ÉPISODE 120 - (partie 6/13)
— Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda Bill.
Rudy sut qu'il avait mal dissimulé sa contrariété, en rejoignant ses amis devant l'ascenseur à leur étage.
— Mon parrain vient de m'appeler. Il m'attend dans les bureaux de White Park©.
— On peut venir ? s'enquit Marine, enthousiaste.
— S'il a dit « bureaux », je doute que ce soit pour faire mumuse, souligna Junior.
Inquiets, les Darneyens étudièrent Rudy. Celui-ci dissimula son malaise. Jonathan avait été clair : il ne pouvait pas n'en faire qu'à sa guise.
— Il a été établi que tu dois savoir comment fonctionne les succursales de White Enterprise©. Aux dernières nouvelles, ce n'est pas moi qui me revendique « héritier ». Raye de ta liste ce que tu as prévu cette journée avec tes copains. Tu traîneras dans mes pattes.
Rudy avait alors compris que la famille connaissait sa géolocalisation. Quelqu'un avait cafté, ou bien sa transaction à l'hôtel apparaissait sur les radars Leblanc. Le pistait-on avec sa carte MIP ? Tandis que la pensée lui arrachait un frisson, Jonathan, irascible, continuait de ruminer :
— Ton grand-père a dû tomber sur la tête, au saut du lit, pour m'obliger à te babysitter. Mais les ficelles du métier ne s'acquièrent que sur le terrain, alors fais diligence. Je suis overbooké.
Rudy aurait aimé l'envoyer paître. Malheureusement, Vince le tenait par des obligations. Qui savait ce qu'il ferait à Rey en rétribution à sa rébellion ? Plus les jours passaient, la raison pour laquelle il endossait cette destinée d'héritier devenait floue. Tout s'imbriquait. Le seul point certain : il devait apprendre. Présumer de ses capacités par amour-propre relèverait de la stupidité.
Regimber à cause de l'ardeur de la tâche était aussi exclu, quand on voulait les rênes du cheval de bataille Leblanc. Le trône de cet empire lui reviendrait, et ce clan imbu de pouvoir se repentirait de le sous-estimer, de menacer les siens. Bien entendu, il restait l'homme de son père. Il ne trahirait pas ce dernier, même si lui taire la tournure des évènements s'y apparentait. Dean ne serait pas content de lui. Hélas, les dés étaient jetés.
— Je suis désolé, ce sera sans moi aujourd'hui.
L'annonce ne fut pas accueillie avec stoïcisme. Les uns râlèrent, les autres se montrèrent curieux, mais l'inquiétude l'emportait.
— Tu seras quand même là, pour le concert ? s'enquit Timothy.
— Je ne le louperai pour rien au monde. Et c'est demain. Tonton Nat ne va quand même pas me retenir deux jours, marmonna-t-il pour lui-même.
Au rez-de-chaussée, un voiturier vint le quérir.
— Mr Rudy Leblanc ? Vous êtes attendu.
Il haussa les épaules face à la mine grave ou interrogatrice de ses amis.
— Je vous fais signe dès que je suis libre.
Mais Rudy ne trouva jamais le temps ni le loisir de le faire. Sa journée s'apparenta à un stage, à la fois intensif et express, d'immersion dans l'univers de White Park©. Suivi d'une escorte assurant sa protection ou relayant ses instructions, son parrain le balada, tantôt en golfette tantôt en gyropode, de la direction des hôtels White H&R inclus dans le périmètre du parc à thème, au pôle de sécurité.
Il assista Jonathan durant le briefing des managers de différentes équipes : le staff de maintenance – principalement celui des attractions à gros budgets et celles à hauts risques –, l'équipe chargée de l'animation, la régie du son, des jeux de lumières et jeux aquatiques... Tout en débitant par intermittence des ordres à son oreillette Bluetooth, Jonathan gardait un œil et probablement une oreille sur chaque aspect du système.
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HOT CHILI - saison 4 ▄ PARTIE II
Romance. Quand le rock se marie au classique, les Beat'ONE font des rencontres bénéfiques à l'évolution de leur carrière. Mais l'une d'elles semble vue d'un mauvais œil par Dean, qui pressent des complications pour son couple. ...