun » à son filleul, son cousin ne se serait pas pointé. Parce que bébé Rudy n'aurait pas chouiné auprès de papa Dean. Irrité par sa conclusion, Jonathan cracha :

— Cessons d'être prévisibles, voulez-vous ? Vince s'attendait à cette réaction de votre part. La dernière chose que je veux est son intervention dans ce qui n'a pas lieu d'être un litige. Tu peux récupérer ton chiard, Dean.

Rudy lui lança un regard mauvais. Il toisa le gamin avec hauteur, et s'assura que son dard atteigne sa cible :

— Mais s'il doit appeler « papa » à l'aide, face à l'ampleur de la tâche dans le but de fuir ses responsabilités, il ne saura jamais mener à bien un white project.

Rudy se mordit la lippe, touché par le camouflet. Satisfait, Jonathan acheva sa seconde cible :

— Je suppose que ton fils a de qui tenir, glissa-t-il à son cousin.

Dean serra les poings. Ce couillon pouvait parler ! Le sommeil de Jonathan n'avait jamais été hanté par les plaintes désespérées, les regards haineux, de pères et mères de famille, les anathèmes de jeunes et vieux employés devenus chômeurs du jour au lendemain, sans espoir de réembauche par la société qui phagocytait leur start-up. Un embryon Leblanc glouton venu boulotter leur gagne-pain sans crier gare.

White Park© avait appris des erreurs de White Curl© et reposait sur une base saine ; autant que pouvait l'être un système capitaliste. Trop d'oreilles étrangères interdirent à Dean de répliquer. Il ne gagnerait rien à ternir la « sainte » image de Jonathan auprès de ses subordonnés ; subalternes qui le dévisageaient de leurs yeux ronds. Ceux-là venaient de percuter qu'il était le père de Rudy et non son frère.

HOT CHILI - saison 4 ▄ PARTIE IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant